Mauvais traitements sur les détenus d’al Hoceima : témoignages accablants (mais non officiels) du CNDH contre les agents de poli

Mauvais traitements sur les détenus d’al Hoceima : témoignages accablants (mais non officiels) du CNDH contre les agents de poli

Suite aux nombreuses arrestations dans les rangs des manifestants à al Hoceima et les villes avoisinantes, fin mai et début juin,, le Conseil national des droits de l’Homme a demandé des expertises sur les personnes interpellées, ayant affirmé avoir été « torturées » lors ou après leur arrestation. Les PV d’examens médicaux sont éloquents.

Le groupe d’Al Hoceima.

Ainsi, le Docteur Abdallah Dami, expert commis par le CNDH, s’est rendu à la prison locale d’al Hoceima pour y examiner les détenus Abdelwahed Kamouni, Wadif Kamouni, Abdelkrim Taarabti et Ilyass Touayouch, tous âgés de 21 à 23 ans . L’équipe médicale n’a pas constaté de traces de coups sur le premier, en dehors d’un état d’angoisse avancé, mais elle a relevé des traces de coups et de mauvais  à traitements sur les autres : lésions, écorchures, douleurs, fractures, ecchymoses, traces…

Le procès-verbal indique que les personnes arrêtées ont été, au moment de leur interpellation, rouées de coups avec les mains et les pieds et parfois avec des objets contondants. Elles ont ensuite signé les PV les concernant sans être informées de leur contenu, sans avoir préalablement bénéficié d’assistance judiciaire. Ce sont, dit le PV, des traces de tortures et de mauvais traitements, certains détenus présentant des signes de détresse psychologique.

De plus, les examens à la prison se sont déroulés en présence de certains effectifs policiers suspects d’être les auteurs des mauvais traitements infligés aux prisonniers.

Le CNDH recommande donc l’ouverture d’une enquête judiciaire approfondie sur ces faits, qui serait conduite par d’autres agents que ceux incriminés, aux fins de s’assurer que les suspects, s’ils sont reconnus coupables, ne resteront pas impunis.

Par la suite, le Dr Dami a examiné onze autres détenus, dont deux ne présentent pas de traces de violence, mais les témoignages des autres sont accablants pour certains agents qui les ont interpellés, avec un acharnement particulier sur Mourad Zefzafi, cousin de Nasser, qui a été rudement interrogé sur le lieu où se trouverait son cousin, recherché depuis le 26 mai et arrêté le 29.

L’équipe du Dr Dami recommande les mêmes mesures que pour les agents ayant arrêté et interrogé le premier groupe de détenus. En effet, le même comportement...

policier est à relever : arrestations musclées, coups infligés à l’arrestation, coups infligés au commissariat, pas d’assistance judiciaire, signature de PV sans les lire, présentation au procureur et placement en détention à la prison locale d’al Hoceima.

On retiendra le prénom récurrent d’un officier de police, Issam, qui insultait tout le monde au commissariat, menaces aussi à l’appui, y compris à l’encontre d’Aymen Fikri, souffrant de leucémie, insulté, humilié (retrait du pantalon), et placé en détention à la prison d’al Hoceima.

Le groupe de Casablanca.

Ces détenus ont été interpellés à al Hoceima, frappés et interrogés lors de leur arrestation, déférés devant le procureur local qui a décidé de leur envoi vers Casablanca, au siège de la Brigade nationale de la police judiciaire.

Rabii Lablak, arrêté à al Hoceima, roué de coups, giflé par ledit Issam, transporté à la BNPJ de Casablanca par hélicoptère, frappé encore, plusieurs jours de suite, présenté au procureur, et écroué à la prison locale d’Aïn Sbaâ. Le tout consigné par le CNDH. Le même traitement a été infligé, de l’aveu même du CNDH, à Bilal Ahbate  et Mahmoud Bouhnouch, arrestation, coups, humiliations et menaces de sévices sexuels, puis incarcération à la prison d’Aïn Sbaâ.

Les 16 détenus du groupe de Casablanca, dont Nasser Zefzafi, ont été arrêtés et traités de la même manière, avec un acharnement particulier, et des insultes à caractères raciste, « fils d’Espagnols » (oulad Sbanyol) et « bghitou dirou dawla dialkoum » (vous voulez créer un Etat à vous)… Nasser Zefzafi s’est fait enfoncer une matraque dans les fesses, par-dessus les vêtements, dans ce qu’il a considéré comme agression sexuelle.

Le CNDH recommande pour tous ces cas l’ouverture d’une enquête judiciaire, avec mention particulière pour le commissaire « Issam ». Mais dans un communiqué publié tard dans la soirée du 3 juillet, le CNDH indique que le document consulté par la presse est interne, et ne porte pas d'avis ni de conclusions définitives du CNDH sur d'éventuelles tortures, cela étant l'apanage de la justice qui devra trancher.

Certes, mais les témoignages sont quand même accablants contre les agents ayant procédé aux arrestations, "concordants" dans les différents témoignages, selon le mot utilisé par les médecins légistes.

A suivre, donc…

AB

 

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