Maroc vs Zakaria Moumni, report à… avril 2016

Maroc vs Zakaria Moumni, report à… avril 2016

Vendredi 20 mars, 13h30 tapantes, à l’heure prévue, 17ème Chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris… l’audience du procès intenté par l’Etat du Maroc contre Zakaria Moumni pour diffamation, chantage et tentative d’extorsion de fonds débute. Elle ne durera que quelques minutes, avant d’être renvoyée au… 1er avril 2016. Dans un an.

Déroulement du procès en un an

Des audiences préliminaires se tiendront trois fois dans l’intervalle et porteront sur l’examen d’éventuels incidents de procédures et de changements pouvant intervenir de la part de l’une ou l’autre des deux parties.

Ce jour-là, le 1er avril 2016, le tribunal consacrera le temps qu’il faudra aux plaidoiries des différentes parties. L’audience devrait durer plusieurs heures. Mais l’enjeu dépasse la personne de Moumni et les débats devront permettre aux parties d’abattre leurs cartes et de dévoiler leur jeu, l’Etat marocain d’une part, Zakaria Moumni et ses soutiens d’autre part.

Qui est Moumni ?

Pour rappel, Zakaria Moumni est – en attendant que la justice française le confirme – un faux champion mais un vrai escroc. Il avait remporté une médaille d’or à un championnat à Malte et avait demandé en conséquence des privilèges à l’Etat marocain, qui s’est défendu. Moumni avait alors rameuté la terre sur des sévices qu’il dit avoir endurés, et avait attqué en justice le patron de la DST marocaine, Abdellatif Hammouchi. Mais comme le Maroc est le Maroc, avec son histoire de non-respect des droits de l’Homme, et que la France est la France avec son regard porté sur ses anciennes colonies, les choses se sont crispées quand la justice marocaine a convoqué directement chez l’ambassadeur du Maroc Abdellatif Hammouchi qui était avec ses homologues français quelques heures auparavant, dans une réunion d’échanges d’informations sécuritaires.

La suite, on la connaît, et on connaît aussi d’autres informations, comme la demande de 5 millions d’euros formulée par Moumni à l’ancien ministre de l’Intérieur Mohand Laenser.

Pourquoi cette affaire fait grand bruit ?

Entretemps, l’Action chrétienne pour l’abolition de la torture est entrée en scène, supportée par Me Patrick Baudouin, président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et le Cabinet d’avocats Ancile. Le premier a publié une tribune au vitriol contre le Maroc, sur le


Monde ; c’est son plein droit, si le quotidien avait respecté l’équilibre et publié la mise au point de son collègue marocain Me Brahim Rachidi. Mais le Monde a refusé.

L’ACAT et le Cabinet Ancile ont pour leur part mis en ligne sur le site de l’ACAT une longue analyse de l’accord d’entraide judiciaire entre le Maroc et la France, montrant par là que le vrai enjeu n’est pas le chef du service d’ordre du Fouquet’s qu’est Moumni mais bien les droits de l’Homme au Maroc. L’un des avocats marocains, Me Omar Tayeb a rédigé une non moins longue réponse.

Voir panorapost.com pour les écrits des uns et des autres.

Que devrait faire le Maroc ?

Zakaria Moumni est porté à bras le corps par les médias français, télés et journaux. Il crie à qui veut l’entendre qu’il a été horriblement supplicié par les Marocains en 2010, mais ne souffle mot de sa demande de 5 millions d’euros. L’affaire est en effet sexy et fort attrayante pour un public français nostalgique de ce genre d’infos.

Le Maroc, pour couper court à cela le 1er avril 2016, devrait faire appeler à la barre des témoins de moralité, comme Driss el Yazami, président du CNDH et concepteur d’idées et de mécanismes pour interdire toutes formes de torture au Maroc (car il reste toujours des cas de mauvais traitements). El Yazami est aussi ancien vice-président de la FIDH et pourrait s’expliquer avec Me Baudouin devant la cour. Les avocats du Maroc pourraient aussi appeler d’autres témoins de moralité comme Salah el Ouadie, poète et militant associatif, et Mohamed Sebbar, secrétaire général du CNDH, les deux hommes ayant été torturés au Maroc, vraiment torturés, mais sans demander d’argent ensuite…

Les opposants à la politique marocaine existent car tout est perfectible et rien n’est parfait, sauf qu’ils agissent depuis le Maroc, vivent au Maroc, et critiquent aussi bien le gouvernement (mais qui s’en soucie) et le roi du Maroc, au Maroc. Ils ne sont pas, que l’on sache, soumis à la gégène, et à la date d’aujourd’hui, gardent tous leurs ongles et leurs dents… Peut-être que les contempteurs du Maroc comprendront, il est plus que probable que la cour, elle, admettra.

AAB