AMIAG: Les intolérants au gluten par temps de confinement
- --
- 15 mai 2020 - 20:53 --
- Bref
La maladie cœliaque (MC), mieux connue sous l’appellation d’intolérance au gluten, une protéine contenue dans les céréales (blé, orge, seigle…), est une maladie auto-immune, plutôt féminine, où le système immunitaire attaque la paroi de l’intestin grêle induisant des dommages et des troubles de l’absorption du fer, du calcium, et des vitamines et de multiples autres complications.
La Journée Mondiale de la Maladie Cœliaque, le 15 mai, est l’occasion de faire le point avec l’Association marocaine des intolérants et allergiques au Gluten (AMIAG), et notamment avec sa présidente Mme Jamila Cherif Idrissi, sa vice-présidente, le Dr Khadija Moussayer, et Mme Khadija Bentaleb, sa secrétaire générale, sur la façon dont les intolérants au gluten vivent ce confinement d’autant plus que le seul traitement de la maladie repose sur un régime alimentaire sans gluten (RSG) très strict. Son application demeure toujours difficile en temps ordinaire du fait de l’absence d’un étiquetage obligatoire sur la présence du gluten, alors que ce nutriment est présent dans la plupart de produits très divers et souvent insoupçonnés (médicaments, rouge à lèvres, dentifrice, colle, bonbons, sauce à salade, plats cuisinés…).
Un confinement entre course aux produits de base et solidarité avec les plus démunis
Précisons d’abord qu’Il n’existe aucun risque augmenté pour les malades cœliaques face au coronavirus. Les recommandations sont les mêmes que celles délivrées à la population générale. Concernant les enfants, aucune donnée ne fait craindre une fragilité particulière.
La première inquiétude dans ces familles est de pouvoir continuer à se nourrir en toute sécurité en cas d’hospitalisation à la suite d’une contamination, pour soi-même ou pour un proche ou un enfant.
Les patients ne sont ensuite malheureusement pas tous logés à la même enseigne pour leur approvisionnement en produits sans gluten, qui rappelons le peuvent être jusqu’à dix fois plus chers que les aliments « normaux » ! Les cœliaques vivant dans les grandes villes peuvent bien les trouver effectivement, mais souvent loin de leurs domiciles car ils ne sont pas disponibles dans toutes les surfaces et sont concentrés dans certains magasins spécialisés. L’autorisation de déplacement dérogatoire ne permet pas toujours de circuler jusqu’à ces magasins, alors qu’en plus un prix devenu exorbitant de certains produits, dans tel ou tel magasin proche, pousse ces mêmes familles à essayer de s’approvisionner à moins cher mais beaucoup plus loin chez des grossistes ou semi-grossistes. Ne parlons pas de ceux qui vivent dans des lieux plus reculés, comme des petites
villes ou la campagne, où l’approvisionnement est devenu une « mission impossible ».
Beaucoup de personnes ont de plus perdu actuellement leur emploi ou bien reçoivent une subvention de l’Etat qui ne leur permet même pas de couvrir les frais de ces produits. Face à cette situation, l’AMIAG s’est mobilisé pour collecter de la nourriture et distribuer déjà des « paniers » de produits sans gluten à une centaine de familles nécessiteuses. D’autres actions sont en préparation. Au total, beaucoup de ces familles espèrent maintenant sortir de ce confinement rapidement car leur situation n’est plus tenable.
Des manifestations peu claires et déroutantes
Cette affection est difficile à diagnostiquer à cause de ses multiples manifestations. D’une affection de nourrissons et d’enfants en bas âge et dont les signes typiques se limitent à l’appareil digestif (diarrhées, vomissements, état irritable, cassure de la croissance), la maladie cœliaque est devenue ces dernières décennies une pathologie de l’adolescent et de l’adulte et dont les manifestations sont très étendues. Des douleurs articulaires, une ostéoporose, des anémies, des fausses couches à répétition, des aphtes buccaux, une dermatite ou même encore des maux de tête, une fatigue chronique, une anxiété, une dépression …constituent le large spectre clinique de la maladie. Elle peut d’ailleurs rester plus ou moins « silencieuse » pendant des années tout en poursuivant un travail de destruction sur l’intestin et d’autres organes.
Une maladie trop peu diagnostiquée
De ce fait, la maladie cœliaque chez l’adulte est bien souvent découverte au stade de complications. On estime d’ailleurs que le délai de sa mise en évidence est de 13 ans et que, pour chaque cas détecté, en particulier chez l’adulte, 8 resteraient ignorés.
Le diagnostic de la maladie cœliaque repose sur la recherche de substances particulières, responsables d’attaques sur l’organisme et appelées auto-anticorps (les anti-transglutaminases) et sur la découverte d’une atrophie des replis de la paroi intestinale (les villosités) après la réalisation d’une biopsie duodénale.
Au Maroc, la maladie cœliaque reste encore peu connue malgré qu’elle atteigne environ 1% de la population. Le Maroc est d’ailleurs parmi les pays les plus touchés par la maladie cœliaque. Une étude effectuée en 1999 par l’OMS avait ainsi montré un taux très élevé très élevé de 5,6 % de personnes atteintes au sein des populations Sahraouis du sud du Maroc. Il existe aussi une forte prédisposition génétique à la maladie et les membres de la même parenté sont touchés dans 10 % des cas.