Camionneurs marocains assassinés au Mali: un attentat imparfait !
Deux chauffeurs de camion marocains ont été tués samedi au Mali par un groupe d'hommes armés. Un troisième a été blessé et un quatrième est indemne.
Les quatre chauffeurs étaient en route vers la capitale Bamako avec leurs camions bien chargés. Un groupe d'hommes masqués cachés derrière des arbres le long de la route a intercepté le cortège et a tiré sur les conducteurs. Les hommes armés ont pris la fuite et n'ont emporté aucun effet avec eux.
Selon la presse malienne, le drame a eu lieu à Didène, à environ 300 kilomètres de la capitale malienne. Le chauffeur de camion blessé a été transporté dans un hôpital local et se trouve dans un état stable. « On parle ici fort probablement d’un acte d’une filiale djihadiste qui commence à s’implanter dans la zone. Cela peut être expliquer par le fait que les assaillants n’ont pas essayé de prendre la marchandise et/ou les biens du chauffeur, donc pas des criminels armés. », a estimé Rida Lyammouri, Senior Fellow au Policy Center, spécialiste en sécurité, et lutte contre l'extrémisme violent en Afrique du Nord et au Sahel,
Le manque de sécurité dans la région du Sahel est depuis longtemps une préoccupation pour le Maroc et d'autres partenaires régionaux qui cherchent à mettre fin aux menaces principalement attribuées aux groupes terroristes tels que Daech et al-Qaida. Qualifiant cette stratégie, M. Lyammouri estime que « Cette tactique est un moyen pour créer de la psychose au sein de ceux qui pratiquent ce trajet, et automatiquement avoir un effet négatif sur différent acteurs économiques. »
Le Sahel, une ceinture de 5 400 kilomètres couvrant la zone de transition entre le Sahara et la savane soudanaise, comprend des parties de la Mauritanie, de l'Algérie, du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Nigeria, du Cameroun, de la République centrafricaine, du Tchad, du Soudan, du Soudan du Sud , l'Érythrée et l'Éthiopie.
Les services de sécurité marocains appellent depuis longtemps à une coalition régionale forte pour faire face aux menaces sécuritaires au Sahel. L'absence d'une coopération régionale efficace favoriserait un climat d'incertitude et d'insécurité.
L'itinéraire est souvent emprunté par les chauffeurs du Maroc et d'autres pays qui transportent des marchandises dans les deux sens.
Le Maroc a fait de l'Afrique une priorité et renforcé les échanges avec les pays du Sahel. Au moins 350 poids lourds traversent la route de Guerguarat qui relie le Maroc à la Mauritanie. Les produits frais et les denrées alimentaires du Maroc sont populaires en Afrique de l'Ouest.
L'attaque est perpétrée par des parties qui sont perturbées par le poids et l'influence croissants du Maroc dans la région. Le chef de la fédération nationale des transports Abdelilah Hafidi a accusé « l'Algérie et ses pantins, le Polisario, de cet attentat terroriste ».
L'objectif derrière cette attaque est d'endiguer la dynamique du commerce marocain avec le reste de l'Afrique, a déclaré Hafidi, notant qu'en raison de la crise, de nombreux chauffeurs routiers marocains optent pour l'Afrique de l'Ouest où les affaires sont en plein essor.
« C'est vrai que les groupes jihadistes évitent de viser la population civile, mais viser les acteurs économiques fait partie de leur tactique de saper les autorités indirectement. », a déclaré le Senior Fellow au PCNS.
Avis partagé par M. Hafidi qui explique que les commanditaires de l'attentat veulent intimider les chauffeurs marocains et les entreprises qui font des affaires en Afrique de l'Ouest et au Mali en particulier. En revanche, il y a une absence de camions algériens sur les routes subsahariennes.
« Dans cette zone frontalière, c’est vrai que les activités des groupes de bandits armés sont récurrentes, mais les dernières années on a observé, selon des sources locales, que des petites brigades affiliées à la branche d’AlQaida, Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn (JNIM), sont devenues visibles », précise Rida Lyammouri,
Contexte régional
Après que le Maroc a mis fin au banditisme du Polisario en sécurisant une fois pour toutes le passage frontalier de Guerguarat avec la Mauritanie, l'Algérie et ses mandataires du Polisario sont restés dans le désarroi alors qu'ils voient le Maroc renforcer son influence dans la région.
Le fait que les assaillants n'aient pas touché le chargement des deux camions conforte l'idée que l'attaque vise à intimider les chauffeurs routiers marocains et à les pousser à réduire ou à éviter les routes terrestres dans la région du Sahel.
Quelques jours avant l'attentat, le ministre algérien des Affaires étrangères s'est rendu à Bamako et y a tenu plusieurs réunions à l'ambassade d'Algérie. Il devient plus clair maintenant que l'Algérie aspire à remplacer la France après le retrait de ses troupes.
Pourtant « le Maroc entretien de bonnes relations économiques et les Maliens dépend beaucoup des produits alimentaires (poissons, légumes, fruits, etc.), et espérons que cela (cette attentat contre les camionneurs marocains, ndlr) ne se répète pas vu l’importance de ces échanges économiques. J’y crois aux autorités Maliennes de prendre les mesures nécessaires pour garantir un passage « safe » pour tous les transporteurs Marocains et ceux d’autres pays voisins de l’Afrique de l’Ouest. », avertit le Senior Fellow au PCNS.
L'Algérie a amendé sa constitution pour permettre à son armée d'intervenir officiellement en dehors de ses frontières. Maintenant, il semble qu'il y ait un accord tacite entre la France et l'Algérie pour avoir des troupes algériennes au Mali pour combattre prétendument des groupes terroristes.
Mais un pays qui n'a pas réussi à sécuriser ses propres territoires peut-il combattre des terroristes dans un pays voisin ? Pire, la connivence de l'Algérie avec les groupes terroristes de la région n'est pas un secret.
Avant l'attaque contre les camionneurs marocains, la Guinée Conakry et son président pro-marocain ont été renversés par un coup d'État le jour même où l'équipe de football marocaine était dans la ville pour affronter l'équipe locale. Le rapatriement de l'escouade marocaine a nécessité une intervention du Roi.
Il y a des mois, un diplomate marocain a été tué au Burkina Faso, et récemment Lamamra s'est rendu à Nouakchott et les médias marocains ont évoqué qu'il avait demandé à la Mauritanie de permettre aux hommes armés du Polisario de traverser pour ouvrir un front contre le Maroc près de Lagouira.
Les visites de Lamamra sont de mauvais augure pour tous les pays qu'il visite. Il a effectué trois visites en Tunisie en un mois pour convaincre le président Kais Saied d'extrader un réfugié bénéficiant de l'asile politique à Tunis.
La nature de cette attaque montre que les incursions du Maroc dans la région déclenchent des réactions marquées par la lâcheté de ses opposants.
Mais ces méthodes n'aideront pas l'Algérie à faire face à sa crise intérieure croissante. Alors qu'il dilapide le reste de ses réserves internationales dans la région, le régime algérien agit comme un État voyou qui n'a rien à offrir à exporter vers ses voisins, si ce n'est l'autocratie et le terrorisme.
Mouhamet Ndiongue