Affaire Gdim Izik : verdict et retour sur une affaire qui a secoué l'opinion publique

Affaire Gdim Izik : verdict et retour sur une affaire qui a secoué l'opinion publique

Après plusieurs ajournements et encore plus de rebondissements, le procès des 25 activistes sahraouis poursuivis pour l’assassinat de 11 membres des forces de l’ordre marocaines, lors des évènements du 8 novembre 2010 à Laâyoune, dans le campement dit Gdim Izik, vient de s’achever ce matin à la Cour d'appel à Salé. Le verdict est tombé.

Les condamnations

Si à l’issue du premier procès de 2013 devant un tribunal militaire – et dont la condamnation fut cassée pour cette raison -, les 25 accusés avaient été condamnés à des peines allant de vingt ans de réclusion à la perpétuité, la Chambre criminelle près la Cour d'appel à Salé a livré aujourd’hui son jugement final :   huit personnes sont condamnées à la perpétuité, alors que 3 autres ont écopé de 30 ans de prison ferme. Cinq personnes ont été condamnées à 25 ans de prison et 3 autres à 20 ans.

Des peines les plus légères ont également été prononcées. Six ans et demi de prison pour un accusé, 4 ans pour un autre, alors que deux prévenus ont écopé de deux ans de prison ferme. Cependant, le tribunal a abandonné les poursuites contre certains accusés pour "constitution d’une bande criminelle" afin les poursuivre pour "violences contre les forces publiques lors de l’accomplissement de leur fonction, entraînant des blessures".

Retour sur l’affaire

Pour rappel, le 10 octobre 2010, au camp Gdim Izik, à 12 km à l'est de Laâyoune, chef-lieu de la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia el Hamra, plus de 15.000 personnes se rassemblent dans des tentes et installaient un camp de fortune pour protester contre les discriminations sociales et économiques dont elles se disaient victimes. C’est l’occasion aussi de scander l’indépendance du Sahara et réaffirmer leur volonté d’autodétermination.

La situation se


complique lorsqu’un adolescent de 14 ans, Al-Nagem Al-Qarhi, est tué par la gendarmerie alors qu'il essaie de s'introduire dans le camp.

Le 8 novembre 2010,  3.000 policiers interviennent pour démanteler le campement, et bien que –selon les observateurs de l’ONU –  ils  n’aient pas fait usage d’armes à feu, les affrontements éclatent  lorsque les émeutiers, visages dissimulés, tentent de faucher les forces publiques,  armés de pierres, sabres, bâtons, cocktails Molotov, et bonbonnes de gaz.

Les forces de l’ordre parviennent toutefois à contenir les violences. Mais c’était sans compter sur  l’action en représailles des émeutiers qui « envahissent » la ville de Laâyoune et procèdent à la destruction des biens publics et privés de la ville.

Résultat : 25 militants sont arrêtés en et condamnés en février 2013 par un tribunal militaire à des peines allant de vingt ans de prison à la perpétuité.

Seulement, la réforme de la justice militaire marocaine, menée en juillet 2015, inclut la «suppression de la justice d’exception» qui ne permet plus de faire juger les civils par un tribunal militaire, sauf si les crimes sont commis en temps de guerre.

La condamnation a alors fait l'objet d'une cassation par la Cour du même nom et un nouveau procès, civil cette foisi, s'est ouvert en décembre dernier. Il sera cependant reporté à plusieurs reprises, jusqu’à aujourd’hui matin où la justice dit son mot.

Cela  dit, le Front Polisario, qui continuait jusque-là d’exiger la libération immédiate des prisonniers et demandait que les droits de la défense ne soient pas entravés, annonce l'arrestation aujourd’hui de 19 Marocains pour "trafic de drogue, avec la "complicité de militaires marocains", précise-t-il à toute fin utile.

Une simple coïncidence ? Ou alors une tentative désespérée de faire réagir le Maroc ? Réponse plus tard. ou jamais.

Sahar Mestari