Attijariwafa : Mohamed Kettani et sa grande politique pour la petite entreprise

Attijariwafa : Mohamed Kettani et sa grande politique pour la petite entreprise

Lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire en octobre dernier, le roi Mohammed VI avait apostrophé les banques et leur avait enjoint de plus et mieux s’occuper des TPME. Deux mois plus tard, la 1ère banque nationale Attijariwafa Bank a « rendu sa copie », avec la mise en place, ou plutôt l’amélioration et la rationalisation de sa politique TPME. C’est le président Mohamed Kettani qui était à la manœuvre pour exposer les choses.

Le gotha et le gratin des médias nationaux, tous types, étaient là, côtoyant une partie des (très) hauts cadres de la banque, avec des influenceurs venus à titre individuel pour un déjeuner au siège. même d’Attijariwafa Bank. Pas d’ostentation, de la simplicité, cette simplicité dont a fait montre Mohamed Kettani qui a parlé sans discontinuer une heure et demi durant, une heure d’exposé et d’explications et une demi-heure d’interaction avec ses invités.

Mohamed Kettani est l’un des très rares banquiers du pays à être parfaitement à l’aise en arabe ou en français, mais qui laisse éclater sa spontanéité dans notre belle darija qui s’y prête si bien. Il est aussi un dirigeant de mastodonte national et continental (Attijariwafa Bank est la 6ème banque d’Afrique) qui sait se passionner pour les petites entreprises et pour les gens qui les conduisent, ainsi qu’il l’a montré à plusieurs reprises.

Il a deux excellentes raisons pour cela : la TPME pèse 30% dans l’encours crédit de la banque, et l’appel royal était pressant. M. Kettani a fait converger ces deux éléments, et a annoncé les 17, 18 et 19 décembre prochains comme journées portes ouvertes pour la TPME, aux fins de présenter les dispositifs bancaires, ou non, d’accompagnement de ces entreprises. Ces journées seront le prélude, ou la première étape, du dispositif de communication qui conclura sur la présentation du programme de financement de la TPME, en janvier prochain.

Mais soyons précis : les plans d’accompagnement et de financement des TPME étaient déjà en vigueur, avec grande vigueur, au moment du discours royal. Il est vrai qu’avec 30% des crédits accordés par la banque, il fallait bien qu’il y ait une politique dédiée… Mais l’appel du chef de l’Etat à faire plus, à agir mieux, a ouvert sur la perspective d’une autre politique, plus large, nationale. Et Mohamed Kettani a sa théorie là-dessus : « Aucun riche d’aujourd’hui ne l’était à sa naissance ; les grandes entreprises d’aujourd’hui sont le fruit des efforts et du travail acharné de leurs dirigeants ».

Avec 90% du tissu entrepreneurial marocain composé de TPME, soit 4 à 5 millions de structures, Attijariwafa Bank a spécialisé environ 12% de ses


agences sur ce secteur. Ainsi, les personnels de 150 agences sur 1.200 ont été spécialisés dans les TPME, en suivant des formations d’ « immersion » 24h/24 dans leur monde pour bien connaître, appréhender et maîtriser leurs problèmes.

Et voilà Mohamed Kettani qui dévoile une partie de sa personnalité, en racontant l’histoire de ce jeune homme de Beni Mellal qui l’a abordé pour le remercier de son invitation à une rencontre dans la ville. Face à l’étonnement amusé du banquier, le jeune a expliqué qu’il remerciait le patron de la banque et la banque qui lui ont permis de passer d’une unité industrielle « confidentielle » de quelques salariés à une entreprise employant 150 ouvriers et cadres puis, grâce au portefeuille d’adresses continentales d’Attijariwafa Bank, à une autre unité qui s’est ouvert les portes de l’exportation et… de l’ouverture d’une autre unité de 150 autres salariés. Mohamed Kettani, en darija crue : « ! انت دبا تاتخدم 300 واحد... ايوا سير الله يكتر من متالك... ».

Fin du déjeuner, embarquement immédiat… des patrons de presse et des influenceurs vers Dar al Moukawil, ces unités lancées en 2016 et qui essaimeront sur le territoire, et dont 9 centres sont déjà ouverts, comme celui de Casablanca. « Le taux de mortalité des TPME est élevé et la tendance est universelle : 70% de structures disparaissent, et 30% résistent et survivent. En accompagnant les entrepreneurs, on peut inverser ces taux », explique Mohamed Kettani. Le rôle de Dar al Moukawil est donc de suivre les entrepreneurs, de les former et de les initier aux techniques de gestion et de comptabilité, et de leur frayer un chemin dans les « jungles » administratives, financières réglementaires de la conduite d’une PME. Et, de fait, pour 2019, la banque s’engage à financer 18 MMDH aux PME et 9 milliards de DH à 45.000 TPE, soit 1% de l’effectif global, un taux que M. Kettani promet de faire croître.

Et Attijariwafa Bank a pensé à primer les dirigeants de TPE les plus méritant, avec le trophée « أنا معاك», pour valoriser l’entrepreneuriat et encourager l’action d’entreprendre. Ce concours dédié aux TPE vise à récompenser les petites entreprises marocaines qui se distinguent dans les catégories « entreprenariat, innovation et approche écoresponsable ou éco-solidaire.

Une conclusion en quelques mots… la RSE, ou responsabilité sociale de l’entreprise, est un concept aussi noble que flou. Mohamed Kettani, banquier passionné, en aura donné un exemple concret, celui du banquier qui brasse des milliards mais qui sait raisonner petit aujourd’hui, pour faire grand demain.

Aziz Boucetta