Nouveau camouflet pour Hamid Chabat : la justice donne raison à Karim Ghellab et Yasmina Baddou

Nouveau camouflet pour Hamid Chabat : la justice donne raison à Karim Ghellab et Yasmina Baddou

Les membres du Comité exécutif du parti de l’Istiqlal et anciens ministres Yasmina Baddou et Karim Ghellab ont obtenu satisfaction ce jeudi 23 mars au tribunal administratif de Rabat, concernant leur plainte en référé contre la décision du dernier Conseil national de l’Istiqlal, tenu début mars, de maintenir leur suspension du parti, même avec une réduction de « peine » de 18 à 9 mois.

Une affaire de pieds nickelés, disons-nous dans un précédent article… En effet, l’affaire remonte à décembre dernier et aux propos de Hamid Chabat sur la Mauritanie. Ces déclarations avaient suscité un tollé au sein de la classe politique nationale, et avaient valu à leur auteur Chabat un sérieux recadrage du ministère des Affaires étrangères, lequel recadrage avait été très rudement rejeté par le Comité exécutif de l’Istiqlal, réuni au complet (avec Taoufiq Hjira, Karim Ghellab et Yasmina Baddou). Le tout dans un contexte de formation, voire de gestation, difficile du gouvernement Benkirane… et aussi de préparation du congrès de l’Istiqlal…

Deux jours après, les Hjira, Ghellab et Baddou s’étaient brutalement dissociés du communiqué qu’ils avaient signé, défendant leur secrétaire général. Celui-ci avait colériquement pris le geste et les avait déférés devant la commission de discipline du parti, présidée par un président qui avait fini par démissionner de sa fonction, pour cause de désaccord avec Chabat !

Puis ceux qui restaient dans la commission avaient voté la suspension des trois refuzniks à 18 mois de suspension, les excluant de facto, et par prudence, de toute éventualité de candidature à la fonction « suprême » au sein de leur formation. A l’inverse de  Hjira, président du conseil national, qu’un différend bien plus sérieux, politique, oppose à Chabat,  Ghellab et Baddou  avaient attaqué cette décision devant la tribunal administratif, qui avait rendu son jugement le 3 mars dernier, contestant l’instance qui a prononcé la suspension et la régularité de forme du conseil national du 31 décembre. Las… un autre conseil était prévu pour  ce 4 mars, le lendemain.

Ghellab et Baddou avaient soufflé quelques heures, avaient eu la grâce des...

caméras et des objectifs quelques courts instants avant leur entrée au Conseil national, avaient dit beaucoup de choses aux médias, mais s’étaient entendus dire autant d’autres choses, dans une ambiance très surréaliste pour un parti réputé « sérieux ». Et le conseil se réunit, et vote… leur suspension, mais avec une très généreuse réduction de 50%, soit 9 mois.

Re-plainte devant la justice des infatigables  Ghellab et Baddou, et ce 23 mars, le tribunal leur donne encore raison. Ils pourront donc, à leur grand soulagement, aller au congrès prévu début mai.  Tout l’enjeu est là et c’est pour ça que Karim Ghellab, ancien ministre du Transport et de l’Equipement et ancien président de la Chambre des représentants, l’a triomphalement et avec emphase annoncé sur sa page Facebook.

En effet, ces histoires se déroulent alors que Nizar Baraka, ancien ministre et actuel président du Conseil économique, social et gouvernemental (en plus d’être petit-fils d’Allal el Fassi), prépare sa candidature à l’élection du secrétaire général, contre Chabat. Ghellab et Baddou veulent y être, car c’est toujours utile d’y être.

Et dans cette affaire, Hamid Chabat reçoit un coup supplémentaire de juges bien avertis des procédures internes de l’Istiqlal et remarquablement rapides dans leur décision. Chabat devra bientôt céder aussi, en interne, à l’amendement de l’article 54 des statuts du parti, qui conditionne toute candidature au secrétariat général au fait d’être membre du Comité exécutif. Ce que Nizar Baraka n’est pas, mais ce que Ghellab et Baddou sont. Pour discuter du 54, donc, au comité exécutif, les deux anciens ministres pourront proposer leurs services, d’où l’intérêt d’être là, même un peu cabossé. D’où aussi l’empressement à aller devant la justice pour pouvoir l’être. Et d’où, enfin, le camouflet infligé à Chabat, dans cette passionnante et captivante saga istiqlalienne.

Dans une série à rebondissements mettant en œuvre le secrétaire général du parti de l’Istiqlal Hamid Chabat et son conseil national, d’un côté, Karim Ghellab et Yasmina Baddou de l’autre, et la justice au-dessus de tous, cette dernière vient de débouter une autre fois l’(encore) patron de l’Istiqlal.

Aziz Boucetta

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