Atlantic Dialogues: « convalescence difficile » de l’Atlantique après la pandémie

Atlantic Dialogues: « convalescence difficile » de l’Atlantique après la pandémie

Le Policy Center for the New South a achevé, le 22 décembre, deux mois de débats sur l’Atlantique élargi, une zone qui comprend le Nord et le Sud du bassin atlantique, Afrique et Amérique latine incluses. Plus de 90 experts ont participé à ces discussions, suivies par une audience de 70 000 personnes.

Le Policy Center for the New South a clôturé la 10e édition de sa conférence internationale de haut niveau Atlantic Dialogues, sur le thème de « l’Atlantique élargi en récupération difficile » de la crise Covid. Commencées le 1er novembre, les 21 sessions ont été déclinées jusqu’au 22 décembre sous forme de wébinaires, accessibles en ligne sur les pages Facebook, YouTube et Atlantic Dialogues du Policy Center.

Les Atlantic Dialogues ont traité de la crise Covid et de son impact sur « l’Atlantique élargi » sous tous ses aspects : économiques et géopolitiques, sans oublier ses conséquences sur l’éducation, la dette et le développement. Les deux derniers panels des AD 2021 ont plus spécifiquement traité des relations entre l’Afrique et le monde arabe, ainsi que de la situation en Amérique latine, en présence de trois anciens chefs d’État.

 L’Afrique et le monde arabe : quelles dynamiques dans les questions politiques actuelles ?

Ce panel, modéré par Abdelhak Bassou, Senior Fellow du Policy Center, a traité des liens entre le continent africain et le monde arabe. Il a rappelé le lien que représente l’islam, le rayonnement des universités arabes (dont Al Ahzar), et le rôle joué par l’Egypte dans le soutien aux Indépendances africaines dans les années 1960. « La relation manque de force aujourd’hui en raison de tensions – comme entre la Mauritanie et le Sénégal – et de questions frontalières, du déclin de l’intérêt du monde arabe envers les questions africaines, et d’idées préconçues qui induisent une mauvaise image », a analysé Fattouh Haikal, Directeur de recherche chez Trends Research & Advisory.

De ce point de vue, le Maroc montre qu’il en va autrement, en raison de son intérêt marqué pour l’Afrique, a rappelé Hamza Meddeb, chercheur non-résident au Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center (Beyrouth). Cet expert a traité du lien spécifique entre les pays d’Afrique du Nord et du Sahel, et du « vide stratégique laissé par l’effondrement du régime du colonel Kaddhafi en Libye ». L’expansion de groupes terroristes dans les pays du Sahel tient aussi à la faiblesse des Etats et leur incapacité à contrôler leurs territoires.

Amre Moussa, ancien ministre égyptien des Affaires étrangères et ancien secrétaire général de la Ligue arabe, a estimé que le « mot « relations » doit être remplacé par « liens » et « attaches », plus forts et séculaires entre l’Afrique et le monde arabe. Nasser et l’Egypte ont donné un fort élan à cette idée d’un destin commun. Et je crois en


ce que Mobutu a déclaré à l’Assemblée générale des Nations unies en parlant des pressions subies dans sa relation avec Israël : « On m’a demandé de choisir entre mon frère ou mon ami. J’ai choisi mon frère » 
». Amre Moussa a également évoqué le manque de cohésion des pays arabes, ainsi que la nécessité de « renouveler et rajeunir le système des Nations unies, tout comme celui de l’Union africaine ».

Le nouveau défi pour l’Amérique latine avec les variants de la Covid-19 : unité régionale dans un contexte de polarisation politique

Au début de la pandémie, l’Amérique latine était en proie à des crises politiques et des tendances divergentes en fonction des pays – avec des gouvernements de droite et de gauche. « Pas moins de 20 % de la population mondiale affectée par la Covid-19 est latino-américaine, et 30 % des décès enregistrés causés se sont produits en Amérique latine », a rappelé Jamil Mahuad, ancien président de l’Équateur. « Clairement, nous n’avons pas su gérer la crise, qui nous a laissés plus pauvres, plus inégaux et plus vulnérables. Nous avons besoin d’un système de santé publique ».

La montée du populisme et la répression de l’opposition au Nicaragua incitent Miguel Angel Rodriguez, ancien président du Costa Rica, à affirmer que « la démocratie a perdu de son lustre, de même que l’Etat de droit, aussi bien dans le monde qu’en Amérique du Sud ». Pour sa part, Federico Ramon Puerta, ancien président de l’Argentine, s’est interrogé sur la prévalence d’un « seul modèle économique depuis la chute du mur de Berlin, un modèle capitaliste, libéral et orienté vers les privatisations ».

Le mot de clôture des Atlantic Dialogues

Karim El Aynaoui, président du Policy Center for the New South, a remercié les 90 panélistes qui ont participé à la conférence, « un grand succès en ligne » avec 70 000 vues des 21 webinaires sur deux mois. Dans son mot de clôture, il s’est réjoui d’avoir « gardé vivante et réunie la communauté des Atlantic Dialogues, une communauté spéciale qui regroupe des pays du Sud global et des économies avancées ». Le dialogue Nord-Sud porté par la conférence se fait aussi intergénérationnel, a-t-il rappelé, grâce à la présence dans les discussions de jeunes professionnels de toute la zone Atlantique, qui font partie des Atlantic Dialogues Emerging Leaders, sélectionnés lors des précédentes éditions pour suivre un programme sur mesure et participer à la conférence.

« Il y a une grande valeur à cet échange collectif. Une valeur centrale pour le Policy Center, mais aussi une valeur fondamentale du Maroc et de ce qu’il représente : un lieu où nous pouvons avoir un dialogue ouvert, avec de la tolérance et un respect mutuel, et mener une discussion basée sur les faits, la recherche et le travail empirique visant à améliorer les politiques publiques ».