Mortalité infantile, l’éternel combat de « La Goutte de Lait »

Mortalité infantile, l’éternel combat de « La Goutte de Lait »

« L’œuvre de la Goutte de Lait » est une association casablancaise à but non lucratif qui s'est donnée pour objectifs les soins aux nouveau-nés prématurés, abandonnés, malades ou de mères célibataires. C’est l’une des premières associations marocaines bénéficiant du statut d’Utilité Publique, et ceci depuis 1920.

Depuis sa création au début du XXème siècle,  l’Œuvre a su évoluer et s’adapter aux besoins des populations qu’elle avait à charge. Depuis sa rénovation et modernisation en 2011, le service de réanimation et de néonatologie compte jusqu’à 1000 hospitalisations par an.

Grâce aux moyens financiers procurés par les dons, mais aussi un soutien institutionnel « La Goutte de Lait » a été en mesure de mettre en place quatre services : néonatologie, nourrissons, un dispensaire et un centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP).

Une trentaine de couveuses

Sa finalité ultime étant la réduction du taux de mortalité et de la morbidité les nouveau-nés, la Goutte de lait dispose d’une trentaine de couveuses ; cela est significatif, mais demeure toujours insuffisant, dans la mesure où la demande ne cesse de croître. « La Goutte de Lait » dispose de 24 berceaux, six lits et six tables chauffantes. L’équipe comprend trente infirmières salariées permanentes ; six néonatologues, trois pédiatres, un ORL, un ophtalmologue, un pédopsychiatre, un neuropédiatre et une psychologue, tous bénévoles.

Un quotidien pas toujours facile

C’est au désespoir de certains parents que le personnel administratif de  La Goutte de Lait  est confronté au quotidien. En effet, les hôpitaux sont surpeuplés et manquent souvent de matériel. Les parents se retrouvent par la force des choses redirigés vers les cliniques privées qui réclament des prix exorbitants pour l’hospitalisation des enfants prématurés. Mais à chaque problème, sa solution !  La Goutte de Lait  en est une pour les personnes les plus démunies : il leur est en effet proposé des prix jusqu’à quatre fois moins élevés, voire même une entière prise en charge dans certains cas.

Un service de rééducation  

Par ailleurs, et en parallèle à sa mission initiale, La Goutte de Lait mène depuis sa création un combat pour lutter contre les séquelles de la prématurité. Pour ce faire, à l’initiative du Dr Amine Benjelloun, a été créé en 2010, un centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) qui a pour objectif le dépistage de pathologies puis la prise...

en charge des bébés à leur sortie du Centre. En effet, lorsqu’un bébé naît prématurément, il est plus à même de peut présenter des problèmes psychologiques ou des troubles affectifs, cognitifs, ou encore sensoriels.

Au CAMSP, on trouve un cabinet d’ophtalmologie, un appareillage d’électroencéphalographie (tous deux financés par l’INDH), un appareillage permettant la détection de surdités précoces, des salles de rééducation (orthophonie et psychomotricité), et de consultation. Au Maroc, le CAMSP est le seul centre à proposer cela, accordant la priorité aux prématurés, mais accueillant aussi  d’autres enfants de 0 à 8 ans, toujours à des prix moindres.

« La Goutte de Lait distribuait du lait en poudre »

Avec des arrivées de plusieurs régions du Maroc, mais principalement de Casablanca, La Goutte de Lait, d'abord pionnière, est devenue une référence nationale en matière de néonatologie, grâce au dévouement des bénévoles qui y travaillent, et des moyens les plus modernes et les plus sophistiqués qu'elle abrite.

L’histoire de « La Goutte de Lait » nous a été narrée par le Dr Abdelatif Alami, son actuel président. C’est donc à l’initiative d'Inès de Bourgoing, épouse du maréchal Lyautey, que cette association de plus d’un siècle avait vu le jour. A l’époque, « La Goutte de Lait, après été un lactarium, distribuait du lait en poudre aux plus démunis », explique le Dr Alami. Mais ce n’est pas tout... Inès Lyautey avait créé des pouponnières, des crèches et d’autres centres de la Goutte de Lait à travers de nombreuses villes du Maroc, en plus d'avoir veillé à la naissance de la première maternité pluridisciplinaire.

Dans les années 50, pour faire face à une épidémie de méningite, un service avait été mis en place pour l’hospitalisation des enfants atteints de méningite tuberculeuse. Ce n’est que quelques années plus tard que les premières couveuses avaient été introduites dans le centre. Entre 1968 et 1991, le pédiatre Abdellatif Berrada assurait la présidence de l’association et avait créé – contre de nombreux avis – le premier service de néonatologie au Maroc. 

A sa suite, feu le Dr Hadj Driss Benjelloun, avec le soutien de l’INDH (Initiative Nationale pour le Développement Humain), entrepris en 2007 la rénovation et la modernisation de la structure. Le concours de l’INDH se poursuit toujours.

Meriem Boucetta