Le PJD est davantage un parti conservateur qu’islamiste
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- Maroc
Après trois ans d’exercice du pouvoir – au gouvernement du moins – , le PJD d’Abdelilah Benkirane montre qu’il est de moins en moins islamiste et de plus en plus conservateur, selon la formule du constitutionnaliste Mohamed Tozy. Plusieurs raisons à cela.
D’abord, la religion au Maroc est affaire royale. Le chef de l’Etat est en effet Commandeur des croyants, un titre qui lui permet de monopoliser toutes les décisions en matière religieuse et lui procure la légitimité des décisions dans ce champ. Le PJD , après s’être présenté à sa création dans les années 90 comme parti islamiste, a été contraint de reculer sous les coups de boutoir de l’actualité nationale et internationale et aussi des services et de ses adversaires politiques.
A l’épreuve de la politique et des décisions gouvernementales, qui ne laissent que peu de place à la religion, les gens du PJD ont peu à peu découvert deux choses. Que
la société marocaine n’est pas religieuse, tout en étant en partie pieuse, et que toute monopolisation du champ religieux peut l’éloigner de ses électeurs plus qu’elle ne l’en approcherait. De plus, ne pas avoir pu – dans le cas où il l’aurait vraiment voulu, ce qui reste à prouver – se défaire des jeux de hasard et interdire la vente de boissons alcoolisées montre les limites strictement religieuses du PJD.
Mais investir le champ conservateur procure, là aussi, deux avantages au PJD. Ne pas entrer en confrontation avec le palais et saper les fondements de son rival, le parti de l’Istiqlal qui a fait du conservatisme son socle idéologique. Les tensions entre les deux partis sont particulièrement exacerbées depuis l’arrivée de Chabat au secrétariat général de l’Istiqlal.
Et donc, de fait, s’éloigner de la dimension religieuse et opter pour une posture conservatrice est la meilleur manière pour Benkirane de… conserver sa fonction actuelle.
AAB