Le roi Mohammed VI ordonne une enquête sur l’accident ferroviaire près de Tanger

Le roi Mohammed VI ordonne une enquête sur l’accident ferroviaire près de Tanger

Samedi 17 février à l’aube, un train de marchandises a percuté un minibus de transport de personnel, faisant 6 morts et 14 blessés. Le roi Mohammed VI a pris en charge les frais d’inhumation et d’hospitalisation des victimes, mais il a aussi ordonné une enquête approfondie sur les causes du drame. Explications.

Un communiqué du ministère de l’Intérieur publié ce lundi 19 février indique que le chef de l’Etat a donné ses instructions pour la mise en place d’une commission mixte, formée des inspections générales des ministères de l’Intérieur et du Transport. L’objectif est de mener une enquête exhaustive sur le drame, aux fins de déterminer les responsabilités et de prendre les mesures administratives et légales à l’encontre des responsables de l’accident.

Selon le communiqué, « cette commission déterminera les responsabilités et procédera à une révision globale et un examen complet de toutes les mesures relatives à la sécurité des passages à niveau, sachant que (le roi Mohammed VI) avait donné, le 21 mai 2012, ses instructions fermes aux services concernés afin d’assurer toutes les conditions de sécurité pour garantir la circulation sur l’ensemble des passages à niveau à travers le royaume ».

Cette année-là, en 2012, un accident similaire à celui de Tanger s’était produit à Ben Guérir, à 60 km au sud de Marrakech. Cet accident ferroviaire avait fait 4 morts et 16 blessés dont 5 grièvement. Le roi avait réagi en prenant à sa charge les frais d’inhumation et d’hospitalisation, mais il avait aussi donné des instructions pour revoir complètement la stratégie des passages à niveaux, particulièrement meurtriers.

Les accidents aux passages à niveau ont de fait nettement diminué en 2016. Leur nombre est passé, selon l’ONCF, de 47 en 2012 à 4 en 2016, soit une baisse de 90%. A fin 2016, le programme national de sécurisation des traversées de la voie pour la période 2012-2016 a permis la suppression de 166...

passages à niveau (PN) sur 180 prévus et leur remplacement par des ouvrages de franchissement (pont-route, pont-rail,…). Ce programme, doté d’un budget de 1,5 milliard de DH, a aussi permis l’équipement de 205 PN non gardés par des Systèmes d’annonce de fermeture automatique des barrières (Safa) sur les 260 programmés.

Il était également prévu de lancer des campagnes de sensibilisation en direction des usagers des passages à niveaux.

Or, l’accident de samedi, près de Tanger, interpelle au sujet du lancement très prochain de la ligne à grande vitesse Tanger-Casablanca. Interrogé par PanoraPost, un cheminot tangérois a expliqué que « le grand problème consiste à sensibiliser les populations riveraines de la LGV au fait que le train roule très vite et qu’il met bien moins de temps à arriver qu’un train classique, une fois qu’on l’a vu… si on le voit ». En effet, un TGV roule à quelque 300 km/h, contre même pas 100 km/h pour les trains actuels, et ce sont toutes les habitudes des riverains qui doivent être revues.

L’ONCF a lancé un vaste programme d’amélioration de la sécurité sur ses voies et de construction de passages aériens ou souterrains,  et il a également entrepris de sensibiliser les gens. Mais il faudra, manifestement, plus que cela.

Les instructions données par le roi donneront très certainement un nouvel élan à l’ONCF, en vue de la sécurisation des voies et la protection des populations habitants aux alentours des voies. L’Office, qui a été prompt à se laver les mains de toute responsabilité dans l’accident de samedi en appelant « à respecter la signalisation ferroviaire », devra corriger sa copie et déterminer les responsabilités sur son réseau… en répondant à ces questions :

1/ Le passage à niveau état-il gardé ?

2/ La barrière de sécurité était-elle baissée ou non ?

3/ Le train a-t-il signalé son arrivée au passage à niveau ?

4/ A quelle vitesse roulait le train, et pourquoi n’a-t-il pas pu freiner ?

AB

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