Le coronavirus accentue les faiblesses sociales et macroéconomiques (S&P Global)
L'agence américaine de notation S&P Global a estimé dans un rapport publié le 18 mars 2020, que les incertitudes quant au temps qu'il faudra pour écarter la menace de la pandémie actuelle du Coronavirus (Covid-19) accentuent les faiblesses de plusieurs pays africains, déjà fragiles sur le plan social et macroéconomique.
« La détérioration prononcée des conditions de financement pourrait nuire aux pays africains ayant un déficit courant élevé et une dépendance à l'égard des flux de capitaux extérieurs pour le financement », a déclaré Mohamed Damak, analyste de crédit chez S&P Global Ratings. Ainsi les pays qui ont une masse significative de dette en devises internationales ou ceux qui ont besoin des revenus extérieurs selon les plus touchés.
Trois principaux canaux d'impact des conséquences économiques négatives liées au Coronavirus ont été identifiés dans le rapport. En impactant sur la croissance mondiale, la pandémie affecte les prix des matières premières. Dans le secteur du cuivre par exemple, le repli de la croissance en Chine s'est traduit par une baisse des prix. Une situation qui sera surveillée de près par la République Démocratique du Congo (RDC) et la Zambie, principaux producteurs de ce minerai sur le continent.
Le deuxième canal de transmission est celui du secteur touristique. Plusieurs pays d'Afrique ont pris la décision de fermer leurs frontières à l'entrée des non-résidents,
avec un risque sur les revenus du tourisme, soit d'affaires, soit de loisirs. C'est le cas notamment de l'Afrique du Sud, du Maroc, ou encore de l'Algérie, pays où les recettes du tourisme peuvent atteindre 15% du total des exportations. Ce risque est d'autant plus prononcé que le gros des touristes de l'Afrique vient d'Europe, le nouvel épicentre du Covid-19.
Le dernier canal sera celui de la difficulté d'accéder au marché international des capitaux. En Afrique du Sud et au Nigeria, on a déjà vu les cours boursiers plonger. Les données de marché suggèrent un départ non négligeable des investisseurs en portefeuille. Ce risque est assez prononcé pour le Nigeria, dont la stabilité de la monnaie dépend en partie des investissements étrangers dans les obligations du Trésor public local.
Rappelons que plus de 25 pays africains ont déjà signalé la découverte des cas de Coronavirus à l’intérieur de leurs frontières. Pour la plupart ces cas ont été importés avant de très faiblement se transmettre à l’intérieur. Pour l’instant un seul cas de décès a été signalé. C’est celui d’une parlementaire basée au Burkina Faso.
La plus grande inquiétude des analystes repose sur le fait qu’une éruption de la maladie comme en Europe, ferait des ravages en raison d’un système de santé publique fragile dans beaucoup de pays de la région.