Programme "Moussalaha" : 222 détenus bénéficiaires à ce jour
Le Délégué général à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion, Mohamed Salah Tamek, a affirmé, jeudi à Salé, que 15 détenus ont bénéficié du programme "Moussalaha" (Réconciliation) dans sa 9ème édition, portant à 222 le nombre total des bénéficiaires depuis son lancement en 2017.
S’exprimant lors de la cérémonie de clôture de cette édition qui s’est étalée sur trois mois et demi, Tamek a précisé que 156 parmi ces détenus ont été libérés, dont 116 bénéficiaires d’une grâce royale, en plus de la réduction de la peine au profit de 15 autres, portant le taux des bénéficiaires de la grâce royale à 63,27 %.
Dans le cadre de l’approche genre, le programme « Moussalaha » a été élargi pour inclure les femmes détenues en vertu de la loi antiterroriste, et ce lors de sa 5ème édition qui a profité à 10 bénéficiaires sur un total de 13 détenues, soit un taux de participation de plus de 77%, a-t-il indiqué, soulignant que l’ensemble des bénéficiaires de cette édition spéciale ont été libérées, dont huit à la faveur d’une grâce royale et deux autres au terme de leurs peines.
Concernant les principales dimensions du programme, Tamek a évoqué notamment « la réconciliation avec soi-même, avec la société, avec le texte religieux et avec les systèmes et normes régissant la société dans sa relation avec l’individu et avec les institutions », expliquant que le programme consacre le principe fondateur de l’expérience de l’Instance Équité et Réconciliation, dans la mesure où le concept de Moussalaha est une initiative prise par les détenus dont les faits, les idées ou les actes terroristes se sont révélés préjudiciables pour la société.
Selon le Délégué général, bénéficier de ce programme exige une volonté et une préparation de la part des détenus concernés afin de redresser leurs perceptions et leurs idées.
Il s’agit d’un programme singulier au niveau mondial, d’autant plus qu’il a été salué par de nombreux partenaires régionaux et internationaux, s’est-il félicité, notant qu’il s’inscrit dans le cadre de la stratégie générale du Royaume en matière de gestion du champ religieux, menée sous la conduite du Roi Mohammed VI, et fondée sur les préceptes authentiques de l’Islam, en tant que religion de modération, de juste milieu, d’ouverture et de tolérance, mais aussi de lutte contre toutes les formes d’extrémisme et de violence.
Pour sa part, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a affirmé que ce programme témoigne de l’implication de l’État
dans les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme et d’intégration des détenus, ajoutant qu’il œuvre également à créer les conditions appropriées de réconciliation avec eux-mêmes et avec la société.
Le terrorisme est à l’encontre du droit à la vie, compte tenu des dégâts psychologiques profonds qu’il cause et la perte de victimes innocentes, a-t-elle dit, affirmant l’engagement du CNDH à accompagner le programme « Moussalaha » depuis son lancement il y a cinq ans et à inculquer la culture des droits de l’Homme dans le respect des valeurs de la religion musulmane.
Elle a également mis l’accent sur la persévérance de tous les détenus impliqués dans ce programme à travers l’assiduité, l’intérêt constant et la compréhension, relevant que le but ultime est de faire de chaque édition une occasion de réflexion continue et d’ouverture sur l’avenir.
De son côté, le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, Ahmed Abbadi, a qualifié le programme Moussalaha d’initiative éminemment humanitaire, estimant que par essence, l’Homme est appelé à être productif et bénéfique pour son environnement.
Le programme couvre plusieurs aspects à la fois subjectif, psychologique, sociétal, international et universel, a-t-il avancé, notant que pour toucher à l’ensemble de ces aspects, il était nécessaire pour les détenus de faire preuve de volonté et de détermination.
Abbadi n’a pas manqué de souligner que l’aspect lié à la religion musulmane a occupé une place de choix dans ce programme, saluant à cet égard l’ampleur de l’interaction avec les objectifs fixés par les différentes institutions partenaires.
Le programme « Moussalaha » a été élaboré et mis en œuvre par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, en s’appuyant sur ses propres ressources et en coopération avec la Rabita Mohammadia des Oulémas, le CNDH et des experts spécialisés.
Il intervient dans le cadre des efforts de la Délégation visant à garantir toutes les conditions de réinsertion des détenus condamnés pour des affaires d’extrémisme et de terrorisme dans les établissements pénitentiaires, en adoptant une approche scientifique en complémentarité avec les efforts multidimensionnels déployés au niveau national en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme dans le cadre de la proactivité sécuritaire, de l’immunisation spirituelle et de la lutte contre la précarité.
Lors de cette cérémonie de clôture, il a été procédé au lancement officiel de la dixième édition de ce programme qui repose sur trois axes principaux : la réconciliation avec soi-même, la réconciliation avec le texte religieux et la réconciliation avec la société.