Réchauffement attendu, mais poussif, des relations entre Rabat et Nouakchott
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- 23 décembre 2017 --
- Maroc
En décembre 2016, les relations entre les deux pays voisins s’étaient brusquement tendues suite aux déclarations de l’ancien secrétaire général de l’Istiqlal Hamid Chabat sur la marocanité de la Mauritanie. Il aura fallu une intervention royale et un voyage à Nouakchott de l’alors chef du gouvernement Abdelilah Benkirane pour atténuer la tension. Huit mois plus tard, Rabat désignait un ambassadeur à Nouakchott, et la Mauritanie vient de faire de même.
Peut-on pour autant parler de réchauffement diplomatique entre les deux pays ? Rien de moins sûr car il est notoire que le tropisme algérien du président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz est plus fort que ses hypothétiques sympathies pour le Maroc. La preuve en est que malgré les contacts entrepris par le roi Mohammed VI pour apaiser les Mauritaniens après les propos de Chabat, il aura fallu plusieurs mois avant que Rabat ne désigne un ambassadeur chez son voisin du sud. Et ce n’est que plusieurs mois après aussi que Nouakchott a appliqué la réciprocité.
Cela faisait 5 ans que la Mauritanie n’avait pas de chef de mission diplomatique à Rabat, et le choix du nouvel ambassadeur est éloquent. En effet,
Mohamed Lemine Ould Aboye connaît bien le Maroc pour y avoir poursuivi ses études en géologie et géochimie et y avoir obtenu plusieurs diplômes, dont un doctorat. Ould Aboye est resté à Rabat de 1985 à 1993. Il a ensuite eu une carrière de ministre puis d’ambassadeur, au Sénégal et au Niger, deux pays importants de la Cédéao, que le Maroc attend d’intégrer depuis juin dernier. Peut-être une coïncidence, peut-être pas… sachant que la Mauritanie a quitté la Cédéao en 2000 et qu’elle demande aujourd’hui à y revenir avec le statut de membre associé.
Le choix de ce diplomate pourrait être considéré comme une faveur faite au Maroc par le très irascible Mohamed Ould Abdelaziz car Ould Aboye connaît bien le royaume et une partie de sa famille y réside toujours. Mais selon certains cercles, la désignation de ce responsable répond à d’autres impératifs, et principalement celui du rapprochement avec les voisins en période préélectorale. Des élections présidentielles sont en effet prévues dans un peu plus d’un an en Mauritanie et le président, fragilisé, souhaite entretenir de bonnes relations avec ses deux puissants voisins septentrionaux, Maroc et Algérie.
AB