La RMA explique la hausse de la sinistralité
La hausse de la sinistralité a continué d'être, en 2018, un des facteurs ayant négativement plombé les performances financières des sociétés marocaines d'assurance cotées sur la Bourse de Casablanca. Wafa Assurance et Saham Assurance qui sont les deux plus importantes du marché financier marocains, en paient d'ailleurs le prix fort.
La valeur de leurs actions affiche les plus fortes baisses du secteur des entreprises financières du Royaume qui sont cotées en bourse, avec des replis respectifs de 20,8% et 23,3%. Toutes les deux ont pointé la sinistralité comme principale cause du recul de leur bénéfice net en 2018.
La Royale Marocaine d'Assurance (RMA), filiale du groupe Financecom, n'est pas cotée en bourse, mais en est un des principaux investisseurs, aussi bien sur le compartiment actions, que celui des obligations. Elle aussi à subit ce phénomène et dans la communication sur ses performances financières, son directeur général, Zouhair Bensaid, a apporté une réponse à ce problème.
Pour lui, la concurrence sans limite est à blâmer. « Depuis un certain nombres d'années, il y avait une tentation de céder à la volonté d'augmenter sa part de marché. Ceci a été à le fruit de l'évolution d'un certain nombre d'entreprises qui étaient dans une forme transitoire. Il y avait donc tout intérêt à avoir un chiffre d'affaires conséquent », a fait savoir M. Bensaid, selon des propos contenus dans vidéo publiée par le média marocain Leboursier.ma. Mais selon lui, plutôt que de se lancer dans une campagne d'attraction des clients via la communication, certains assureurs se sont mis à jouer sur les tarifs.
« Malheureusement, cette manière de faire installe une espèce de
décrédibilisation du système, parce qu'aussi bien les intermédiaires s'habituent, quelque soit la sinistralité de leur portefeuille à aller vers des prix meilleurs » a ajouté le DG.
Il faut dire que RMA a connu une année 2017 assez difficile. Malgré une hausse de 5,1% de son chiffre d'affaires à 6,5 milliards de dirhams marocains, son bénéfice net a baissé de 6,4% à seulement 753 millions de dirhams. Une situation attribuable à une hausse de 2,5% de la sinistralité, avec comme conséquence une hausse du poids des dépenses de gestion et de sinistres qui a désormais atteint 99,5% du total des primes collectées.
Des discussions avec des journalistes marocains spécialisés éclairent un autre aspect du problème. La tentative d'améliorer la réparation pour les assurés, notamment dans le segment automobile, semble avoir eu pour effet, une plus grande liberté avec le code de conduite automobile.
Le secteur marocain des assurances a décidé de prendre un certain nombre de mesures qui vont de la réduction des prestations gratuites, à la lutte contre la fraude à l'assurance automobile, qui augmente la sinistralité de près de 40%. Rappelons cependant que sur une perspective plus globale, le secteur des assurances présente un tableau légèrement différent.
Selon des chiffres publiés par l'Autorité de Contrôle des Assurance et de la Prévoyance Sociale, le total des primes nettes d'annulation, émises par le secteur au terme du quatrième trimestre 2018 était de 10,2 milliards de dirhams. Il était en hausse de 9,3% par rapport à celui de la même période en 2017. Or les prestations et frais payés étaient à la baisse de 3,9% sur la même période.
Mouhamet Ndiongue