Oxford Business Group tire le bilan économique du Maroc pour l’année 2018

Oxford Business Group tire le bilan économique du Maroc pour l’année 2018

L’économie marocaine a conservé une croissance soutenue en 2018, appuyée par de solides flux d’investissement et des exportations en hausse dans plusieurs secteurs ; une détérioration générale du climat économique mondial devrait toutefois freiner l’expansion cette année.

Le PIB a affiché une croissance de 3,2% en 2018, selon des estimations publiées par la Banque Mondiale le 9 janvier, soit près du double de la projection d’1,7% établie pour la région MENA.

Ces perspectives sont également partagées par la banque centrale marocaine Bank Al Maghrib (BAM), qui, dans un communiqué paru le 25 décembre, annonçait une prévision de croissance de l’ordre de 3,3%, en légère baisse par rapport au chiffre de 4,1% enregistré en 2017.

La banque attribuait ce recul notamment à des résultats moins solides des activités non-agricoles et à une baisse de la valeur agricole ajoutée.

Le tourisme constitue l’un des secteurs clés qui ont contribué à stimuler la croissance en 2018. À la fin novembre, le Maroc avait accueilli 11,3 millions de touristes, soit une hausse de 8,5% en glissement annuel par rapport à l’année précédente, selon l’Observatoire du Tourisme du Maroc. Les recettes ont également grimpé, affichant selon l’OT une hausse de 9,4% au premier semestre de l’année écoulée.

Parmi les autres secteurs les plus performants en 2018, on peut citer le secteur minier, la production de phosphates et de produits dérivés générant des recettes d’exportations de 42,2 milliards de dirhams (3,9 milliards d’euros) au cours des 10 premiers mois de l’année, ce qui représente une hausse de 14,6% en glissement annuel selon l’Office des Changes, ainsi que le secteur automobile, dont les exportations ont affiché une hausse de 11% entre janvier et octobre, avec des ventes atteignant 60 milliards de dirhams.

Le déficit commercial s’est tout de même creusé de 7,8% en glissement annuel au cours de la période, avec des importations s’élevant à 393,3 milliards de dirhams contre des exportations atteignant 226,3 milliards de dirhams.Ceci s’explique principalement par une augmentation de 19,7% des importations énergétiques, résultat de prix mondiaux du pétrole élevés pendant une bonne partie de l’année 2018.

Des flux d’IDE importants soulignent l’attractivité de l’investissement

Malgré l’accentuation de son déficit commercial, le Maroc a continué à attirer de nombreux investissements étrangers en 2018.

Le royaume a enregistré une hausse de 36,7% des investissements directs étrangers (IDE) au cours des 11 premiers mois de l’année, d’après l’Office des Changes, avec des flux d’IDE atteignant 31,8 milliards de dirhams.

Cette hausse des IDE pourrait également renforcer le statut de première destination d’investissement en Afrique en termes de développement de projet dont jouit déjà le Maroc. Le Maroc a rejoint l’Afrique du Sud en 2017 à la première place des destinations privilégiées pour les IDE, selon un rapport publié par le cabinet de conseil EY au mois d’octobre, les deux pays comptabilisant 96 projets chacun.

L’amélioration du classement du Maroc au dernier Indice de la facilité de faire des affaires publiées par la


Banque Mondiale au mois de novembre contribue à faire du Maroc une destination attractive pour les investissements. Le pays a gagné neuf places, se classant au 60ème rang mondial, son meilleur score à ce jour.

Cette montée dans le classement s’explique par les réformes mises en place pour réduire les coûts de création d’entreprise et de transfert de propriété, l’introduction de services douaniers dématérialisés qui visent à faciliter le commerce transfrontalier, l’amélioration des infrastructures logistiques ainsi que par les efforts déployés afin de simplifier les procédures de règlement de l’insolvabilité, a expliqué la Banque Mondiale.

Poursuite de grands projets d’infrastructure

En 2018, le Maroc a également continué à renforcer ses capacités en matière d’infrastructures, avec notamment le lancement à la mi-novembre de la liaison ferroviaire à grande vitesse – la première du genre en Afrique – entre Casablanca et Tanger.

Construite dans le cadre d’un partenariat franco-marocain pour un coût de 2 milliards de dollars, la liaison ferroviaire a réduit de plus de moitié le temps de trajet entre les deux villes, celui-ci passant de cinq heures à peine plus de deux heures.

Cette dynamique infrastructurelle va se poursuivre cette année, avec l’entrée en service prévue au premier trimestre de l’extension du principal hub logistique du pays, le port de Tanger-Med, après l’achèvement de la construction et de l’équipement de cette dernière en 2018.

Tanger-Med 2 disposera d’une capacité de traitement de 6 millions de conteneurs EVP (équivalent vingt pieds), soit le double du port existant, qui a récemment été classé premier terminal à conteneurs d’Afrique en termes de capacité par le magazine spécialisé Container Management.

Des circonstances extérieures défavorables menacent la croissance en 2019

Malgré la poursuite du déploiement de projets d’infrastructures, une série de facteurs extérieurs pourrait avoir des retombées négatives sur le développement économique du Maroc cette année.

La Banque Mondiale prévoit une croissance très légèrement inférieure en 2019 du fait du ralentissement attendu du commerce international et de l’investissement, l’accroissement des tensions commerciales dans le monde et le resserrement des conditions de financement entrainant un plafonnement de la croissance à 2,9%.

Si un fléchissement du taux de croissance est attendu en 2019, une accélération est prévue en 2020 et 2021, où il devrait atteindre 3,5%, toujours selon les prévisions de la Banque Mondiale.

Le Brexit a été désigné par cette dernière comme un facteur important qui pourrait avoir des conséquences sur l’économie marocaine en 2019 et au-delà, les incertitudes qui entourent la sortie du Royaume-Uni de l’UE compromettant la stabilité commerciale.

Un avertissement similaire a été émis fin décembre par la BAM, qui déclarait que les inquiétudes autour du Brexit constituaient un facteur supplémentaire d’incertitude du climat économique international qui pourrait avoir des répercussions sur le Maroc.

Tout en constatant les tensions politiques et commerciales persistantes, une hausse du protectionnisme et une volatilité des marchés, le communiqué de presse de la banque centrale daté du 26 décembre faisait état de risques macroéconomiques restant modérés.

La rédaction