Les experts-comptables plaident pour le financement des entreprises en difficulté
Le président du Conseil national de l'Ordre des Experts-comptables (OEC), Amine Baakili, a souligné, vendredi 22 mai lors d'une visioconférence, l'importance de réorienter les capacités de financement vers les entreprises en difficulté, en vue de préserver le tissu économique national après la crise du nouveau Coronavirus (Covid-19).
« Il faut anticiper qu'un nombre très important de sociétés, notamment les PME et les PMI auront du mal à s'en sortir de la crise actuelle », a affirmé M. Baakil qui s'exprimait lors d'un webinaire organisé par l'OEC, en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), sous le thème « la relance économique post Covid-19 », relevant que la préservation du tissu économique impliquera des financements très importants et donc une réorientation des capacités de financements vers les entreprises en difficulté.
Après avoir noté que les mesures financières d'urgence et les mécanismes de soutien mis en place par le gouvernement ont permis de réduire le choc engendré par l'arrêt brutal de l'économie, le président du Conseil national de l'OEC a appelé à mettre en place d'autres dispositifs alternatifs qui permettront de répondre à la problématique de financement, en particulier pour les entreprises en difficulté.
« Je pense notamment aux marchés financiers qu'il faut redynamiser, aux banques qui doivent participer de manière active à cet effort de financement », a t-il précisé, ajoutant que l'Etat peut également réfléchir à renforcer ses participations financières dans les entreprises stratégiques en difficulté, même d’une manière temporaire, et à encourager le recours à des moyens financements alternatifs, dont le Crowdfunding, à travers des mesures fiscales appropriées.
Au sujet de la Loi de Finances rectificative, M. Baakili a indiqué que son élaboration sera « une tâche difficile, faute d'hypothèses fiables, d'autant plus que les effets du Covid-19 changent de manière régulière la donne ».
Cette loi de finances permettra de sauver l'économie nationale à travers des actions de relance, a t-il dit, estimant qu'elle va probablement intégrer les mesures fiscales prises par le Comité de veille économique, et réaménager les délais des amnisties, comme elle doit clarifier les sujets tels que les délais de droit commun qui ont été reportés pour un certain nombre d’entreprises.
Elle devrait également comprendre certaines
mesures pour encourager l'investissement et aider les entreprises à sortir de cette crise, et ce notamment par la recapitalisation par fonds propres des entités en difficulté à travers une revue de la philosophie et le fonds des amnisties qui ont été contenus dans la loi de finances de 2020, a t-il ajouté.
De son côté, le président du patronat, Chakib Alj, a indiqué que la CGEM a proposé sept mesures phares pour le plan de relance paramétrables selon le secteur et le degré/durée de l’impact de la crise engendrée par la pandémie du nouveau coronavirus, à savoir « la gestion de la masse salariale », « l’extension de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) » et le « maintien et de la priorisation des investissements et des achats publics ».
Il s'agit également, selon le président de la confédération patronale, « des politiques d’achats publics et une orientation vers le contenu local », « des dettes de long terme conditionnées », « de mécanismes pour la reconstitution des fonds propres » et « d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) incitative à la demande et lutte contre l’informel ».
« Pour la CGEM, la relance doit s’inscrire dans le cadre d’un nouveau pacte entre l’État, le citoyen et les entreprises, dont les mots d’ordre seraient la confiance, la transparence, l’efficacité et l’inclusion », a-t-il poursuivi.
Il a, en outre, rappelé les principales conclusions de l’enquête lancée par la CGEM pour évaluer l’impact de la crise induite par le Covid-19 sur l’activité économique, relevant, dans ce sens, que les résultats de cette enquête ont été plutôt alarmants dans le sens où les entreprises sont extrêmement inquiètes sur l’avenir de leurs activités.
En effet, 63% des entreprises questionnées ont demandé au moins un report d’échéance (bancaire, fiscale, sociale), tandis que 23% des répondants ont demandé 3 reports en même temps, a t-il fait savoir, notant que les entreprises sondées craignent également la perte de près de 56% de leurs effectifs.
Certes cette crise est inédite, toutefois elle constitue une occasion pour « remettre en question toutes les choses qui ne fonctionnaient pas avant. J'espère qu'on va redémarrer avec une vision beaucoup plus positive, claire et dynamique et nous avons tous les atouts pour réussir », a conclu M. Alj.