La Cour des Comptes dénonce la situation des abattoirs au Maroc : 250.000 tonnes de viandes non certifiées

La Cour des Comptes dénonce la situation des abattoirs au Maroc : 250.000 tonnes de viandes non certifiées

En 2016, plus de 45% des viandes produites au Maroc ne provenaient pas des abattoirs certifiés, et n’ont donc pas été contrôlés. C’est ce qu’affirme la Cour des Comptes, dans un référé de son premier président, relatif à la gestion des abattoirs, publié ce lundi 10 juillet.

L’institution chapeautée par Driss Jettou a passé au peigne fin plus de 70 abattoirs à travers tout le royaume, dans la période s’étalant entre 2007 et 2015, révélant des défectuosités calamiteuses en matière de conditions hygiéniques et sanitaires, aussi bien qu’au plan de la gestion.

La première grande révélation de la Cour concerne la production des viandes, dont 300.029 tonnes seulement sont issues d’abattoirs certifiés, sur un total de 550.000 tonnes. Le reste proviendrait « des abattoirs municipaux non agréés et de l’abattage rituel ou festif effectué directement par les ménages ». Une partie considérable (mais non spécifiée, faute de statistiques) de ces viandes est fournie par les circuits clandestins.

De plus, le référé de la Cour des Comptes dénonce même des carences au niveau du marquage et de la traçabilité des animaux abattus, ainsi que des locaux et équipements utilisés. Un autre point majeur du référé est lié aux statistiques de l’ONSSA, qui déclare que 200 structures (un abattoir municipal et 199 structures


rurales) sur 898 ne subissent aucun contrôle sanitaire.

Ces manquements touchent en premier lieu la qualité des viandes vendues sur le marché (et par conséquent la santé de ses consommateurs ), et ralentissent la modernisation de ce secteur malgré les efforts accomplis pour l’accélérer.

Que le défaut soit dans la gestion du ministère de l’Intérieur du marché des viandes, ou dans l’absence de textes d’application régissant l’investissement privé dans les structures d’abattage, là n’est qu’une partie du problème.

Le plus important est de bouger et prendre des dispositions en urgence, en vue de réadapter le secteur aux normes des textes juridiques et réglementaires existants, tout en mettant en place des mesures législatives, régulant l’intervention des opérateurs privés dans la production des viandes consommées par les citoyens marocains.

Dans une réponse du ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit au référé, plusieurs réformes sanitaires sont prévues dont notamment la construction et réhabilitation de 12 abattoirs municipaux dans le but de « concéder leur gestion au secteur privé », avec le renforcement des contrôles sanitaire et vétérinaire, en plus d’une révision des textes de loi régissant le secteur des viandes rouges. Des mesures qui devaient être prises il y a bien longtemps, mais comme dit le dicton : « Mieux vaut tard que jamais ».

Wiam Amiri