Comité d'urgence de l'OMS autour du Mpox
L'Organisation mondiale de la santé réunissait mercredi son comité d'urgence sur le mpox pour évaluer s'il faut décréter le plus haut degré d'alerte sanitaire au niveau international face à la résurgence des cas en Afrique.
"L'apparition l'an dernier du clade 1b et sa rapide propagation en RDC (République démocratique du Congo), qui semble se propager principalement par le biais des réseaux sexuels, et sa détection dans les pays voisins de la RDC, sont particulièrement préoccupantes et constituent l'une des principales raisons pour lesquelles j'ai décidé de convoquer ce comité d'urgence", a déclaré le chef de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, à l'ouverture de la réunion.
"Mais nous ne faisons pas face à une seule épidémie et à un seul clade. Nous faisons face à plusieurs épidémies avec différents clades dans différents pays, avec différents modes de transmission et différents niveaux de risque", a-t-il poursuivi.
Son annonce est attendue à 16H45GMT. L'urgence de santé publique de portée internationale est la plus haute alerte que l'OMS peut déclencher. C'est le chef de l'OMS qui peut la lancer, sur les conseils du comité ad hoc d'experts.
L'OMS avait déjà pris une telle décision en 2022, lorsqu'une épidémie de mpox (portée par le clade 2b) s'était étendue à travers le monde. Mais l'épidémie actuelle, partie de la RDC et pour l'heure circonscrite en Afrique, a ses spécificités, en premier lieu un virus plus contagieux et dangereux.
Elle est provoquée par le clade 1 et par une variante encore plus dangereuse, le clade 1b. Son taux de mortalité est estimé à 3,6%. Mardi, l'agence de santé de l'Union africaine a déclaré de son côté une "urgence de santé publique", son plus haut niveau d'alerte, face à l'épidémie croissante de mpox sur le continent, lançant un "appel clair à l'action" pour enrayer sa propagation.
Un total de 38.465 cas de cette maladie, anciennement connue sous le nom de variole du singe, ont été recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, pour 1.456 décès, avec notamment
une augmentation de 160% des cas en 2024 comparé à l'année précédente, selon des données publiées la semaine dernière par l'agence de santé Africa CDC.
Le mpox (anciennement appelé variole du singe) est une maladie virale qui se propage de l'animal à l'homme mais qui se transmet aussi par contact physique étroit avec une personne infectée par le virus.
Le Clade 1b fait apparaître des éruptions cutanées sur tout le corps, quand les précédentes souches étaient caractérisées par des éruptions et des lésions localisées, sur la bouche, le visage ou les parties génitales. Le mpox a été découvert pour la première fois chez des humains en 1970 dans l'actuelle RDC (ex-Zaïre), avec la diffusion du sous-type clade 1, principalement limitée depuis à des pays de l'ouest et du centre de l'Afrique, les malades étant généralement contaminés par des animaux infectés.
En 2022, une épidémie mondiale, portée par le sous-type clade 2, s'est propagée dans une centaine de pays où la maladie n'était pas endémique, touchant surtout des hommes homosexuels et bisexuels.
L'OMS avait alors décrété l'alerte maximale en juillet 2022 face à cette flambée de cas dans le monde, puis l'avait levée moins d'un an après, en mai 2023. L'épidémie avait fait quelque 140 morts sur environ 90.000 cas. "Au cours du mois dernier, environ 90 cas de Clade 1b ont été signalés dans quatre pays voisins de la RDC qui n'avaient jamais signalé de mpox auparavant: Burundi, Kenya, Rwanda et Ouganda", a rappelé mercredi le Dr Tedros devant le comité.
Décréter l'alerte maximale au niveau mondial "peut permettre à l'OMS d'accéder à des fonds pour les interventions d'urgence. Pour le reste, les mêmes priorités demeurent : investir dans la capacité de diagnostic, la réponse de santé publique, l'aide au traitement et la vaccination.
Cela ne sera pas facile", selon Marion Koopmans, professeur à l'université Erasmus de Rotterdam.
Cela permettrait également "d'attirer l'attention sur le problème du mpox ailleurs qu'en Afrique" alors que l'épidémie de 2002 n'a pas encore été endiguée, estime-t-elle.