Al Hoceima tient à sa manifestation du 20 juillet, malgré l'interdiction

Al Hoceima tient à sa manifestation du 20 juillet, malgré l'interdiction

Mercredi 19 juillet, l’heure affiche 23h15 à Al Hoceima. A la célèbre place Mohammed VI, baptisée place des martyrs par le Hirak, les Houceimis avec leurs enfants remplissent cette place et profitent de l’ambiance estivale.  En cette veille de la manifestation (interdite)  du 20 juillet à Al Hoceima, la ville s’apprête à accueillir ce qui est présenté comme la plus grande marche depuis le début du Hirak. La circulation dans la ville est normale, les passants passent et repassent, d’autres sont attablés aux cafés qui donnent sur la place.

Mais si cette ambiance semble normale, c’est que la ville a appris à vivre avec une présence assez impressionnante des forces de l’ordre et de police dans toute la ville. Bien qu’elles soient moins visibles que durant le ramadan qui a connu les dernières grandes manifestations dans la région,  les autorités sont à chaque coin de rue et à chaque croisement, se mélangent avec les passants et se fondent dans le décor.

C’est que la police et les gendarmes ont été déployés dans d’autres lieux. Dans toutes les entrées d’Al Hoceima, deux barrages, un de gendarmes et l’autre de la police, vérifient qui entre à la ville. Militants, caravanes...

de soutien, journalistes ou simple citoyens, ont dû passer par ces barrages. Ces derniers arrêtent les voyageurs et demandent leur destination. Chaque fois que la destination est Al Hoceima, les gendarmes demandent ensuite l’objet du voyage. Pour les journalistes, c’est le fichage systématique, et pour ceux qui sont venus manifester, saisie de pancartes et de banderoles.

Cette ambiance se passe la veille de la manifestation du 20 juillet très chargée symboliquement. En cette même date en 1921, Abdelkrim El Khattabi avait infligé une défaite à l’armée espagnole lors de la bataille d’Anoual. La date n’a pas été choisie par hasard puisque la figure d’El Khattabi imprègne la région ainsi que les leaders du Hirak, notamment Nasser Zefzafi aujourd’hui emprisonné.

La veille, un enregistrement audio de la figure emblématique de la contestation du Rif avait fuité de la prison, ou du moins a-t-il été présenté comme un enregistrement de Zefzafi. Publié par un site réputé proche de Mohamed Ziane, avocat de Nasser Zefzafi, l’audio adresse un message aux participants à la manifestation du 20 juillet en insistant sur l’importance du caractère pacifique de la marche et la persistance dans la contestation pour les revendications socio-économiques.

D’al Hoceima, Nizar Bennamate

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