La CGEM monte à l’assaut de la culture

La CGEM monte à l’assaut de la culture

Promouvoir la culture dans le pays n’est pas tout à fait dans la culture de nos gouvernants, mais on essaye… Cette semaine, le ministre de la Culture et de la Communication Mohamed Laâraj a reçu la CGEM en les personnes des membres du comité ad-hoc de sa Fédération des Industries culturelles et créatives. Il a été question de culture et de beaucoup de bonnes intentions.

Voilà ce que dit le communiqué officiel du Ministère : « Après une première rencontre en date du 13 juin dernier, et conformément à l’engagement pris de se réunir tous les trimestres, le comité ad-hoc de la FICC présidé par Neila Tazi a rencontré pour la seconde fois le Ministre et ses équipes en vue d’approfondir les échanges entre les deux institutions, pour favoriser le développement des industries culturelles et créatives au Maroc, et  s’appuyer sur un partenariat public-privé renforcé qui permettra de fédérer les acteurs du secteur ».

On retiendra, première information, que c’est la CGEM, confédération patronale et entrepreneuriale par excellence, qui monte au créneau pour défendre la culture dans le royaume… Et si c’est la CGEM, c’est parce que deux femmes auront été à la manœuvre : L’ancienne présidente Miriem Bensalah Chaqroun et son ancienne vice-présidente Neila Tazi. Cette dernière est connue pour être la fondatrice et directrice du Festival Gnaoua et Musiques du monde qui se tient chaque année et depuis plus de 20 ans à Essaouira. Elle connaît donc parfaitement les vicissitudes de l’organisation de festivals et les manquements et autres défaillances de la politique de la culture. Elle connaît également l’impact économique et social d’un projet culturel fort à l’échelle d’une ville, et l’impact d’image pour la ville et le pays.

Ce qui manque à la culture, au Maroc, ce ne sont pas les hommes et les femmes, ce n’est ps le talent, ce n’est même pas le manque de fonds (quoique…) ; la culture au Maroc souffre d’un manque de synergies et de cadre. Les activités culturelles restent encore le fait d’initiatives personnelles et d’efforts individuels. D’où la nécessité de disposer d’un PPP qui apportera le travail et le cadre. Hommes et femmes suivront alors…

Sauf que cela risque de rester lettre morte, encore une fois, si la régularité de l’action fait défaut. D’où la présence de Neila Tazi qui se trouve à la confluence du privé et du public, par son travail pour le festival et de par sa fonction de parlementaire de la CGEM. Et aujourd’hui en qualité de présidente du


comité ad-hoc de la FICC.

Qu’est-ce que la FICC ?

Il s’agit de la 33ème fédération membre de la CGEM, créée lors du second mandat de la présidence Bensalah de la CGEM, par une résolution du CA de la Confédération, en date du 31 mars 2017. Trois semaines plus tard, Neila Tazi est proposée à la présidence du comité ad-hoc de cette nouvelle fédération, pour l’organiser et conduire ses premières actions, dans l’attente des élections des instances de la FICC, prévues pour dans quelques mois.

La FICC est née de la volonté de Mme Bensalah et Neila Tazi de soutenir ce secteur qui a trop longtemps été marginalisé, sans vision ni approche globale, privé de coordination intra-ministérielle, sans relais en gouvernance territoriale, en quête d’un toujours introuvable et improbable partenariat public privé pour créer une industrie de la culture, encourager les acteurs à sortir de l’informel, à mieux exposer les besoins. On voit bien que la culture, ce ne sont pas seulement les festivals.

Derrière des festivals, en effet, on croit souvent que la culture est fortement présente, sauf que ces festivals eux-mêmes sont très fragiles.  D’abord, un festival national est en quelque sorte une exposition de créations culturelles ; à ne pas confondre, si on a de l’argent, avec une importation de cultures étrangères, ce qui est bien au demeurant, mais pas très national.

Chez nous, au Maroc, il n’y a bien évidemment pas de budgets suffisants, moins qu’en Tunisie et en Algérie, bien que le secteur de la culture, musicale ou autre, regorge de potentiel en terme de créations de valeur, de richesse, d’emplois pour les jeunes surtout au regard de nos ambitions touristiques. De plus, en ces temps moroses de « sinistrose », on sait bien que la culture est ce qui nous rassemble.

Il est donc positif que cette réunion au ministère ait eu lieu, qu’elle soit la seconde du genre, et qu’elle soit appelée également à s’inscrire dans la régularité. Neila Tazi est une pasionaria de la culture et Mohamed Laaraj est le ministre de la Communication et de la Culture. Avec des membres comme, entre autres, Abdelkader Retnani, Amina Benjelloun, Fihr Kettani, Hassan Benjelloun, Abderrahmane Ouardane ou encore Hicham Abkari, le comité ad-hoc de la CGEM a donc commencé son travail de fond. C’est un bon début, attendons la suite… Salaheddine Mezouar, « diplomate dans l’âme » (ou supposé l’être encore, pour l’avoir été un jour), ne saurait être que convaincu de l’importance de ce secteur pour notre pays et notre diplomatie.

Aziz Boucetta