Saâd Lamjarred mis en examen pour viol et violences aggravées, et écroué

Saâd Lamjarred mis en examen pour viol et violences aggravées, et écroué

Saâd Lamjarred a été présenté à la justice hier vendredi en milieu de journée  en vue de l'ouverture d'une information judiciaire pour « viol et violences aggravées » sur une jeune femme de 20 ans. Après une séance marathon de plusieurs heures au tribunal, il a été mis en examen pour les chefs d’inculpation cités, et écroué à la prison de Fleury Mérogis.

Les juges ont donc suivi la requête du parquet pour une détention préventive et l’artiste à succès a passé sa première nuit en prison. Les médias français rapportent les propos d’une source proche de l’enquête : « La victime souffre de lésions traumatiques et est fortement traumatisée. Son récit est tout à fait crédible à ce stade ». L’un de ses avocats parisiens Jean-Marc Fedida, quant à lui, a expliqué que «  ce qui s’est passé cette nuit-là dans cette chambre est ce qui se passe habituellement à cinq heures du matin entre un homme et une femme consentante ».

Mais des premiers éléments de l’enquête indiquent que, circonstance aggravante, Saâd Lamjarred était sous l’emprise d’alcool et de cocaïne au moment des faits. Sur le corps de la fille présumée victime, il a été contesté des traces de coups et de contusions.

L’artiste, qui a dû annuler son concert au Palais des Congrès de Paris ce samedi 29, sera confronté avec son accusatrice en début de semaine, et rencontrera de nouveau le juge des libertés pour être fixé sur l’appel introduit par ses avocats contre sa détention. Mes Brahim Rachidi et Jean-Marc Fedida assurent qu’en cas de libération conditionnelle, Saâd Lamjarred se présentera à toutes les convocations de la justice.

Mais les juges parisiens craignent le contraire, Saâd Lamjarred ayant vécu la même affaire en 2010 aux Etats-Unis. Cette année-là, en effet, il avait été accusé de viol par une jeune femme et la police l’avait là aussi arrêté puis il avait été incarcéré sur l’ordre de la justice. Mais il avait payé sa caution, puis avait quitté les Etats-Unis pour ne jamais plus y revenir. C’est ce qui a inquiété les magistrats français qui l’ont envoyé à Fleury Mérogis (où se trouve le seul survivant des attaques de Paris le 13 novembre, Salah Abdeslam)

Mais pour le cas de l’affaire parisienne du chanteur marocain, il n’en va pas de même au regard de la nouvelle convention de coopération judiciaire. Aux termes de celle-ci, signée en 2015 entre la France et le Maroc, si le ressortissant d’une des parties est accusé sur le sol de l’autre partie de faits délictueux, il appartient à la justice de son pays de le juger, sur la base du dossier remis à sa justice par celle du pays où les faits ont été commis. Ainsi, même si Lamjarred vient au Maroc, il y sera jugé par la justice marocaine, avec possibilité pour la justice française de reprendre l’affaire s’il s’avère que le jugement rendu par son homologue marocaine soit entaché d’irrégularités.

Me Brahim Rachidi avait évoqué l’existence d’ « une machination algérienne ourdie par les ennemis de notre intégrité territoriale », en voulant pour preuve une chanson de Lamjarred sur le « Sahara marocain ». Mais il s’est entretemps rétracté  car cette stratégie de défense n’est pas la meilleure pour convaincre les juges qui examinent les faits, et que cette attitude tendrait à confirmer le viol, même si Lamjarred serait tombé dans un piège.

Il reste cependant à craindre que la justice américaine, tenue informée de l’incarcération de Saâd Lamjarred, demande une extradition du jeune homme pour répondre des faits qui lui ont été reprochés en 2010. Il y risquerait alors 25 ans de prison, alors que les faits pour lesquels il est jugé en France l’exposent à une peine de 15 ans de réclusion.

Prochain rendez-vous, donc, lundi, avec le juge des libertés.