« A Private War », hommage au journalisme en période de fake news

« A Private War », hommage au journalisme en période de fake news

« A Private War », film biographique consacré à Marie Colvin, journaliste du Sunday Times tuée en 2012 en Syrie, se veut un hommage au journalisme, souvent attaqué en cette période marquée par les fausses informations, a expliqué son réalisateur Matthew Heineman.

Le long-métrage relate l'histoire vraie de la journaliste américaine multiprimée pour son travail, incarnée par Rosamund Pike (« Gone Girl »), et son combat pour couvrir les zones de guerre les plus dangereuses de la planète.

Pour Matthew Heineman, réalisateur américain nommé aux Oscars pour son documentaire « Cartel Land » et dont la mère était journaliste, ce drame est un « hommage », tant à Marie Colvin qu'à sa profession.

Le 22 février 2012, la reporter de guerre de 56 ans et le photographe français Rémi Ochlik, 28 ans, avaient péri dans le bombardement d'un centre de presse clandestin du quartier rebelle de Baba Amr, à Homs (centre de la Syrie).

L'opération, imputée au régime de Bachar al-Assad, avait fait trois blessés: le photographe britannique Paul Conroy, la journaliste indépendante française Edith Bouvier et le traducteur syrien Wael al-Omar.

« C'est si important à l'heure actuelle, dans ce monde de fausses informations (...) où les journalistes sont attaqués, de célébrer le journalisme et de célébrer des gens comme Marie », a confié le cinéaste à l'AFP avant la projection du film en avant-première européenne, samedi dans le cadre du Festival du film de Londres (BFI).

Matthew Heineman s'était déjà distingué par ses documentaires "Cartel Land", sur le trafic de drogue au Mexique, et « City of Ghosts », consacré au conflit syrien et à la terreur djihadiste.

« Raconter la vérité »

Jamie Dornan, l'un des rôles principaux des aventures érotiques « Cinquante nuances », incarne le photographe Paul Conroy, qui a travaillé de nombreuses années aux côtés de Marie Colvin et conseillé l'équipe du film.

Le long-métrage tombe « à point nommé », selon l'acteur. « Tout ce qui tente de montrer le journalisme sous son meilleur jour - ces personnes qui vont tout risquer dans ces endroits pour nous raconter la vérité - est une


bonne chose
 », a-t-il confié à l'AFP en foulant le tapis rouge.

« A Private War » décrit la longue carrière de Marie Colvin comme reporter de guerre et le lourd tribut physique, comme psychologique, qu'elle a dû payer.

Une scène du film la montre ainsi perdant l'usage de son oeil gauche durant la guerre civile au Sri Lanka - ce qui lui vaudra de porter par la suite un bandeau noir devenu son signe distinctif - ou interviewer le dictateur libyen Mouammar Kadhafi peu avant sa mort en 2011.

On la voit également se réfugier dans l'alcool et se débattre dans un stress post-traumatique à ses retours de mission.

La Britannique Rosamund Pike, nominée aux Oscars pour « Gone Girl », a expliqué avoir incarné la journaliste avec passion en raison de la complexité du personnage.

« Je voulais présenter à l'écran une femme admirable, même si tous les traits de son caractère ne sont pas admirables », a-t-elle expliqué à l'AFP

Le photographe Paul Conroy a dit avoir collaboré volontiers avec le réalisateur, séduit notamment par ses documentaires et « l'idée de la vérité qu'il fait passer ».

« Il ne s'agissait pas seulement de dire 'Faisons ce film frivole pour Hollywood », a-t-il souligné. « L'attention portée aux détails est extraordinaire ».

Matthew Heineman a expliqué avoir consacré des mois à documenter l'histoire et regardé presque tous les films de guerre jamais réalisés. Il a aussi engagé des personnes locales, des Syriens notamment, plutôt que des acteurs pour jouer les figurants dans les zones de guerre.

« Ce sont de vraies Syriennes versant de vraies larmes et racontant de vraies histoires », a-t-il relevé à propos des scènes montrant Marie Colvin interviewer des civils en Syrie. « C'était très important pour moi d'essayer de donner de l'authenticité à cette expérience ».

Le réalisateur a par ailleurs développé de l'empathie pour la reporter. « J'ai juste ressenti une énorme affinité avec elle » et « son désir de mettre un visage humain sur de pauvres civils innocents pris dans les feux croisés de ces conflits géopolitiques », a-t-il expliqué.

Avec AFP