Début de rupture entre l’Istiqlal et Saadeddine El Otmani

Début de rupture entre l’Istiqlal et Saadeddine El Otmani

A l’origine, c’est-à-dire en octobre 2016, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes entre le PJD d’Abdelilah Benkirane et l’Istiqlal de Hamid Chabat. Mais les sorties inconsidérées de ce dernier ont créé un contexte de méfiance et de rejet, et l’Istiqlal s’est retrouvé, de fait, en dehors de la coalition gouvernementale. Avec Saadeddine El Otmani, les choses vont encore plus loin.

Ainsi que les autres formations politiques, l’Istiqlal a été convié par le nouveau chef du gouvernement désigné, et conformément à la décision du Conseil national du 31 décembre, ce sont Mohamed Soussi, Bouameur Taghouane et Hamdi Ould Rachid et non Hamid Chabat qui ont conduit la rencontre avec El Otmani.

Or, le fait de recevoir l’Istiqlal ne signifie nullement que la donne a changé. Les conditions du président du RNI Aziz Akhannouch sont inchangées : le RNI entrera avec ses alliés, dont l’USFP, ou n’entrera pas dans le gouvernement. Et l’Istiqlal restera en dehors de la coalition. Et de fait, le chef du gouvernement a présenté les partis de sa majorité le 25 mars au soir, sans le parti de Chabat.

El Otmani a ensuite essayé de reprendre langue avec les Istiqlaliens, dès dimanche, pour s’assurer de leur soutien parlementaire. Mais il s’est heurté à ce qui ressemble bien à un refus poli. En effet, l’ancien ministre Bouameur Taghouane a répondu aux questions des médias sur cette rencontre prévue dimanche 26 mars : « Mohamed Soussi était à Marrakech, moi-même j’étais hors de Rabat et nous ignorons où se trouvait Hamdi Ould Rachid ». L’explication est poussive...

car si les trois représentants de l’Istiqlal étaient effectivement hors de la capitale, pourquoi n’y sont-ils pas retournés à la convocation du chef du gouvernement ?

Or, on sait, selon l’un des membres du Comité exécutif du parti de l’Istiqlal, que si le congrès a été reporté d’un mois, c’est officiellement en raison de dissensions sur les quotas représentatifs de chaque région, mais officieusement dans l’espoir d’un deus ex machina, en l’occurrence le départ de Benkirane et son remplacement par quelqu’un d’autre. Cela s’est produit et les Istiqlaliens, avec Chabat à leur tête, espéraient un changement de conditions et une entrée de l’Istiqlal au gouvernement. Ce qui aurait sauvé la tête de Hamid Chabat, menacée de chute au congrès, contre son adversaire Nizar Baraka.

Depuis, Chabat n’attend plus rien d’el Otmani, qui lui voue de notoriété publique une forte antipathie, et s’attelle à ressouder les rangs autour de lui, en vue de l’élection du secrétariat général. Samedi, 14 membres sur 27 que compte le Comité exécutif ont signé une motion contre Chabat, mais certains des signataires supposés, comme Bouameur Taghouane, ont démenti avoir apposé leur paraphe sur le document.

Et ce weekend, le Comité exécutif a annoncé la vacance de 4 sièges en son sein, ceux de Taoufiq Hjira (suspendu pour 18 mois), de Kenza el Ghali (ambassadeur au Chili), de Mohamed Ansari (Cour constitutionnelle), et de Mohamed Shimed (absences injustifiées durant un an). Et donc, ce sont quatre autres personnes qui viendront en remplacement des précédentes, aux fins de conforter Chabat dans la direction, du moins jusqu’au prochain congrès.

AB

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