L'immigration de l’Afrique subsaharienne en Europe loin de représenter un risque (Etude)
L’Europe doit-elle se préparer à une « ruée » prochaine de migrants subsahariens ? François Héran auteur de l'Etude, l’Europe et le spectre des migrations subsahariennes répond par la négative et apporte des éclairages.
L’Afrique subsaharienne, appelée selon l’Onu à représenter 22% de la population mondiale d’ici 2050, est loin de représenter un risque de « submersion » migratoire en Europe, selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiée mercredi.
L’Afrique subsaharienne devrait représenter 22 % de la population mondiale vers 2050 au lieu de 14% aujourd’hui. Le nombre de migrants originaires de cette région devrait donc augmenter. Mais de combien et vers quelles destinations ? François Héran replace les migrations africaines dans le tableau mondial des diasporas. Il montre que le scénario pour 2050 d’une Europe peuplée à 25 % d’immigrés subsahariens ne tient pas la route. L’ordre de grandeur le plus réaliste est cinq fois moindre.
Selon les projections démographiques des Nations unies, l’Afrique subsaharienne va connaître une envolée démographique et verra sa population passer de 970 millions
d’habitants aujourd’hui, à 2,2 milliards en 2050.
Pour autant, deux facteurs démographiques rendent caduque l’hypothèse d’un afflux migratoire vers l’Europe comparable à cette croissance. « L’Afrique subsaharienne émigre peu, en raison même de sa pauvreté », note l’Ined, et « lorsqu’elle émigre, c’est à 70% dans un autre pays subsaharien et à 15% seulement en Europe, le reste se répartissant entre les pays du Golfe et l’Amérique du Nord ».
Selon la « matrice » des migrations bâtie depuis quinze ans par la Banque mondiale, l’OCDE et le FMI, croisée avec les projections démographiques de l’Onu, les immigrés subsahariens de première génération pourraient avoisiner en France 3% de la population d’ici 2050 contre 1,5% aujourd’hui.
Dans l’ensemble des pays de l’OCDE, où les immigrés subsahariens représentent en moyenne aujourd’hui 0,4% de la population, ils pourraient voir leur part passer à 2,4% en 2050.
« C’est une hausse importante. Mais 2,4%, cela ne permet en aucun cas de parler d’invasion, même en ajoutant la seconde génération », note l’Ined. La migration subsaharienne « n’est pas une anomalie menaçante mais une forme ordinaire de la mobilité humaine », poursuit l’institut.
MN