Hamid Chabat entendu par la police, mais confiant

Hamid Chabat entendu par la police, mais confiant

Le secrétaire général du parti de l’Istiqlal était convoqué par la police judiciaire de Rabat ce lundi 27 février, suite à une plainte déposée par le ministère de l’Intérieur en raison d’un article mis en ligne sur le site Istiqlal.info le 8 février  et retiré le même jour, évoquant cet « Etat profond dont les méthodes sont de liquider physiquement ses adversaires à Oued Cherrat ». Hamid Chabat a passé deux heures chez  la police et s’est déclaré confiant à la sortie.

Avant leur patron, deux employés du site en question avaient été entendus par les fonctionnaires de police. Il s’agit d’un journaliste et du technicien d’Istiqlal.info. Selon Chabat et la presse de son parti, ils ont nié toute implication de Hamid Chabat dans cet article, pourtant non signé, ce qui implique la responsabilité du propriétaire du site, en l’occurrence le parti de l’Istiqlal, représenté par son secrétaire général.

Ce dernier, à sa sortie, a crié au procès politique, voulant à tout prix depuis quelques semaines se poser en victime du droit, de la démocratie et de la défense du peuple. « L’acte du ministère de l’Intérieur va à l’encontre de la liberté de s’exprimer. J’y vois une manœuvre contre le parti de l’Istiqlal, et cela me renforce dans ma conviction de me représenter à l’élection du secrétaire général en mars », a-t-il déclaré à sa sortie des locaux de la police, arborant un large sourire et le V de la victoire.

L’article paru sur le site du parti en date du 8 février, et intitulé « que veulent-ils du secrétaire général de l’Istiqlal ? », accusait frontalement l’Etat d’être derrière des assassinats politiques…  L’auteur, anonyme, de l’article explique ainsi en substance que  « ceux qui, malheureusement, pensent  tirer les ficelles du jeu politique considèrent qu’il est désormais temps de se débarrasser de Hamid Chabat, ce qui nous renvoie aux méthodes de l’oued Cherrat, une méthode maroco-marocaine immuable de...

se débarrasser de ceux qui nagent à contre-courant (…).  La référence à Oued Cherrat s’explique par les différentes formes de liquidation physique, morale ou sociale d’un individu ; et cela commence par la liquidation physique à Oued Cherrat, puis passe par les redressements fiscaux et l’exhumation d’affaires nauséabondes »…

Ce qui complique l’affaire de Chabat est que fin janvier, invité à une émission sur France24, le patron de l’Istiqlal avait laissé entendre qu’il pourrait mourir prochainement, « de façon naturelle ou non, comme un martyr ou naturellement ». Ayant préparé son « coup », il avait demandé une « demi-minute » en fin d’émission pour dérouler son idée, la commençant par sa volonté de « faire don de ses organes au peuple marocain ».

Pour sa part, le ministère de l’Intérieur avait saisi deux jours après le ministère de la Justice pour lui demander d’ouvrir une enquête préliminaire concernant l’article du site de l’Istiqlal, insistant sur le fait qu’ «  à chaque fois que ce responsable politique, se trouve en situation politique difficile, il adresse ses accusations absurdes dans tous les sens au lieu d’affronter les problématiques posées avec la sagesse requise ». L’allusion à Hamid Chabat est on ne peut plus claire.

L’affaire n’est donc pas close, et aura certainement des suites. Elle doit même en avoir car si ce n’est pas Chabat qui a accusé l’Etat de tuer, qui donc l’a fait ? Et cette personne devra en répondre, soit en donnant des faits, des noms et des victimes, auquel cas des responsables publics devraient être interrogés et même jugés, soit en payant le prix d’accusations gratuites et préjudiciables pour un pays qui construit une image de légitimité et de respect des droits, après des décennies de bafouage  de ces mêmes droits.

Pour certains organes de presse, comme Akhbar Alyoum, cette affaire consiste en un message politique en direction de l’Istiqlal. Chabat est alors présenté comme la victime expiatoire d’un Etat liberticide…

AB

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