Global Wealth Report : la richesse mondiale devrait augmenter de 26% d'ici 5 ans
La neuvième édition du Global Wealth Report publiée par le Credit Suisse Research Institute constitue la source d'informations la plus complète et la plus actualisée disponible sur le patrimoine mondial des ménages. Au cours des douze mois précédant le milieu de 2018, la richesse mondiale globale a augmenté de 14 000 milliards de dollars (4,6%) pour atteindre un total combiné de 317 milliards de dollars, dépassant ainsi la croissance démographique. La richesse par adulte a augmenté de 3,2%, portant le patrimoine moyen mondial à un record de 63 100 dollars par adulte. Les États-Unis ont contribué le plus à la richesse mondiale en ajoutant 6,3 billions de dollars et en portant le total à 98 000 milliards de dollars. Depuis 2008, la richesse totale et la richesse par adulte se poursuivent sans interruption. Sans surprise, la Chine se situe désormais à la deuxième place de la hiérarchie mondiale des richesses.
Le rapport de cette année fournit également de nouvelles informations sur les avoirs féminins. Les femmes représentent aujourd'hui environ 40% de la richesse mondiale et leur part dans la richesse s'est considérablement accrue au cours du XXe siècle. Le rapport explore les variations globales de l'accumulation de richesses chez les femmes, ainsi que les différences dans la composition du portefeuille, l'aversion au risque et l'impact sur les femmes de la génération du millénaire.
Des disparités dans la méthodologie des études menées en Europe et aux États-Unis
Dans le détail, la participation des femmes à la richesse globale des ménages est tirée vers le haut par la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni, où la part détenue par les femmes est de 43%. Le score est moindre en Italie, avec 40%. Concernant les États-Unis, la tâche fut plus ardue pour les analystes de la banque suisse. Contrairement aux études européennes, les travaux américains ne s'intéressent pas aux richesses respectives des conjoints d'un même couple.
En partant des données disponibles outre-Atlantique sur les hommes et les femmes seules, les auteurs du rapport statuent finalement sur un taux de détention du capital par les femmes aux alentours de 42% aux États-Unis.
Si en matière de proportion, les femmes européennes semblent faire jeu égal avec les Américaines, la richesse des ménages américains étant plus importante qu'en Europe, le Nouveau Monde l'emporte donc sur le vieux continent en ce qui concerne la richesse absolue détenue par des femmes. L'Europe se rattrape cependant du point de vue tendanciel, l'évolution de la part des femmes seules dans la richesse globale différant également d'un pays à l'autre.
Le rôle ambigu de la Chine dans la réduction des inégalités homme-femme en Asie
Un cas qui intéresse tout particulièrement les analystes de la banque suisse est celui de la Chine. En effet, selon leurs estimations les femmes y détiendraient entre 30 et 40% de la richesse cumulée des ménages du pays, ce qui à l'échelle globale a un impact significatif, la richesse des ménages chinois ayant explosé ces dernières années, passant 3.700 milliards de dollars en 2000 à 51.900 à la mi-2018.
es richesses entre genres, la Chine devance les autres pays de l'Asie-Pacifique, même si les ménages de cette dernière rassemblent plus de richesses. L'Asie-Pacifique, un continent «hétérogène», les analystes notant des disparités significatives entre ces pays en ce qui concerne la situation des femmes. Certains pays seraient ainsi selon eux plus proches de l'Inde, d'autres plus proches de la Chine. Parmi les mauvais élèves, ils pointent le Pakistan et le Bangladesh.
Il faut dire que dans l'étude du Crédit Suisse, l'Inde — et non le sous-continent indien — fait bande à part. L'Inde, qui avec l'Afrique, ferme la marche tant en matière de richesse globale que de disparités de richesses entre les hommes et les femmes.
Autre continent apparaissant dans l'étude, l'Amérique latine. Avec une part des richesses détenues par les femmes à hauteur de 30-40%, l'Amérique du Sud apparaît en proportion faire jeu égal avec la Chine, mais elle ne l'égale pas dans l'absolu.
Les femmes sont également plus employées et mieux rémunérées que par le passé. Plus indépendantes financièrement, elles reçoivent également une part plus équitable qu'auparavant en cas de divorce. Ce dernier point n'est cependant pas un facteur plaidant en faveur de l'augmentation globale de la richesse des femmes, la richesse des femmes divorcées «chute généralement au fil du temps par rapport à leurs partenaires», notent les analystes. Ainsi, l'augmentation des divorces tend à diminuer la part des richesses détenues par les femmes.
Paradoxalement, leur comportement plus prudent contribuerait également à réduire cette part. Le rapport s'attarde en effet sur le fait que les femmes seraient moins tentées que les hommes par les placements financiers risqués, cependant la valeur de ces actifs risqués a significativement augmenté ces dernières années, diminuant de fait la richesse relative des femmes.
Ainsi, tout n'est pas rose concernant la réduction des inégalités de richesses entre les hommes et les femmes. Les jeunes femmes célibataires, «dont le nombre a augmenté», accumulent moins de richesses que leurs homologues masculins, faute d'avoir les mêmes salaires. Comme évoqué plus haut, la maternité reste également un frein. Ainsi, les mères célibataires constituent la catégorie d'individus ayant le moins de chances d'accumuler de la richesse sur le long terme.
Pour autant, les femmes font mieux que les hommes chez les millénials, soit les personnes nées dans les années 1980 et 1990. Le rapport souligne ainsi que si la génération qui a atteint sa majorité après l'an 2000 est clairement moins riche que celle qui l'a précédée lorsqu'ils avaient le même âge, et ce notamment en raison de la crise financière mondiale, les femmes sont celles qui ont le mieux su négocier cet aléa économique majeur.
Une inégalité de genre plus marquée au sein des très grosses fortunes
Parmi les 2.208 milliardaires de la liste Forbes 2018, 244 étaient des femmes (11,1%). L'Europe et les États-Unis tiennent le haut du panier, en accord avec la répartition observée de la richesse entre hommes et femmes. Les trois places du podium des pays avec la plus importante proportion de femmes parmi leurs milliardaires sont tenues par des pays européens: l'Allemagne (26%), la Suède (25%), la Suisse (23,8%).
Le rapport souligne également qu'aux États-Unis, une large majorité des grosses fortunes détenues par des femmes restent issues d'héritages. Toutefois, les femmes ayant réussi seules y tiennent une part de plus en plus importante. Résultat, depuis 2005, la moyenne d'âge des femmes milliardaires a baissé par rapport à celle de leurs homologues masculins et, depuis 2017, leur fortune moyenne dépasse celle des hommes.
Mouhamet Ndiongue