Une récolte céréalière en forte baisse, stress hydrique et dépendance alimentaire en hausse

Une récolte céréalière en forte baisse, stress hydrique et dépendance alimentaire en hausse

Le ministère de l’Agriculture annonce que la campagne céréalière nationale pour la saison en cours est de 34 millions de quintaux, en rupture nette avec la performance exceptionnelle de la campagne précédente, qui avait culminé à 103 millions de quintaux. L’explication est bien évidemment à chercher dans la pluviométrie de plus en plus faible et dans les réserves hydriques qui s’amenuisent d’année en année.

Ainsi, et pour rappel, la pluviométrie enregistrée à fin mai 2022 s’est inscrite en baisse de 44% par rapport à la moyenne de 30 ans (199 mm contre 355 mm) et une baisse de 34% par rapport à la campagne précédente (303 mm).

La mauvaise pluviométrie est aussi quantitative que qualitative, avec une mauvaise répartition des précipitations dans le temps et dans l’espace. En effet, le tiers des pluies sont tombées entre novembre et décembre et plus de la moitié en mars et avril, ce qui a abouti à un retard de croissance des céréales en janvier et février. Et de fait, précise le ministère de l’Agriculture, 58% des récoltes ont été enregistrées dans les régions de Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kenitra, sachant que les surfaces irriguées n’ont contribué qu’à hauteur de 20,7% de la production totale.

Entre aléas climatiques et pluviométrie en régression rapide, la baisse des réserves des barrages devient alarmante, avec près de 89% par rapport à la moyenne annuelle. En conséquence, le stress hydrique devient préoccupant, avec quelques 650 m3 par personne et par an, contre environ 2.500 m3


au début des années 60. Il est vrai que la population a été multipliée par près de 4 en 60 ans et sans la politique des barrages, la situation aurait été bien plus grave. D’un autre côté, la température moyenne pourrait augmenter de 1,1 à 1,6 °C d’ici à 2030, de 2,3 à 2,9°C en 2050 et de 3,2 à 4, 1 °C en 2080. Les précipitations pourraient quant à elles diminuer de 14 % en 2030, de 13 à 30 % en 2050 et de 21 à 36 % en 2080.

Par ailleurs, en 2020, le Maroc a enregistré un solde déficitaire pour son commerce en produits agricoles, important environ 6,5 milliards de dollars et exportant 4,2 milliards de dollars. Les importations portent principalement sur les céréales, avec 32% des besoins nationaux venant d’Ukraine et 17% de Russie, 33% de France et 14% des Etats-Unis.

Si cette diversification est certes salutaire, il n’en demeure pas moins que près de la moitié des besoins importés viennent d’une zone de guerre, avec des produits de plus en plus rares et des prix en croissance continue.

Les débats portent aujourd’hui sur une réforme structurelle de l’agriculture, afin de sortir ente autres de la dépendance aux subventions publiques. Il s’agira de réduire les productions hydrophages (pastèques, tomates…), de concentrer les cultures céréalières dans le Nord du pays, là où la pluviométrie est plus ou moins régulière et abondante, et d’augmenter les surfaces cultivables pour des cultures d’export.

AB