Institut CDG: Le décarbonatation comme moyen de lutte contre le réchauffement climatique
La décarbonation est l’une des priorités en matière de politique énergétique au Maroc. Et dans le cadre des actions en vue de décarboner l’économie, le secteur du bâtiment demeure une des sources les plus importantes d’émission de carbone. L’Institut CDG a donc organisé un webinaire le 4 juillet dernier, pour faire intervenir des acteurs et opérateurs spécialisés dans le domaine.
Ainsi, durant près de deux heures, Ghizlaine Nourlil de la CDG, Lamiae Derraji (BERD), Abdellatif Touzani (consultant en efficacité énergétique et énergies renouvelables) et Jose Lopez de l’AFD ont discuté et débattu des enjeux et des impacts de la décarbonation dans les bâtiments.
Qu’est-ce que la décarbonation ? Globalement, cela consiste à substituer les énergies fossiles à forte émission de CO2 (pétrole, charbon, gaz) par des sources d'énergie renouvelables (éolien, hydrogène vert...). Pour cela et dans cet objectif, les organisations et les entreprises s’organisent, changent de modèles et repensent leurs activités en suivant plusieurs étapes : mesurer et comprendre les postes d’émissions, définir la feuille de route adéquate, réduire ses émissions pour, enfin, obtenir un impact positif. Au Maroc, 33,6% de la consommation totale d’énergie finale et plus de 12% des émissions à l’échelle nationale sont imputables au secteur du bâtiment, qui est donc le deuxième secteur le plus énergivore, après le transport.
Il existe un facteur à prendre en compte par toute politique de décarbonation, et c’est le comportement humain. Que les bâtiments à décarboner soient résidentiels ou administratifs, le comportement humain sera important, bien que l’incitation et l’accompagnement sont aussi fondamentaux. Il reste cependant bien des
problèmes à régler comme pour les bâtiments à usage résidentiel, car il faut faire une distinction entre le propriétaire et le locataire ; le premier consent l’investissement, le second moins.
Il est bien évident que la décarbonation, étant un principe nouveau et novateur, nécessite du financement et de l’expertise, et c’est là le rôle et la fonction d’organismes comme la BERD ou l’AFD, qui financent pour des millions d’euros la construction ou l’aménagement de bâtiments « verts », articulés selon plusieurs types de projets, par secteurs, territoires ou même « niches ».
Pour sa part, le Maroc a élaboré une stratégie d’efficacité énergétique aux objectifs chiffrés, par exemple, pour réaliser une économie d’énergie de 30% à l’horizon 2030. Le Maroc n’est pas consommateur massif d’appareils de chauffage et de climatisation mais il utilise l’énergie plus traditionnelle, ce qui conduit à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Pour réduire l’empreinte carbone, il faut travailler sur les économies d’énergie mais aussi et surtout s’atteler à décarboner les bâtiments ou à réduire leurs émissions.
En résumé, la situation d’urgence climatique impose de changer de pratiques dans le secteur, entre autres, du bâtiment. L’enjeu est stratégique et les bailleurs de fonds, aussi impliqués soient-ils, doivent avoir l’assistance de tout l’écosystème, privé ou public. Il est important de renforcer les capacités et de considérer l’absolue nécessité de l’évolution du cadre réglementaire. Au Maroc, les gens restent confiants, mais il faut leur donner les moyens et les encadrer, les sensibiliser, les inciter et les financer.
Lien pour le webinaire : https://www.youtube.com/watch?v=z26APJTqX6I