A Essaouira, le Festival Gnaoua Musiques du monde fête l’été et la vie
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- 22 juin 2018 --
- Lifestyle
Comme chaque année, depuis 21 ans maintenant, le Festival Gnaoua et Musiques du monde retrouve ses spectateurs, sas fans, ses inconditionnels et ses nouveaux venus, en quête de magie et de rythme, introuvables ailleurs au Maroc, sauf peut-être à Fès pour le festival des musiques sacrées. Cette année 2018, le Festival Gnaoua et Musiques du monde a ouvert le premier jour de l’été, le 21 juin, en musique enflammée, devant un public toujours aussi nombreux, toujours aussi charmé et charmeur.
Et comme chaque année, la parade a rythmé l’ouverture du festival, avec le défilé des troupes chantantes et dansantes, les maâlems un œil sur leurs troupes et leurs novices, les gens, de toutes les couleurs et venues de toutes les villes. Les touristes aussi sont là, en tenue de festival, cheveux au vent ou pas de cheveux, tenues bigarrées pour des regards qui chavirent à la vue du maelström de couleurs et de sons offerts à leurs yeux et à leurs sens.
Un Mondial se joue actuellement en terres russes, et France-Pérou et Argentine-Croatie sont programmés cet après-midi du 21 juin, mais au vu de l’affluence aux abords de la parade, la Coupe du monde n’est pas très suivie à Essaouira, sauf parfois des cris qui martèlent l’inscription d’un but dans un quelconque filet, là-bas, en Russie…
Et la parade, officielle celle-là, commence, et marche. Pour le cas de Neila Tazi, la parade est roulante. La fondatrice et maîtresse d’œuvre du festival a en effet connu une mauvaise chute voici quelques jours, l’obligeant à parader en fauteuil roulant. Près d’elle, marchant, le conseiller du roi André Azoulay, toujours présent, alerte et vif, saluant quelqu’un par-ci, jetant un sourire à un autre là-bas. Des femmes et des hommes de tous les milieux marchent aussi, les yeux furetant ici et là à la recherche d’images et de souvenirs furtifs. Pas un seul membre du gouvernement, mais le gouvernement en ce moment est plutôt aux abonnés absents, essayant de comprendre ce qui se passe autour de lui. Sans trop y arriver, mais ceci est une autre affaire…
Sur la grande place Moulay el Hassan l’affluence des grands jours est là, peut-être même un peu
plus que les autres années. Femmes et hommes, grands et petits, souiris ou non, amateurs de musique ou simplement de fêtes, des dizaines de milliers de personnes emplissent la place et les rues attenantes, au point qu’en marchant au milieu de la foule, on connaît le sentiment des embouteillages de voitures. On s’arrête de longues minutes le temps de se frayer un passage…
Telle est Essaouira un jour d’ouverture du Festival Gnaoua Musiques du monde… et le Festival commence… avec une fusion qui a fait fondre les dernières survivances de timidité au sein du public, sauf bien entendu les cadres du ministère de l’Intérieur, présents au premier rang des officiels, et figés dans une posture quasi militaire que n’ont pas fait trembler les rythmes et les enchaînements sur la scène.
Et de fait, sur la scène se jouait un dialogue de sons graves, cassés par des stridulations d’instruments à vents, entre Maâlem Hamid el Kasri et Michael League, fondateur en 2004 du groupe Snarky Puppy, melting pot regroupant deux douzaines de musiciens venus de tous les coins du monde et basés à Brooklyn, New York. Trois batteries, dont une tenue par le directeur artistique du Festival Karim Ziad, une basse, un guembri, une trompette et un saxophone, un orgue et les danseurs claquettes gnaouis. Il n’en fallait pas plus pour enflammer la scène, puis les premiers rangs du public, puis l’ensemble de la place Moulay el Hassan et ses dizaines de milliers de gens heureux de fêter l’été, de fêter la joie, de fêter la vie.
A 23 heures, à la grande joie du public, le désormais incontournable groupe marocain Hoba Hoba Spirit fait son entrée sur scène et immédiatement, met le feu à la place, comme on dit. Les chants de Reda Allali, les mouvements sur la scène, les regards et coups d’œil entendus entre les artistes montrent une maîtrise que n’a d’égale que la joie du public. Plus personne n’est assis, personne n’est debout… tout le monde danse et se laisse aller à la magie du moment, celle du son, du vent doux et de l’odeur de l’iode marin qui arrive et caresse les narines des danseurs.
Aziz Boucetta