Le confinement a fait baisser l’économie et la criminalité

Le confinement a fait baisser l’économie et la criminalité

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19 dans le monde, le nombre de morts continue d’augmenter. Mais l’épidémie aurait pu être encore plus mortelle si les gouvernements n’avaient pas mis en place les mesures de confinement et de distanciation sociale. Selon des chercheurs, ces règles ont permis d’éviter  de nombreux décès supplémentaire.  Cependant, le confinement qui nous tient à distance de nos proches, nous préserve aussi de la maladie. Il s’y ajoute les difficultés d’un quotidien bouleversé par l’angoisse.

Ceux qui ont connu la quarantaine ou l’isolement parlent d’une série de fardeaux qui font des ravages au sein des familles. La limitation du contact social naturel, l’arrêt d’une routine quotidienne et l’expérience d’un manque de contrôle sur sa vie peuvent être débilitantes et épuisantes.

C’est fini le droit de sortir librement, fini le droit de travailler dehors, spécialement les restaurateurs et autres, qui ne peuvent pratiquement plus travailler du tout. Fini le droit de quitter son pays ou même d’occuper sa résidence secondaire. Fini le droit de se réunir et la liberté d’assister à un culte etc…. et plein d’autre chose.

Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, daté du jeudi 2 avril, la criminalité a baissé de 9% par rapport au mois précédent. Le journal a affirmé que «les meurtres et les vols avec violence ont baissé de 8%, les vols de voitures ont régressé de 7,78%, les vols qualifiés sous la menace de l’arme blanche ont chuté de 21% et les échanges de coups de feu entraînant la mort ont reculé de 11,7%». Le trafic local de drogue a également accusé une importante baisse depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire.

Autre avantage du confinement obligatoire, la réduction du nombre d’accidents de route. En effet, le ministère de l’Intérieur affirme qu’au cours de la semaine du 23 au 29 mars 2020 le nombre d’incidents routiers a fortement baissé. Seules cinq personnes sont mortes pendant cette période, notant que 271 autres ont été blessées, dont 10 grièvement, notant que 218 accidents de la circulation survenus dans le périmètre urbain.

Selon Jawad Kerdoudi d’Ecoactu, les conséquences de la pandémie sur l’économie marocaine sont très difficiles à évaluer, car personne ne sait à quelle date elle prendra fin. Désormais, on peut prévoir une chute drastique du PIB pour l’année 2020. En effet, beaucoup d’entreprises de production et de services sont à l’arrêt total ou partiel. D’autre part, la campagne agricole s’annonce faible du fait d’une pluviométrie insuffisante. Les réserves en devises étrangères vont pâtir de la baisse des exportations, des transferts des Résidents marocains à l’étranger, et des investissements directs étrangers. Certes, le Comité de veille économique a déjà pris des mesures pour aider les entreprises et les travailleurs en difficulté. D’autre part, la Commission spéciale sur le modèle de développement doit également tenir compte des nouveaux


paramètres issus de la pandémie, en donnant la priorité à la santé, l’éducation, l’intégration du secteur informel, et la réduction des inégalités sociales et territoriales.

Selon Abdelfattah Ezzine, Professeur Chercheur, IURS - Université Mohammed V, coordinateur du Réseau Marocain de Sociologie, membre de la chaire Fatéma Mernissi, « dans une société comme la nôtre, peut-être même au niveau international, les familles n'ont pas vécu ce type, de coexistence, dans le domicile familial entre deux ,même parfois au Maroc donc trois générations, c'est les questions qui se posent. Essentiellement, c'est les questions concernant un peu rapport espace personnes, c'est à dire que chacun a son espace privé reconnu en tant que tel ou si, comme on le sait, dans les familles de classe moyenne ou petite classe, même les précaires, parfois les familles sont nombreuses et manque d'espace.

Par exemple, deux frères qui dorment dans la même chambre avec des parents, peut-être même des grands parents qui occupent disant le séjour. Donc, notre société, qui est une société qui ne reconnaît pas l'individualité, l'individu en tant que tel. Aujourd'hui, les membres de la famille se retrouvent confrontés à leur individualité et à l'individualité de l'autre. »

Comment gérer ces individualités ?

Alors, ces individualités sont parfois contradictoires entre un enfant qui veut jouer, un frère qui veut travailler parce que les cours maintenant se fait à distance ou comme un père, où une mère qui veut écouter la télé ou la radio, etc…Ça nous rappelle un peu l'histoire qu'on disait à l'époque où on était petit, celui qui commande, c'est lui qui a la télécommande. Donc, ça, c'est un grand problème. C'est à dire? Comment utiliser cet espace? Comment le partager? Comment reconnaître les individualités dans le cadre peut être d'une perception partagée? Comment gérer les choses? C'est pour ça que parfois, dans les quartiers populaires, les jeunes sont obligés, le soir de sortir de chez eux et se réunir au coin de la rue dès qu'ils entendent la police patrouiller ,chacun fuit chez soi, et ça c'est un grand problème.

Le problème c’est qu’on est habitué à sortir, à rencontrer ses amis, ses copains. Est ce qu'on est bien préparé, bien outillé de rester chez soi pendant toute la période de confinement? Comment on est privé de certaines pratiques qu'on faisait quotidiennes? Par conséquent, on est stressé et énervé, donc, je ne sais pas comment ce stress va être géré, dans le cadre de cette gestion des individualités

 Je pense que le Maroc de l'avant Corona ne sera pas le Maroc d’après le corona. Il y a une révolution silencieuse qui est en train de se faire. J'espère bien qu’on se branche ces émergences ou ces ingrédients du changement et qu'il faut développer dans le futur modèle de développement qu’on est en train de proposer. »

Hind Khalikane (stg)