Vers la fin de la main d’œuvre

Vers la fin de la main d’œuvre

Les robots seront moins chers que la main d’œuvre africaine à partir de 2034, selon l’Overseas Development Institute

L’affrontement homme-machine aura lieu en Afrique comme ailleurs. Une étude publiée le 19 mars par le think tank londonien Overseas Development Institute (ODI) a conclu que le robot remplacera peu à peu l’homme sur ce continent, pour le meilleur et pour le pire.

Dans moins de deux décennies, l’exploitation des robots dans l’industrie manufacturière sera en effet, moins coûteuse que la main d’œuvre humaine sur ce continent ; ce qui risque de provoquer un chômage de masse, d’après cette étude intitulée « L’automatisation et l’avenir de l’industrie en Afrique » (Digitalisation and the future of manufacturing in Africa).

« Certains experts ont suggéré que les pays les plus pauvres ne seront pas affectés par l'automatisation, car ils disposent de moins de fonds à investir dans ce domaine. Nos recherches montrent que cette prévision est trop optimiste : actuellement, le coût de fonctionnement des robots dans l’industrie reste supérieur à celui du travail humain, mais ce ne sera pas le cas dans 15 ans. », souligne Dirk Willem te Velde, directeur du programme de soutien à la transformation économique à ODI.

Les projections du think tank montrent que le coût d'exploitation des robots et des imprimantes 3D dans l’industrie aux États-Unis sera moins élevé que celui de la main d’œuvre kényane en 2034 ! En Ethiopie, les coûts d’exploitation des robots deviendront moins chers que ceux des humains entre 2038 et 2042.

Les auteurs de l’étude notent dans ce cadre « qu’avec l’augmentation des salaires même dans les pays à


faible revenu, l'automatisation peut devenir une option de plus en plus attrayante pour les entreprises nationales, surtout que la robotisation rampante du secteur manufacturier dans les pays développés aura un effet d'entraînement à l'échelle mondiale ».

La robotisation entraînera, d’autre part, un retour vers les pays développés des activités industrielles délocalisées au cours des dernières décennies vers le pays à bas coût, un phénomène connu sous l’appellation du «reshoring» et qui bat déjà son plein aux Etats-Unis. Beaucoup d’avantages comparatifs qui existaient initialement en termes de coûts dans les destinations les plus attractives dans le domaine de l’offshoring vont en effet s’éroder progressivement : l’augmentation des salaires et la flambée des prix de l’essence sont les principaux facteurs qui impacteront la supply-chain en termes de profitabilité et d’agilité.

Pour atténuer les effets néfastes de la robotisation sur les économies du continent, l’ODI recommande aux pays africains de profiter des deux prochaines décennies pour renforcer leurs capacités dans les activités industrielles les moins exposées à l'automatisation telles que la fabrication des aliments et des boissons, le textile-habillement et la transformation des métaux.

Les auteurs du rapport pressent aussi les pays africains d'élargir l'accès à la large bande et de développer les compétences techniques des citoyens par le biais de la formation professionnelle, des centres technologiques et d'une plus grande focalisation sur les matières STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) dans les programmes éducatifs.

«La quatrième révolution industrielle devrait avoir un impact majeur sur l’industrie à l'échelle mondiale. Il est donc vital que les pays africains se préparent à cet avenir numérique.», résume Dirk Willem te Velde.

MN