Petites histoires et grandes turpitudes des partis politiques suite à l’élection du 4 septembre

Petites histoires et grandes turpitudes des partis politiques suite à l’élection du 4 septembre

Le scrutin est passé, au suffrage universel… Les désignations des bureaux communaux et régionaux sont terminées, mais les effets de cette élection se font encore sentir. En justice et dans les votes des uns et des autres… Petit tour d’horizon des faits des uns et des méfaits des autres.

L’Istiqlal

Karim Ghellab. Il est ancien ministre de l’Equipement et du Transport et il est aussi ancien président de la Chambre des représentants, mais il n’a pu enlever serait-ce la présidence de l’arrondissement de Sbata à Casablanca. Et pour cause. Il était le seul istiqlalien élu dans le coin, et malgré cela, il croyait en lui et en ses chances de devenir président, envers toute logique démocratique ou logique tout court. Le jour venu, celui de l’élection du président, Karim Ghellab a préféré retirer sa candidature, expliquant, fort marri, qu’il avait contacté des élus qui lui avaient promis leur suffrage, avant de changer d’avis et d’aller voguer ailleurs… vers le PJD. Et pourtant c’était prévisible puisque le PJD avait obtenu 9 sièges dans cet arrondissement de Sbata, le RNI 5, le PPS et le MP 1 chacun, alors que l’Istiqlal avec SA voix et l’UC avec 5 sièges ne pesaient pas lourd dans la balance… istiqlalienne.

Hamid Chabat. On le sait, on ne le sait que trop bien, le secrétaire général de l’Istiqlal a tout perdu : mairie, Région… et face. Puis le coup de grâce. Celui asséné par le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad auquel on a imputé une communication en Conseil de gouvernement (qu’il n’a jamais démentie) sur un « chantage » exercé par ledit Chabat sur l’Etat en lui demandant de l’aider à prendre la présidence de la Région en contrepartie de la « paix » à Fès. Chabat ne s’est pas trop exprimé sur cette affaire, mais il a fait donner de la voix par ses affidés. D’abord « sa » Jeunesse qui a rudement attaqué Hassad, réclamant sa démission ou sa révocation pour « propos mensongers » et autre vilenies toutes aussi innommables les une que les autres. Puis c’est au tour du quotidien al Alam où le député (très) pro-Chabat Abdallah Bakkali, par ailleurs directeur de la publication, qui a qualifié le pauvre Hassad de « technocrate parachuté ayant obtenu une fonction bien plus grande que lui »… On attend la réaction du ministre de l’Intérieur.

Omar Hjira. Le président sortant de la commune d’Oujda, et qui voudrait bien le rester, n’arrive pas à s’entendre avec ses alliés du PAM sur la liste et le nombre des vice-présidences. Ne craignant absolument pas le ridicule, il persiste et signe en qualifiant les types du PAM d’alliés. Il a expliqué avoir été contacté par le chef du parti Hamid Chabat qui lui a enjoint de maintenir cette alliance avec le PAM. N’est-ce pas le même Chabat qui avait décidé d’une manière brutale de renverser la table et de s’unir au PJD, tournant le dos au PAM ? Comprenne qui pourra, et surtout qui voudra… Dans l’intervalle, les Oujdis n’ont toujours pas de président, mais ils ont en revanche de moins en moins d’estime pour leurs élus Istiqlal et PAM en général, et pour Hjira en particulier. Parfois, on regrette que le ridicule ne tue pas… politiquement. Quoique.

Le


PJD.

Fès. Le candidat n°6 de la liste PJD, conduite par Driss Azami, est un ancien condamné, ayant fait de la prison. Il a été quand même aligné avec les gens du PJD, qui peuvent aussi commettre des erreurs grossières. Chabat avait pourtant voté pour el Idrissi lors de l’élection pour la présidence du conseil de la Ville. Mais il avait tout de même esté contre le n°6, dont l’élection vient d’être invalidée par le tribunal local, sans faire tomber toute la liste. Il est vrai que vu le tsunami électoral du PJD à Fès, les juges ont été bien inspirés de respecter la loi, dans sa lettre en boutant le fameux 6 hors du conseil, et dans l’esprit en maintenant les vainqueurs en place.

Le PAM

Agadir. Cinq élus du PAM ont été déchus de leur mandat d’élus du conseil communal de Kliaâ, près d’Agadir. La raison est que l’un des candidats, très pieux, s’était un peu oublié en se laissant aller faire sa prière à la mosquée… vêtu du dossard de son parti ; on imagine la scène, le type avec son tracteur sur le dos faisant ses génuflexions à la mosquée. Les juges ont considéré cela comme une tentative d’influence des électeurs et ont déchu le « prieur » et ceux qui l’accompagnent sur la liste.

Le MP

Mohand Laenser. Lui, il a démissionné du gouvernement parce qu’il y a incompatibilité entre la fonction de ministre et celle de président de Région. Il a quand même mis la charrue avant les bœufs car son élection à la tête de la région Fès-Meknès n’est pas encore constitutionnellement validée. Mais bon, si ce n’est pas le cas, il s’en remettra, il est ministre presque sans discontinuer depuis… 30 ans. Il a aussi expliqué hier en conférence de presse qu’il « comprend et salue » le vote d’Ouzzine Aherdane, fils de Mahjoubi, grand guerrier s’il en est et fondateur du MP, contre le MP ! Mais il ne pardonne pas le même geste de la part d’autres MP… Féodalité, quand tu nous tiens… Et il a dit aussi qu’il insiste sur son remplacement par un ministre MP, mais tout est possible, ajoute-t-il, prudent comme jamais, prudent comme toujours, ce qui lui a permis cette longévité gouvernementale.

Le RNI

Saïd Chbaâtou. Lui, il est ancien ministre de deux ou trois trucs avec Abderrahmane el Youssoufi, et il est aussi un champion de la transhumance. Il doit avoir du mal à choisir une idéologie… Il a, en effet, été membre du MP, puis de l’USFP, avant de rallier le RNI aux dernières élections, lequel RNI de Mezouar avait croisé le fer avec le PJD pour la présidence de la Région Dra-Tafilalet. Le PJD voulait Habib Choubani, qui a effectivement et en toute logique été élu, et le RNI avait fulminé pour placer son nouvel adhérent Chbaâtou. Mais ce dernier vient de voir son élection au conseil de la Région invalidée parce que, à force de changer de partis, il s’est présenté en RNI alors qu’il n’avait pas encore tout à fait démissionné de l’USFP, ce que les avocats de ce dernier parti n’ont pas manqué de relever, et d’en convaincre les juges. Faut-il en pleurer ? Mieux vaut en rire.

AAB