Algérie : La mobilisation prend des allures de révolution

Algérie : La mobilisation prend des allures de révolution

Trois semaines après le début du mouvement en Algérie contre un cinquième mandat du président Bouteflika et quatre jours après le renoncement de ce dernier à se représenter, des manifestations massives ont eu lieu vendredi à travers tout le pays.

Pour le quatrième vendredi consécutif, les Algériens étaient dans la rue pour contester le pouvoir en place, à l'issue d'une semaine qui a vu le président Abdelaziz Bouteflika reporter l'élection présidentielle en Algérie, proroger son mandat et proposer un plan de réformes aussitôt critiqué.

La police algérienne a annoncé dans la soirée que 75 manifestants avaient été arrêtés et que 11 policiers avaient été blessés.

Le nombre exact de manifestants à Alger est difficile à établir, ni les autorités ni les protestataires ne communiquant de chiffres. Mais la mobilisation est au moins similaire à celle du vendredi précédent, jugée exceptionnelle par les médias et analystes algériens. De leur côté, les correspondants de Reuters ont estimé la participation à des centaines de milliers de personnes dans le centre de la capitale.

Oran, Constantine et Annaba, les deuxième, troisième et quatrième villes du pays ont également été le théâtre de mobilisations très importantes,...

selon des journalistes de médias locaux sur place. Les Algériens ont aussi manifesté dans d'autres cités, selon des images relayées par les réseaux sociaux.

« On voulait des élections sans Boutef, on se retrouve avec Bouteflika sans élections », peut-on lire sur une pancarte à Alger.

Âgé de 82 ans, Abdelaziz Bouteflika est affaibli par les séquelles d'un AVC qui l'empêchent de s'adresser aux Algériens depuis 2013 et rendent ses apparitions publiques rares.

La contestation a été déclenchée le 22 février après la décision du chef de l'État de briguer un cinquième mandat. Face aux manifestations réclamant qu'il renonce à sa candidature, il a finalement repoussé la présidentielle jusqu'à l'issue d'une Conférence nationale devant réformer le pays et élaborer une nouvelle Constitution.

C'est une nouveauté : de nombreuses pancartes à Alger fustigeaient la France, ancienne puissance coloniale, et son président Emmanuel Macron, qui a « salué la décision du président Bouteflika », tout en appelant à une « transition d'une durée raisonnable ».

« C'est le peuple qui choisit, pas la France », proclame une grande banderole. « L'Élysée, stop ! On est en 2019, pas en 1830 », date de la conquête de l'Algérie par la France, rappelle une pancarte.

La rédaction