Le « niet » des syndicats au chef du gouvernement
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- 20 juillet 2015 --
- Maroc
La semaine dernière, les chefs des grandes centrales syndicales ont défilé tour à tour dans le bureau du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, qui leur a exposé son plan pour la réforme des régimes de retraite. Mais, comme attendu, les syndicalistes ont rejeté en bloc les offres de la présidence du gouvernement.
Qu’a donc proposé Abdelilah Benkirane ?
Le chef du gouvernement a mis sur la table l’idée d’une augmentation progressive de la contribution des fonctionnaires et de l’Etat, dans la limite de 28%, étalée sur quatre ans. Ensuite, Benkirane a proposé l’adoption de la moyenne des salaires des huit dernières années pour le calcul du montant de la pension une fois le salarié parti en retraite. Quant à l’âge de ce départ, il devra être repoussé de 60 à 63 ans, puis à 65 dans un délai de 4 ans.
En contrepartie de ces aménagements, le chef du gouvernement a promis une réévaluation de 300 DH pour les allocations pour les cinq premiers enfants au lieu de 200 DH pour les trois premiers, un montant minimum de pension fixé à 1.500 DH, l’élargissement de la couverture médicale aux parents des fonctionnaires et la création de fonds et de fondations pour les œuvres sociales.
Fort du score dérisoire obtenu par les trois syndicats aux dernières élections professionnelles, le chef du gouvernement est parti sur un sentiment de puissance, sachant lui et les syndicats qu’ils ne sont pas si représentatifs. Cela donne l’impression que Benkirane veut parler directement aux travailleurs.
Réaction
virulente des syndicats
Mais les centrales ne désarment pas… Miloudi Moukhariq, chef de l’UMT, fait dans la surenchère et le défi : « Nous n’accepterons pas ce plan et nous le combattrons, quel que soit le prix à payer pour cela ». Le secrétaire général-adjoint de la CDT de Noubir Amaoui n’en pense pas moins : « Nous refuserons ces propositions car elles nous donnent le sentiment que le gouvernement nage à contresens, et se trouve sur une voie qui n’est pas la nôtre ». Pour Azzouzi, le chef du courant éponyme de la FDT, « le gouvernement veut obtenir de nous un feu vert pour transformer un régime social en profondeur, mais il ne nous a jeté que des miettes de pain, comme s’il se moquait de nous ».
Et donc, les patrons des trois centrales se sont réunis ce weekend et ont décidé de rejeter en bloc le train de mesures proposé par le gouvernement.
Ce dernier, par la voie d’un responsable proche de Benkirane, adopte la position d’intransigeance : « Le gouvernement ne peut aller au-delà de ce qui a été proposé, et les syndicats devraient en prendre de la graine… Les chefs des syndicats ont une position positive quand ils discutent avec le chef du gouvernement mais, sitôt revenus à leurs bureaux, ils rejettent tout en bloc. Il y a ce qu’on peut appeler des dissensions internes au sein des syndicats et des différends entre leurs chefs, ce qui les empêche de tenir un discours de vérité ».
Retour donc à la case départ…