Le Maroc, un Royaume qui aspire à l’émergence (Agence)

Le Maroc, un Royaume qui aspire à l’émergence (Agence)

Le Royaume chérifien s’apprête en cette chaleur estivale à célébrer deux décennies de règne de son monarque Mohammed VI, arrivé sur le trône en Juillet 1999. Sur le plan économique, la trajectoire marocaine dénote positivement dans un paysage africain encore très inégal. Sur le plan social, le Maroc a certes progressé dans de nombreux domaines, mais doit encore affronter plusieurs défis, notamment dans les secteurs de l’éducation ou de la santé. Revue de détail de la trajectoire économique et sociale marocaine des vingt dernières années.

Avec une croissance moyenne de 4,5% au cours des vingt dernières années, le Maroc a réussi à faire mieux que la moyenne des pays de la zone. Majoritairement tirée par une politique axée sur des investissements massifs dans les infrastructures, la croissance marocaine a réduit fortement sa dépendance à la pluviométrie et s’est diversifiée de manière relativement substantielle, avec une phase de repli notable en 2012. Trois phénomènes majeurs sont à l’origine de cette diversification de l’appareil productif. En premier lieu, Les efforts consentis dans les infrastructures ont permis la construction d’un maillage territorial dense combinant 1600 Km d’autoroutes, le plus grand port d’Afrique sur la Méditerranée, une dizaine d’aéroports internationaux, et tout récemment, le premier TGV africain reliant Tanger à Casablanca en un peu plus de deux heures.

Deuxièmement, le Maroc a progressé de manière importante sur ce qui était longtemps considéré comme l’une de ses tares essentielles, le climat des affaires, progressant de manière régulière dans l’indice « Doing Business » jusqu’à parvenir à la 79ème place en 2019. Cette progression du climat des affaires a eu un effet positif sur le volume et la qualité des investissements directs étrangers (IDE) au cours des vingt dernières années. Gage de cette montée en puissance de l’attractivité du Royaume, des investissements importants ont été consentis par des multinationales étrangères dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique ou encore de l’Offshoring. Dans le domaine de l’automobile, le Maroc s’apprête d’ailleurs à entrer dans le trio de tête méditerranéen en 2021, avec près d’un million de véhicules produits par an suite à l’implantation des usines des français Renault (2007), PSA (2015), et du chinois BYD (2016).

D’un point de vue symbolique, cette montée en puissance dans l’automobile et cette meilleure insertion


du Maroc dans la chaîne de valeur du secteur a permis un croisement des courbes marocaines des exportations en 2015, l’automobile dépassant pour la première fois de l’histoire du Maroc indépendant le phosphate, dont le pays dispose des réserves les plus importantes au monde.

Enfin, toujours sur le plan économique, le pays a accompagné cette diversification de son économie par une politique rénovée en direction de l’Afrique Subsaharienne, en soutenant ses « champions nationaux » dans les services (Banque, Assurance, informatique), qui sont désormais présents en force en Afrique de l’Ouest, et plus modestement sur le flan oriental du continent. Avatar de cette ambition africaine, le Maroc est devenu le premier investisseur du continent en 2016.

Au-delà de ce bilan économique flatteur, un certain nombre de questions subsistent autour des chantiers sociaux au Maroc, qui constituent des défis prégnants pour le Royaume. En effet, la vigueur de la croissance économique n’a pas pour autant permis la résorption des inégalités, qui se sont au contraire creusées. Certes, le taux de chômage a baissé de près de 50% en vingt ans, passant de 15% à 9,8%, mais le chômage des jeunes et des femmes reste à des niveaux préoccupants. Et c’est précisément à ce niveau que le Maroc tente désormais de placer son « nouveau modèle de développement » appelé de ses vœux par Mohammed VI à l’automne 2018 afin de rendre la croissance plus inclusive et d’améliorer l’employabilité des jeunes. En tête des chantiers prioritaires désormais, le secteur de l’éducation doit en effet subir une réforme profonde après plusieurs décennies d’incertitudes. Dans le prolongement de cette réforme de l’éducation, une refonte du dispositif de formation est également à l’agenda, afin de rapprocher le bassin d’emploi des besoins des entreprises.

De manière générale, la trajectoire économique et sociale du Maroc est assez similaire de celle de pays au bord de l’émergence, la création de richesse additionnelle créant de multiples nouvelles opportunités mais creusant également les déficits sociaux. Ainsi, de l’avis de nombreux experts, et notamment du rapport de la banque mondiale sur le Maroc rendu public début 2018, un rééquilibrage de la politique de développement en mettant l’accent sur les dimensions sociales est désormais inévitable pour le Royaume afin de franchir le cap de l’émergence.

Avec Agences