Le Maroc comptait sur un soutien franc et massif de la Confédération africaine de football pour sa candidature à l’organisation du Mondial 2026. La FIFA annoncera le 13juin, à Moscou, qui du Maroc ou du trio Mexique/Etats-Unis/Canada aura l’honneur de recevoir les 48 équipes qualifiées pour ce Mondial 2026. A Casablanca, pour l’AG de la CAF, le soutien était mitigé… Quoique.

Le président de la FIFA Gianni Infantino veille au grain. Il insiste pour la neutralité des confédérations continentales quant au choix du/des pays organisateur(s) de cette Coupe du monde. Il a ainsi adressé une récente circulaire de directives aux 211 représentants des fédérations membres qui 

doivent trancher le 13 juin entre le Maroc ou le trio USA-Mexique-Canada. Pour Infantino, ces directives visent à tourner la page d’ « un passé où malheureusement, en ce qui concerne les organisations de mondiaux… il y a eu des questions sur les procédures ».

En clair, cela signifie qu’il ne doit pas y avoir de consignes de votes des confédérations en faveur d’un candidat et au détriment d’un autre. Pour cela, Infantino aurait fait un pressing énorme dans les coulisses, pour que le président de la FRMF, Fouzi Lekjaa, ne prononce pas son discours de présentation du dossier de candidature marocain, dans lequel il devait faire en toute logique la promotion de la candidature de son pays.

Prenant la parole, le président de la CAF Ahmad Ahmad a pourtant dit ces propos : « Je dois à présent aborder un sujet qui nous tient tous à cœur : la candidature du Maroc à l’organisation de la Coupe du Monde de la FIFA en 2026. Et à ce propos, j’aimerai vous rappeler ceci : il y a quelques décennies les pays en voie de développement avaient pris conscience que le seul moyen d’en finir avec le sous développement était de souscrire à la coopération sud-sud (…). Aujourd’hui le Royaume, a fait la démonstration de ses capacités sur plusieurs segments stratégiques. Il a soutenu la CAF à un moment sensible de son histoire, il a aidé et continue d’aider nombre de fédérations nationales africaines, des clubs africains aussi dans leur préparation et plusieurs actions ont été menées conjointement avec des pays africains. Je tiens à remercier la fédération royale marocaine de football et lui redire mon engagement total dans...

l’aventure du Mondial 2026. La démocratie installée au sein de notre Confédération donne toute latitude aux présidents de nos associations nationales mais je les exhorte à retrouver le sens de notre tradition d’unité et de notre culture africaine d’entraide et d’amitié. Je suis le Président des 54 pays membres et je voudrai que mon engagement en faveur de la candidature du Maroc ne souffre d’aucun doute. C’est toute l’Afrique qui est directement concernée par cet engagement marocain. Enfin, il y a une vérité que nous devons placer à la face du monde : en un siècle, notre continent n’a organisé qu’une seule fois la Coupe du Monde de football de la FIFA ».

Il ne manque plus qu’un appel au vote en faveur du Maroc, mais cela le président de la CAF ne peut le faire. On sent donc un soutien assez explicite de la CAF pour la candidature du Maroc, mais on se rappelle aussi de cette phrase prononcée par Gianni Infantino à Dubaï, fin décembre : « Les candidatures conjointes sont assurément de bonnes choses et le fait que le Canada, les États-Unis et le Mexique s'unissent dans un projet commun est un message positif », avant d’ajouter que « la FIFA n’a pas le droit d'imposer de lourdes charges sur un seul pays si un événement peut être organisé dans plusieurs ».

A Casablanca, ce weekend, le même Infantino a accepté de répondre aux questions des journalistes « car je suis quelqu’un de poli. Et si vous voulez tout savoir. Oui, la candidature marocaine me plait ».

Gianni Infantino, en empêchant la CAF de se prononcer clairement et explicitement en faveur du Maroc, essaie de maintenir l’équilibre entre les candidatures. Mais la pression est énorme, car le scandale de la FIFA en 2015avait été éventé par la justice américaine, dans une sorte de proclamation unilatérale de compétence universelle. Et la justice de New York se réserve le droit, elle l’a dit, de poursuivre ses investigations plus en profondeur, plus largement…

AB