Comment Facebook est devenu hégémonique au Maroc (Jeune Afrique)

Comment Facebook est devenu hégémonique au Maroc (Jeune Afrique)

Plus de quatre ans après les débuts du « Printemps arabe » qui a largement contribué à asseoir Facebook au Maghreb, le réseau social y est plus que jamais incoutourable.

« En Tunisie, Internet se résume à Facebook ». La phrase, prononcée par le journaliste tunisien Malek Khadhraoui, résume bien l'hégémonie de Facebook dans le pays qui a lancé le Printemps arabe en 2011.

Plus largement au Maghreb, aucun concurrent ne semble faire de l'ombre au réseau social de Marc Zuckerberg. De fait, le nombre d'utilisateurs de Facebook ne cesse d'augmenter, comme le montrent les données recensées depuis 2011 par l'Arab social media report.

La Tunisie en pointe                                 

Si l'Égypte compte le plus grand nombre d'utilisateurs Facebook, la Tunisie est en réalité le pays où le réseau social est le plus implanté. Le taux de pénétration du réseau y a toujours été le plus important du Maghreb.

L'hégémonie de Facebook en Tunisie trouve ses racines dans la révolution de 2010-2011, renommée par certains « révolution Facebook ». À l'époque, la montée en puissance du réseau s'explique par la faible couverture médiatique du soulèvement populaire en cours. Passés sous silence par les médias traditionnels, ils avaient en revanche été abondamment relayés par le réseau social.

« Ce rôle joué par Facebook a scellé le lien déjà fort entre les Tunisiens et Facebook », explique le rapport « Panorama des médias » de Laurent Giacobino, publié le 19 mai par CFI, l'agence de coopération média du ministère français des Affaires étrangères. Facebook « représentait en effet l'une des rares fenêtres de liberté d'expression  (...)


pendant les dernières années de la présidence de Ben Ali »
, poursuit le rapport.

« Facebook a quasiment privatisé Internet »

Depuis, le réseau est incoutournable dans le pays. "Facebook a quasiment privatisé Internet en Tunisie", assure le journaliste Malek Khadhraoui. « Lorsqu'une chaîne de télévision diffuse ses vidéos sur Facebook, ses audiences sont beaucoup plus importantes que sur le seul canal télévisé », ajoute le directeur du site tunisien Inkyfada. La classe politique ne s'y est d'ailleurs pas trompée : « les communiqués du gouvernement et des ministères sont d'abord publiés sur Facebook et ensuite sur leurs sites respectifs », poursuit-il.

Si la Tunisie reste le pays le plus accro au réseau, Facebook n'en est pas moins indétronnable dans le reste du Maghreb. En Algérie, où le taux de pénétration d'Internet est parmi le plus faible du monde arabe, le réseau social est, comme en Tunisie, le site le plus consulté du pays... avant même le moteur de recherche Google.

Signe de la vigueur du réseau social, certains médias ont préféré s'y développer, quitte à négliger de développer leur propre site, à l'image des Envoyés spéciaux algériens (ESA), média citoyen. « ESA et quelques autres jouent aujourd’hui un rôle important dans la société algérienne : beaucoup de scoops sont publiés sur ces plateformes, leur influence politique fait qu’on les désigne sous le terme - un peu méprisant - de "parti de Facebook' », décrypte, dans le rapport de CFI, Abderrahmane Semma, rédacteur en chef du pure player Algérie-focus.

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