Relance économique : Au-delà des plans, quid de la méthode ?

Relance économique : Au-delà des plans, quid de la méthode ?

Dans son discours du Trône du 29 juillet 2020, le roi Mohammed VI a annoncé que le Maroc mettrait en place un système complet de sécurité sociale au cours des cinq prochaines années, avec une assurance maladie, des pensions et des indemnités de chômage le plus étendu possible. En outre, le Maroc s’est lancé dans un vaste programme de financement public de pour la relance économique.

Ces décisions surviennent dans un contexte très tendu où les finances publiques sont secouées par une forte demande sociale, à côté d’un vaste programme de soutien destiné aux entreprises notamment les TPE/PME.

De cette dynamique, le gouvernement tente d’élaborer un projet de loi de finances, qui aujourd’hui est plus que compliqué en raison de la pandémie du coronavirus avec les conséquences économiques.

Mais dans l’engagement du gouvernement, il est noté un certain volontarisme pour endiguer le virus et ses conséquences économiques. Si cet engagement est réel et sincère, il faut plus pour réussir. Il faut une méthode.

Les hypothèses arrêtées pour l’élaboration du budget de l'Etat pour 2021 se basent sur une croissance fixée à 5,4%, un prix du gaz butane à 350 dollars la tonne et une campagne céréalière moyenne de 70 millions de quintaux, a indiqué une lettre de cadrage du projet de loi de finances pour 2021, adressée aux différents départements ministériel par le chef de gouvernement Saadeddine Elotmani.

Sur la base des orientations de la lettre de cadrage, les dotations financières pour les secteurs ministériels ont été fixées. Elles portent sur les dépenses de matériels et d’investissement, détaillées de chaque département dans un document joint à la lettre de cadrage. En outre la circulaire insiste sur la nécessité de lancer en urgence, une réforme en profondeur du secteur public, et le traitement des déséquilibres structurels des EEP, afin de parvenir au plus haut degré d’intégration dans leurs tâches et d’accroître leur efficacité économique et sociale.

« Le gouvernement veillera à la mise en oeuvre rapide de la généralisation de la couverture sociale à tous les Marocains qui est un chantier annoncé par SM le Roi Mohammed VI dans le discours du Trône. Ce chantier permettra de généraliser de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et des allocations familiales, avant de l’étendre aux autres couvertures sociales que sont la retraite et l’indemnité pour perte d’emploi », indique cette circulaire, précisant que ce processus s’étalera sur les cinq prochaines années et


ce, à partir de 2021.

Période très volatile

Aujourd’hui, plusieurs experts économiques s'attendent à une normalisation en début de 2021. Par contre, les analystes pessimistes prévoient à une phase de reprise au second semestre.

Selon le rapport du Haut Commissariat au Plan (HCP) les principaux résultats de l’économie en 2020, ainsi que ses perspectives pour l'année 2021, l'économie nationale connaîtra une grave récession de 4,9% en raison de l'impact drastique de la pandémie en 2020. La croissance économique mondiale devrait changer d'environ 5,4% en 2021, soutenue par une relance budgétaire significative et un assouplissement monétaire continu.

Le commerce mondial, qui s'est déjà affaibli en 2019, devrait être son total et reculer de 11,9%, s'arrêtant de 8% avant 2021, selon le bilan du HCP. Dans l'immédiat, le prix du pétrole tombera à 36,18 USD / baril cette année et 37,45 USD / baril en 2021 contre 61,4 USD / baril en 2019.

Selon HCP d’autres points assombrissent les perspectives économiques du royaume entre autre :

 La demande intérieure sera négative de 4% en 2020;

Produit intérieur brut (PIB) devrait enregistrer une décroissance de 5,8% et le taux de chômage est de 14,8% ;

Un déficit budgétaire de 7,4% et un taux d'endettement public de 74,4%,

Moins de recettes publiques en raison d'une urgence sanitaire ;

Dans le secteur du tourisme, par exemple, les craintes et les incertitudes mondiales font que l'on peut s'attendre à une production à un rythme d'escargot vers la normalité. En ce qui concerne les activités d'exportation également, les attentes sont plus prudentes. Les entreprises sont dépendantes de la reprise des pays clients, notamment des économies européennes. D'autre part, les fournisseurs de services marocains commenceront la phase d'assouplissement après la levée rapide de toutes les restrictions.

Etroitement liée au commerce international, grâce aux accords de libre-échange, l'association marocaine des exportateurs, l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) s'attend à de graves pertes à l'exportation - en particulier, mais pas seulement, dans les industries automobile et textile.

Compte tenu de tous ces facteurs, le gouvernement devra batailler fort afin de préserver les équilibres macroéconomiques, mais surtout faire à la demande sociale de plus en plus prégnante.

A côte de tous ces aspects, le Maroc s’est engagé dans une dynamique d’endettent qui plus tard risque de pousser à un ajustement structurel dont personne ne veut entendre et pourtant, il faut le prévoir. Et pour éviter un éventuel plan d’austérité, il faudra allier efficacité, célérité et surtout méthode.

Mouhamet Ndiongue