A l’approche du Ramadan, l’agriculture tourne à plein régime
A moins d’une semaine du Ramadan, le mois sacré où les rites de consommation se voient complètement chamboulés, l’approvisionnement des marchés du Royaume en produits agricoles et d’origine animale va bon train et rien ne laisse présager une quelconque pénurie ou flambée de prix, en dépit du contexte inédit de la pandémie et les mesures de confinement sanitaires qui rythmeront les journées du jeûne des Marocains.
Une simple tournée dans les Souks et les marchés de proximité, donne à voir une large sélection de fruits et légumes, disponibles en abondance et à des prix largement abordables, laissant place à un sentiment de quiétude et d’assurance quant à la régularité du ravitaillement en ces produits, omniprésents dans le régime alimentaire des Marocains.
C’est au crédit d’une mobilisation sans faille dont ont fait montre tous les maillons du secteur agricole national que l’on doit porter une telle stabilité au niveau de l’offre agricole, en cette circonstance aussi délicate qu’inédite. Dès les premières prémices de la crise sanitaire actuelle, les autorités compétentes n’ont pas manqué de rassurer les citoyens quant à la continuité des approvisionnements en produits agricoles, d’autant plus que la demande y afférente monte en flèche au cours du mois sacré.
« Le marché national sera approvisionné suffisamment en produits agricoles et alimentaires et les prix resteront stables au cours du mois de Ramadan », a tenu à assurer, récemment, le ministère de l’Agriculture de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts.
Pour ce qui est des légumes, le marché reste bien approvisionné à partir des cultures primeurs. Compte tenu de la bonne conduite du programme d’assolement des cultures légumières, la production issue des récoltes hivernales couvre nettement les besoins de consommation pendant les mois d’avril et mai, qui coïncident avec le mois de Ramadan, selon le département de l’Agriculture.
Quant à la tomate, un fruit très prisé en ce mois sacré, la production couvre largement les besoins de consommation, estimés à 90.000 tonnes avec une disponibilité estimée à 120.000 tonnes pour ce même mois.
Pour les oignons, cette période de l’année coïncide avec le début de commercialisation de l’oignon frais, ce qui permettra un approvisionnement régulier du marché et une couverture des besoins de ce mois, estimés entre 80.000 et 90.000 tonnes. Les prix pratiqués au détail depuis fin mars montrent une stabilité dans la limite de 4 DH.
A l’exception des oranges dont les prix restent relativement supérieurs à l’année précédente, principalement à cause de la baisse de la production agrumicole, les autres fruits comme les pommes et les bananes, affichent un niveau de disponibilité très satisfaisant et des niveaux de prix stables. La diversité des fruits s’élargit en cette période et les mois prochains avec l’arrivée de la production, notamment des différents fruits rouges, des pastèques, des melons et des rosacées (pêches, prunes, abricots).
S’agissant des légumineuses alimentaires, le marché national est approvisionné principalement des stocks, qui sont à un niveau qui couvre les besoins du mois de Ramadan. Les légumineuses les plus utilisées durant ce mois sont les
lentilles et les pois chiche qui affichent une stabilité dans les prix et se situent à des niveaux raisonnables.
Pour le sucre, le ministère fait état d’une situation confortable des stocks et d’un bon démarrage de la campagne sucrière 2020. Les stocks disponibles couvrent 3,5 mois de consommation, sans compter la production en cours de la nouvelle campagne sucrière 2020.
Concernant les huiles alimentaires, le bilan prévisionnel de l’activité industrielle révèle un niveau d’approvisionnement normal du marché national en huiles végétales de table pour les trois prochains mois y compris le mois de Ramadan.
Pour les dattes, ce fruit qui s’invite à chaque rupture du jeûne aux tables de tous les Marocains, l’approvisionnement du marché national en ce produit de grande consommation durant le mois sacré, sera assuré principalement par les stocks issus de la production nationale et les importations, sachant que la consommation moyenne lors de ramadan se situe entre 35 et 40 milles tonnes, un besoin largement couvert par les stocks. Le suivi rigoureux des prix mené actuellement montre que les prix restent contenus à leurs niveaux habituels, soit 20 à 40 Dh/kg pour les variétés de qualité intermédiaire les plus consommées.
Les consommateurs n’ont pas à se soucier non plus de l’offre en produits d’origine animale qui sera également disponible en quantités suffisantes et à des prix stables pendant le mois de Ramadan.
La production laitière prévisionnelle pour Ramadan devra dépasser les 110 millions de litres pour une demande estimée à 100 millions de litres, grâce aux unités de production laitière continuent leur activité à un rythme normal, malgré le contexte sanitaire actuel.
Pour les dérivés laitiers, notamment le beurre, la consommation moyenne mensuelle se situe à 1.200 tonnes et celle du mois de Ramadan peut atteindre 1.500 tonnes, soit 25% de plus. Ces besoins seront largement assurés par les stocks constitués de la production nationale et du beurre importé.
Pour ce qui est des viandes, la quantité de viandes rouges disponible (bovines, ovines et caprines) est suffisante pour couvrir les besoins de consommation nationale de ces produits pendant le mois de Ramadan. Concernant l’offre en viandes blanches, elle est estimée à plus de 50 mille tonnes par mois et celle des œufs à 600 millions d’œufs, des niveaux qui couvrent largement les besoins de consommation à des prix stables.
Le secteur agricole confirme ainsi sa résilience face à la pandémie et aux risques qu’elle fait planer sur les chaines d’approvisionnement, ainsi que devant une situation de faible pluviométrie qui impacte négativement la campagne agricole actuelle. Un déficit pluviométrique couplé à des températures inhabituellement élevées mettent la récolte céréalière et le taux de remplissage des barrages sous pression.
En soutien aux éleveurs touchés, le ministère de l’Agriculture fait état de la mise en place d’un programme de sauvegarde du cheptel consistant en la distribution de 2,5 millions de quintaux d’orge subventionné pour un prix fixe de 2dh/kg pour palier au déficit pluviométrique très important qui réduit l’apport des parcours de jachère et des cultures fourragères pour couvrir les besoins alimentaires du cheptel national.