Tourisme : la demande intérieure pour atténuer le déficit

Tourisme : la demande intérieure pour atténuer le déficit

La pandémie de Covid-19 et les effets de la sécheresse devraient avoir un impact négatif sur l'économie marocaine à moyen terme, qui va subir une récession cette année, la première depuis plus de deux décennies. Selon la Banque mondiale, le PIB réel devrait reculer de 1,7% en 2020. Les perspectives économiques du pays restent soumises à d'importants risques de baisse à force que la pandémie dure.

La pandémie a permis au Maroc sous l’impulsion du Roi de déclencher un certain nombre de mesures radicales et préventives pour contrer les conséquences du Covid-19. D'autres mesures ont été prises pour limiter les interactions sociales. Un comité de veille économique, présidé par le ministre de l'Économie, a été mis en place pour évaluer l'impact de Covid-19 sur l'économie et adopter des mesures d'atténuation pour soutenir les segments de l'économie concernés. Le roi Mohammed VI a ordonné la création d'un fonds de 10 milliards de dirhams pour moderniser les infrastructures de santé, soutenir les ménages vulnérables et aider les secteurs économiques touchés par la crise.

Quid du tourisme ?

Le tourisme l’un des secteurs les plus touchés perdra plus de 138 milliards de dirhams entre 2020 et 2022 en raison de la crise Covid-19, a révélé une étude de la Confédération nationale du tourisme (CNT ).

Dans un rapport publié a22 avril, la confédération a suggéré un plan de relance du tourisme marocain qui nécessiterait un investissement de 1,7 milliard de dirhams.

L'industrie du tourisme au Maroc a complètement suspendu toutes ses activités depuis la mi-mars, lorsque le pays a décidé de fermer toutes les routes aériennes, terrestres et maritimes internationales.

La CNT prévoit que la situation actuelle se poursuivra jusqu'en décembre 2020 et que le tourisme commencera à se redresser progressivement d'ici avril 2021. Par ailleurs, la CNT a proposé un plan de relance articulé autour de trois axes principaux: maintien de la chaîne de production, maintien des emplois et maintien de la compétitivité.

Le budget requis du plan de 1,7 milliard de dirhams comprend 1,2 milliard de dirhams pour préserver le tourisme marocain et 500 millions de dirhams pour le repositionner sur


le marché mondial.

Selon les prévisions de la CNT, le plan pourrait permettre de réduire les pertes du secteur de plus de 46 milliards de dirhams (4,61 milliards de dollars) au cours des deux prochaines années.

Pour rappel, le tourisme est le deuxième contributeur à l'économie marocaine, représentant 11% du PIB. Le soutien au secteur revêt donc une importance cruciale.

Rien qu'en mars, le Maroc a perdu 100 000 touristes en raison des craintes de COVID-19 et de la suspension des vols internationaux.

Alors que près de 13 millions de touristes ont visité le Maroc en 2019, CFG Bank a prédit au début du mois une perte de 39% d'au moins cinq millions de touristes en 2020.

Cibler la demande intérieure d’abord

Après les pertes financières importantes enregistrées en raison de la crise sanitaire du covid-19, l’Office national marocain du tourisme (ONMT) veut relancer le tourisme au Maroc en tablant sur la demande intérieure.

Selon L’Économiste, le management de l’Office compte sur la carte du tourisme interne, en attendant la reprise normale des activités touristiques. Pour réussir ce challenge, le quotidien recommande que les professionnels du tourisme, et particulièrement les hôteliers, revoient toute leur politique tarifaire et concoctent un tarif préférentiel pour les nationaux. Il faut « éviter de considérer le tourisme interne comme la 5e roue du carrosse auquel l’on ne s’intéresse que lorsque la conjoncture internationale est mauvaise », déplore la même source.

Considéré souvent comme un « bouche-trou », le tourisme domestique ne représente que 30 % des arrivées hôtelières en « l’absence d’une réelle politique sur la durée, le prix et l’offre ».

À cet effet, une campagne #3lamantla9aw a été lancée. Elle vise à « mettre en avant les ressources humaines qui construisent l’image du Maroc, et mobiliser tout le secteur du tourisme. Elle entend également impliquer tous les Marocains, les personnes référentes, les influenceurs et, enfin, sensibiliser au "made in Morocco" en alimentant cet état d’esprit qui contribuera à soutenir l’industrie pendant, et surtout après la période de crise ».

L’autre condition pour la réussite de ce changement, est l’adoption des gestes barrières par les hôtels afin de rassurer le touriste domestique.

Mouhamet Ndiongue