Ingérence russe : l’enquête de Mueller se précise

Ingérence russe : l’enquête de Mueller se précise

L'ancien directeur du FBI Robert Mueller, dans le cadre de l’enquête sur le rôle de la Russie pendant les élections présidentielles de 2016, a fourni deux actes d'accusation mettant en cause 25 ressortissants russes et trois sociétés russes.

Cette enquête, que le président des Etats-Unis qualifie de « chasse aux sorcières », occupe l’esprit des Américains qui se demandent si Mueller prouvera un complot russe dans la campagne électorale de 2016. Le locataire de la Maison Blanche nie quant à lui toute implication.

13 personnes et 3 sociétés mises en cause

Le 16 février 2018, Robert Mueller a inculpé 13 personnes et trois entités russes pour fraude bancaire et usurpation. Selon l’acte d’accusation, Research Agency, un organisme de propagande soutenu par la Russie, a inondé les réseaux sociaux américains Facebook, Twitter, YouTube et Instagram pour promouvoir Trump et diffuser des informations qui dénigrent sa rivale démocrate Hillary Clinton. Cette influence, selon le document a commencé en 2014, soit deux ans avant la candidature de l’homme d’affaires dans le but de « semer la discorde aux États-Unis ».

La firme, basée à Saint-Pétersbourg, employait des centaines de personnes pour ses opérations en ligne et disposait d'un budget de plusieurs millions de dollars et il semblerait que les employés travaillaient de jour comme de nuit. Leurs horaires correspondaient aux fuseaux horaires des États-Unis.

Le financement a été fourni par Evgeny Prigozhin, un homme d’affaires dont les responsables américains ont affirmé qu’il entretenait des liens étroits avec la classe politique russe. Les médias russes ont décrit l’homme comme étant proche du président russe, Vladimir Poutine. 

Pour quelle raison ?

Le document mettant en évidence la responsabilité des Russes, affirme qu’ils ont ciblé les Américains avec une guerre de l'information, en adoptant de fausses personnalités en ligne et en créant des centaines de comptes de médias sociaux. Ces comptes ont été créés pour diffuser des messages afin de semer la méfiance à l'égard des candidats et du système politique américain en général. 

Dénigrer Clinton, soutenir Trump était leur principale devise.

Des Américains recrutés 

La Floride, État historiquement pro-démocrates a étonnamment basculé vers le camp adverse. L’acte d’accusation dévoile que les Russes ont dirigé les Américains vers des rassemblements pro-Trump. Le document dit que « les


Russes ont payé un citoyen américain pour qu'il porte un costume représentant Hillary Clinton en uniforme de prison lors d'un rassemblement
 » et un autre « pour construire une cage assez grande pour contenir une actrice représentant Clinton en uniforme de prison ».

Ce n’est pas tout : un Américain a été approché pour un rassemblement « March for Trump », lui offrant « de l'argent pour imprimer des affiches et obtenir un mégaphone ». 

De faux comptes sur les réseaux sociaux incitant des musulmans américains à refuser de voter pour la candidate démocrate « parce aspire à continuer la guerre contre les musulmans du Moyen-Orient ».

Des publicités sur Facebook pour promouvoir un rassemblement à Washington en juin 2016, « Support Hillary, Save American Muslims » a été supprimé. Pire encore, l’acte d’accusation indique que les Russes ont recruté un Américain pour brandir une pancarte avec une citation faussement attribuée à Hillary Clinton qui avait adopté la loi islamique.

Quant à l'affaire des emails de Clinton ...

Le 13 juillet 2018, Mueller a établi la responsabilité de 12 officiers des services de renseignement de l'armée russe pour avoir piraté les réseaux informatiques du Parti démocrate en 2016.

Ils sont accusés d’avoir volé de grandes quantités de données, puis programmé leur publication pour causer des dommages à Clinton. Les pirates russes ont pénétré par effraction dans les réseaux informatiques de la campagne Clinton, selon l'acte d'accusation.

Des personnages en ligne fictifs, ont publié des dizaines de milliers d'e-mails et de documents volés. Un des profils a communiqué avec des Américains, y compris une personne non identifiée qui était en contact régulier avec de hauts responsables de la campagne Trump, a indiqué l'acte d'accusation. 

En juillet 2016, les Russes ont tenté de pirater les comptes de messagerie utilisés par le bureau personnel de Clinton et par sa campagne, a indiqué l'acte d'accusation. A la même période, le Donald Trump, alors candidat, a déclaré aux journalistes : « La Russie, si vous m’écoutez, j'espère que vous pourrez retrouver les 30.000 courriels manquants », faisant référence aux courriers électroniques d'un serveur privé que Clinton avait utilisé lorsqu'elle était secrétaire d'État.

Comme moyens de paiement, les Russes ont eu recours à la crypto-monnaies, notamment de bitcoins, selon l'équipe de Mueller.

Meriem Boucetta