APSACO 2019 : les « ressorts du terrorisme et de la criminalité » débattus
La 3e édition de la Conférence annuelle sur la paix et la sécurité en Afrique (African Peace and Security Annual Conference – APSACO 2019), s’est tenue les 18 et 19 juin à Rabat, organisé par le Policy center for the New South (PCNS). Cet événement de haut niveau a réuni des experts et responsables politiques, militaires et économiques autour du thème « La Place et influence de l’Afrique dans un monde en mutation ».
Lors des présentation, Panorapost s’est arrêté sur celle de Lassina Diarra (photo) qui a développé comme thème « Terrorisme et criminalité transnationale organisée en Afrique ».
Lassina Diarra, est diplômé de science politique. Il est actuellement chercheur et spécialiste de l islamisme et des mouvements terroristes en Afrique au Centre stratégique de sécurité au Sahel Sahara. Lassina est auteur de plusieurs ouvrages, dont la CEDEAO face au terrorisme transnational: mécanismes et stratégies de lutte, et d’articles dont la formation des forces de défense et de sécurité de Cote d’Ivoire et de la région dans la lutte contre le terrorisme.
D’emblée, Lassina Diarra explique qu’il faut noter que le champ est très vaste et que sa réflexion mérite d’être menée surtout dans un contexte d’évolution du champ politique, social et sécuritaire du continent. Pour lui l’Afrique a été et continue de l’être le théâtre de conflits sanglants et cinglants aux conséquences indicibles. Depuis près de décennies, les efforts de démocratisation ont permis de diminuer les conflits essentiellement politiques, les coups d’États. Ces efforts sont en train d’être assombris par la résurgence d’une autre forme de conflictualité menée par des acteurs sibyllins déterritorialisés. Pour dire, il s’agit du terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Selon la convention des nations unies de 2001, M. Diarra rappelle l’article qui stipule qu’« une infraction est de nature transnationale si, elle a été commise dans plus d’un État ; si elle est commise dans un État, mais qu’une partie substantielle de sa préparation, de sa planification, de sa conduite ou de son contrôle a lieu dans un autre État ; si elle est commise dans un État, mais qu’elle implique un groupe criminel organisé qui se livre à des activités criminelles dans plus d’un État ou, enfin, si elle est commise dans un État mais a des effets dans un autre État ». Le terrorisme, quant à lui, en l’absence d’une définition universelle est, il est de toute évidence, une technique de combat qui s’enracine généralement dans une idéologie politique ou religieuse visant à semer
la terreur.
Concrètement, en abordant le sujet, Lassina Diarra déclare qu’ « il nous appartient d’analyser le brouillard et la connexion pouvant exister entre le monde criminel et l’univers terroriste ainsi que les répercussions les entités étatiques, régionales et mondiales ». Autrement dit, s agit-il de deux face d’une même pièce ?
Dans un autre registre, le spécialiste de l’islamisme et des mouvements terroristes en Afrique s’est articulé autour du sous-thème « ressort du terrorisme et de la criminalité ». Lassina Diarra déclare que le continent africain est un dense concentré de chalenges politiques, économiques, environnementaux et religieux notamment : des replis et conflits ethniques, communautaires, identitaires, politiques, de la persistance et l’accroissement des foyers de précarité, de l’intrusion des courants exogènes et réseaux financiers dans le corps religieux (La plupart des États subsahariens ont de rite malékite), de l’explosion démographie et de mauvaise gouvernance.
Pour ce sous thème, il explique que ces défis, globalement, structurels qui questionnent profondément l’avenir du Continent, servent de matière nourricière à l’enracinement des groupes extrémistes et des réseaux criminels transnationaux.
Faisant le départ entre le terrorisme et la criminalité objet de beaucoup de confusions, M Diarra précise qu’il faut faire la distinction entre terrorisme et criminalité transnationale notamment sur la variable idéologique, la technique, le candidat au jihad inscrit son action dans une temporalité dormante et l’objectif final : Projet de domination universel du monde.
Pour ce dénominateur commun, il déclare que c’est « la quête de profit »
Le développement de l’économie criminelle. Dans un rapport publié en 2017, les experts du groupe de contrôle pour la Somalie et l'Érythrée ont conclu que les Shebab et leur soutien extérieurs sont parvenus à mieux réorganiser le trafic de bois de charbon en dépit de l’embargo de l’Onu et de la perte du port de Kismayo ; ils réaliseraient un bénéfice excédant 25 millions de dollars.
Pour Boko haram, il explique qu’il se nourrit également de nombreux trafics au nombre desquels le commerce de poivres, de poissons secs, faisant un chiffre d’affaire d’environ 1 d’euros par mois.
Dans le Sahel, il s’agit principalement de rapt des Occidentaux par AQMI, et le trafic de drogue pour le MUJAO. Selon des experts, entre entre 2011 et 2014 recueilli près de 100 millions d’euros dans les enlèvements.
Autre méthode de l’économie criminelle, il s’agit du développement du phénomène de blanchiment moral (le sponsoring des activités sportives, humanitaires voire caritatives)
A propos du trafic d’armes. M. Diarra déclare qu’il y a trois principaux acteurs : les États sympathisants (Conflit ivoirien avec le Burkina Faso), les mercenaires et les agents des forces de Défense et de sécurité