Les riches bien plus riches, et les pauvres encore plus pauvres… et le Maroc ne déroge pas à la règle !

Les riches bien plus riches, et les pauvres encore plus pauvres… et le Maroc ne déroge pas à la règle !

Comme chaque année, à la veille de l’ouverture du Forum économique de Davos, en Suisse, l’ONG Oxfam a publié son rapport annuel sur les inégalités économiques et sociales à travers le monde. Selon ce document, 2017 a été marquée par une accentuation de ces inégalités, avec une hausse record du nombre de milliardaires. La moitié de la population mondiale n'aurait reçu aucun bénéfice de la croissance mondiale annuelle.

Les chiffres, données et conclusions d’Oxfam

1/ Entre mars 2016 et mars 2017 : le nombre de milliardaires a connu l'année dernière sa plus forte hausse de l'histoire, avec un nouveau milliardaire tous les deux jours.

2/ En 12 mois, la richesse des milliardaires ont augmenté de 762 milliards de dollars, soit plus de sept fois le montant nécessaire par an pour sortir de l’extrême pauvreté les personnes qui y sont plongées.

3/ Le patrimoine des milliardaires a augmenté en moyenne de 13 % par an depuis 2010, soit six fois plus vite que la rémunération des travailleuses et travailleurs, qui n’a progressé que de 2 % par an en moyenne.

4/ Quatre jours suffisent au PDG de l’une des cinq premières marques mondiales du secteur du textile pour gagner ce qu’une ouvrière de la confection bangladaise gagnera au cours de sa vie.

5/ Porter les salaires des 2,5 millions d’ouvrières et ouvriers du textile vietnamiens à un niveau décent coûterait 2,2 milliards de dollars par an. Cela équivaut à un tiers des sommes versées aux actionnaires par les cinq plus grands acteurs du secteur du textile en 2016.

6/ De la même manière, 10 % des dividendes versés par Carrefour à ses actionnaires en 2016 suffirait à assurer un niveau de vie décent pour plus de 39 000 travailleurs du secteur du textile au Bangladesh.

Ce sont donc 82% de la richesse créée l'an dernier dans le monde qui ont terminé entre les mains du 1% le plus riche de la population de la planète, les femmes payant le prix fort de ces inégalités, constate Oxfam. « Le boom des milliardaires n'est pas le signe d'une économie prospère, mais un symptôme de l'échec du système économique », a affirmé la directrice d'Oxfam Winnie Byanyima, lors de la publication du rapport intitulé "Récompenser le travail, pas la richesse" à la veille de l'ouverture du World Economic Forum (WEF) à Davos.

Selon un sondage réalisé pour Oxfam auprès de 70.000 personnes dans 10 pays, diffusé à l'occasion de la publication du rapport, les deux tiers des personnes interrogées estiment "urgent" de traiter "la brèche entre riches et pauves.   

Ce sondage a été réalisé en Inde, au Nigeria, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Mexique, en Afrique du Sud, en Espagne, au Maroc, aux Pays-Bas et au Danemark.

Le cas du Maroc, selon Oxfam

Selon l’ONG, « de nombreux pays n'ont toujours pas défini de salaire minimum ni entrepris de négociations collectives, et dans la plupart des cas, le salaire minimum est nettement inférieur au seuil requis pour survivre. Oxfam a démontré cela dans le cadre de ses interventions au Maroc », entre autres pays

Entre 2001 et 2014, le taux de pauvreté a été réduit par trois (de 15,3 % à 4,8 %), la dépense annuelle moyenne est passée d’environ 10.000 DH à plus de 15.000 DH par personne et le niveau de vie des plus modestes a progressé un peu plus


vite que celui du reste de la population.

Trois milliardaires marocains les plus riches détiennent à eux seuls 4,5 milliards de dollars, soit 44 milliards de DH. Leur richesse est telle que la croissance de leur fortune en une année représente autant que la consommation de 375.000 Marocains parmi les plus pauvres, sur la même période. Par ailleurs, les 10% des Marocains les plus riches ont un niveau de vie 12 fois supérieur en moyenne à celui des 10% les plus pauvres, autant que dans les années 1990.

Enfin, le Maroc possède le niveau d'inégalités le plus élevé d'Afrique du nord (tableau ci-dessous) malgré une légère baisse depuis une décennie.

Conclusions à relativiser

Il faut cependant relativiser car tout ce qui vient d’Oxfam n’est pas la  pure vérité, la méthodologie retenue étant régulièrement critiquée… il faut en effet savoir que les données utilisées (celles du Crédit Suisse et celles de Forbes) sont disparates et parcellaires selon les pays, que le patrimoine dont on parle est un patrimoine net de dette qui fait d’un étudiant américain endetté pour ses études une personne plus pauvre qu’un paysan indien, et que les projections sont réalisées à partir de 2010, c’est-à-dire l’année où l’économie mondiale a commencé à repartir après la crise de 2008.

Ainsi, pour les comparaisons la définition du seuil de pauvreté retenue par les services statistiques de la plupart des pays est une notion relative. Il s’agit généralement de 60 % du revenu médian. Il en résulte que le seuil de pauvreté augmente avec le revenu médian et qu’il est très différent d’un pays à l’autre.

Retenons ce titre d’Oxfam : « Les 1 % les plus riches ont empoché 82 % des richesses créées l’an dernier, la moitié la plus pauvre du monde n’en voit qu’une miette », les termes y utilisés montrent une forme d’engagement de l’ONG.

Mais pour autant, les conclusions, bien que pas toujours exactes, donnent une idée assez précise des inégalités. « On exploite les personnes qui fabriquent nos vêtements, qui assemblent nos téléphones portables et cultivent les aliments que nous mangeons, afin de garantir un approvisionnement constant en produits pas chers, mais aussi pour grossir les profits des entreprises et leurs riches investisseurs », martèle l’ONG.

Selon le rapport d'Oxfam, 3,7 milliards de personnes, soit 50% de la population mondiale, n'a pas touché le moindre bénéfice de la croissance mondiale l'an dernier, alors que le 1% le plus riche en a empoché 82%.

Depuis 2010, c'est-à-dire peu après le début de la crise en 2008, la richesse de cette "élite économique" a augmenté en moyenne de 13% par année, a précisé Oxfam, avec un pic atteint entre mars 2016 et mars 2017, période où « s'est produit la plus grande augmentation de l'histoire en nombre de personnes dont la fortune dépasse le milliard de dollars, au rythme d'un nouveau milliardaire tous les deux jours ».

Pour Oxfam, les ouvrières se retrouvent « tout en bas de la pyramide ». « Dans le monde entier, les femmes gagnent moins que les hommes et elles sont sur-représentées dans les emplois les moins bien payés et les plus précaires ». « De la même manière, sur 10 nouveaux milliardaires, 9 sont des hommes ».

L'ONG préconise la limitation des dividendes pour les actionnaires et les dirigeants d'entreprises, la fin de "la brèche salariale" entre hommes et femmes, ainsi que la lutte contre l'évasion.

AB