CGEM : Mezouar souhaite un repositionnement des entreprises
En 2019, la première Université d’Eté de la CGEM avait mis l’accent sur l’importance d’une Entreprise Forte pour un Maroc Gagnant; ses travaux avaient clairement renforcé dans des convictions ser le patronat notamment « Un élan pour tous ».
Dans cette même année la CGEM a « démontré sa capacité à être un interlocuteur constructif, à la fois grâce à l’esprit d’innovation et d’ouverture » grâce au modèle d’interactions avec ses partenaires publics, financiers et sociaux.
Pour cette année à l’occasion de la 2ém Université d’Eté, Salaheddine Mezour président de la CGEM a dans son discours d’ouverture revenu les goulots d’étranglements qui gangrènent le développement des entreprises non sans envoyer un message fort aux autorités politiques et aux entrepreneurs. « Nous avons tenu d’abord à focaliser notre effort sur ce qui fait mal, très mal à nos entreprises, comme les arriérés et délais de paiement, le financement, et bien d’autres sujets. Nous avons contribué de façon extensive aux réformes structurelles qui donnent de la visibilité aux entrepreneurs comme la fiscalité, la formation, ou la charte d’investissement. », a déclaré le chef du patronat marocain.
Revenant sur les innovations de cette année, M. Mezouar informe que pour ce 2èm Université d’Eté, « la CGEM s’est ouvert à des Think Tank et organisations de 4 classe mondiale pour apporter de nouvelles réponses et compétences qui manquaient et nous avons remis en cause notre propre fonctionnement pour être en phase avec les évolutions de notre temps. » Malgré cette innovation et les efforts entrepris, « force est de constater que la situation demeure difficile ». Se penchant pêlemêle sur ces goulots qui tenaille les entreprises, il les juge difficile pour les entreprises, difficile pour les Marocains, sur fond de croissance atone, et d’accès à l’emploi faible.
Quant aux inégalités, elles sont devenues « insupportables », car pour le président du patronat « les systèmes de redistribution sont grippés et le fardeau trop lourd pour les classes moyennes. », abordant ainsi dans le même que le Roi Mohammed VI à l’occasion de la fête du Trône. Le système éducatif qualifié « celui de la grande masse », n’est pas en reste dans le discours de Mezouar, qui pour lui est « défaillant et informel » et malheureusement ce système prend « ses aises à défaut d’être combattu ou intégré. » Cependant, il invite les pouvoirs publics à agir vite sur les engagements dont les effets sont encore et toujours attendus par le biais d’« un sursaut collectif et d’une réponse systémique que nous avons besoin ».
Sur le rôle de la CGEM le président estime être
persuadés aujourd’hui que la CGEM doit « dépasser son rôle traditionnel de « syndicat » des patrons », pour constituer une force de proposition plus large pour le développement global du Maroc. Sur le rôle de l’Etat, il demeure convaincu que ce dernier ne peut plus à lui seul garantir le développement de chacun, « l’Entreprise doit prendre le relai, en toute responsabilité ». D’où le choix de la thématique de la deuxième Université d’Été: l’Entrepreneuriat au centre de notre modèle de développement. Mais l’obstacle à cela est que le « le moteur de l’entreprenariat marocain est en panne ». Sur les investissements seuls 25% des proviennent du secteur privé, et pour lui, « sommes en train de rater le coche de la nouvelle économie et des start-ups. »
Avec un taux de création d’entreprises de 1,7 entreprises formelles pour 1000 habitants et les raisons sont multiples : « elles vont de l’environnement des affaires, à la faiblesse de l’accompagnement et de l’investissement, au verrouillage de secteurs entiers par la réglementation et jusqu’à la faiblesse de la culture entrepreneuriale et de prise de risque transmise par notre système éducatif. ».
Dans son plaidoyer, le président très confiant déclare que « nous sommes persuadés que nous sommes capables de plus de croissance : Par la consistance des politiques sectorielles, par une mise à jour de nos facteurs de compétitivité, par l’amélioration réelle de l’environnement des affaires, par le soutien à l’entrepreneuriat et une meilleure exploitation des accords de libre échange. Mais aussi cette croissance doit être plus inclusive et équitablement partagée : engageons nous dans l’ère des innovations sociales, culturelles et digitales, revoyons notre indéboulonnable code du travail, réformons notre modèle de prévoyance sociale pour une plus grande justice et une meilleure qualité, saisissons les opportunités que nous offrent les territoires et faisons des enjeux 8 environnementaux un motif d’engagement fort de nos entreprises. »
Pour cette 2èm édition de L’Université d’Eté il sera question rencontre des entreprises et des entrepreneurs du Maroc, de se connaître et de stimuler le dialogue avec les différents partenaires, des universitaires, des intellectuels, des jeunes, des acteurs de la société civile. Aujourd’hui, la société, comme les entreprises, traversent une période de fatigue et de lassitude face aux difficultés de tous les jours. « Osons les débats, les analyses, les échanges mais aussi les controverses. Arrêtons de tout caresser dans le sens du poil. J’invite donc tous les participants, panélistes et officiels, à ne pas user de la langue de bois et de sortir des sentiers battus. ».
Mouhamet Ndiongue