Marrakech: Vers la création d’un réseau des magistrats africains
Les participants à la première rencontre du Forum de Dialogue des Magistrats Africains, dont les travaux ont pris fin mercredi à Marrakech, ont recommandé la création d’un réseau des magistrats africains afin de favoriser l’échange des expertises et bonnes pratiques.
Dans leurs recommandations ayant sanctionné les travaux, trois jours durant, de cette rencontre initiée en partenariat avec la Présidence du Ministère Public, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et le Programme Régional Africain pour les Migrations (ARMP), sous le thème “L’enfance africaine entre migration, exploitation et traite: Expertises et expériences des systèmes judiciaires africains”, les participants ont également plaidé en faveur de la création d’un centre africain des études et recherches pour la promotion et la préservation des droits de l’enfant, ainsi que d’une plateforme numérique à même de permettre aux organisations et associations de la société civile de partager leurs activités, initiatives et programmes en la matière dans les différents pays africains.
Les participants venus du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Mozambique, du Togo, de l’Afrique Centrale, de Mauritanie et de Tunisie, du Royaume du Maroc, outre des experts internationaux issus des États-Unis, du Conseil de l’Europe et de l’Union africaine, ont aussi appelé à la mise en place d’une politique de sensibilisation et de conscientisation pour la lutte contre le phénomène d’exploitation des enfants, fondée sur les techniques modernes de communication, ainsi que d’une plateforme dédiée à l’échange des données entre les pays africains dans ce domaine.
Ils ont, en outre, mis l’accent sur la nécessité de l’actualisation et du développement des législations liées à la migration et aux droits de l’enfant, tout en oeuvrant à la diffusion de la culture des droits humains et à la mise en oeuvre des dispositions des conventions et chartes internationales en la matière.
Les recommandations de cette rencontre soulignent, d’autre part, l’importance de développer des programmes de formation et de renforcement des capacités des magistrats africains dans le domaine de l’immigration, de la protection de l’enfance et de la lutte contre les crimes et l’exploitation dont elle fait l’objet, appelant à la création de centres d’accueil frontaliers pour les enfants migrants non accompagnés.
Un appel a été aussi lancé pour la mise en place d’un Forum africain annuel, dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui sera dédié aux droits de l’enfant avec la participation des différentes institutions et parties prenantes.
Les participants ont, enfin, plaidé en faveur du renforcement de la protection juridique et judiciaire des enfants migrants non accompagnés dans les pays d’accueil, tout en préservant leur identité.
S’exprimant
lors de la séance de clôture de cette rencontre, Mme Marissa D. Scott-Torres, Consule générale des Etats-Unis à Casablanca, s’est félicitée de cette initiative des organisateurs eu égard à la pertinence et l’importance de cette thématique, soulignant que la protection de l’enfance n’est pas uniquement “une responsabilité” de tous mais un “devoir” et “une obligation”.
Les crimes transfrontaliers, la migration et la traite constituent une véritable menace pour les enfants et une “préoccupation majeure”, d’où, a-t-elle dit, la nécessité de fédérer les efforts pour la lutte contre ces crimes qui transcendent les frontières, mettant l’accent sur l’importance d’une coopération internationale étroite pour répondre à ces menaces.
Pour sa part, la présidente du Forum de Dialogue des Magistrats africains, Mme Jamila Sedqi, a indiqué que cette première rencontre a été un espace idoine pour le partage des expériences et expertises et débattre d’une thématique d’une extrême importance, soulignant la disposition du Forum à s’ouvrir sur l’ensemble des institutions à l’échelle nationale, régionale et internationale pour asseoir les bases d’une coopération fructueuse et responsable au service du développement de la justice et de la protection des droits de l’enfant et de l’Homme en général.
Quant au directeur général du Centre de Formation judiciaire au Sénégal, Mademba Gueye, a expliqué que cette rencontre a été une occasion pour les participants venus de différents continents de partager les expériences et expertises, d’engager un débat enrichissant autour de cette thématique, et de nouer des contacts entre eux.
Cela favorise la création d’un réseau entre magistrats africains membres de ce Forum, ce qui leur permettra d’échanger les méthodes et procédures dans le cadre de la lutte contre ce type de crimes, la finalité ultime étant de renforcer la protection des droits des enfants, a-t-il conclu dans une déclaration à la MAP.
Ce conclave tendait à mettre en exergue les rôles de la Présidence du Ministère Public au Maroc dans le domaine de la protection de l’enfant et de l’application des meilleures pratiques, dans la lutte contre les diverses formes de violation tel que la violence, la traite, la migration et l’atteinte à ses droits fondamentaux, ainsi qu’à valoriser les efforts déployés dans ce sens par les juges de cette importante institution.
C’était aussi l’occasion de promouvoir et de renforcer le rôle que peuvent jouer les associations professionnelles de magistrats, en général, pour enrichir le dialogue, la discussion et l’échange d’expertises, dans le cadre d’une collaboration constructive et significative entre les juges et les institutions, y compris, en particulier, les institutions judiciaires tutélaires des juges et des organismes judiciaires.