Le Roi préside la deuxième causerie religieuse du mois de Ramadan
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- 23 mai 2018 --
- Maroc
Le roi Mohammed VI, accompagné du Prince héritier Moulay El Hassan, du Prince Moulay Rachid et du Prince Moulay Ismail, a présidé, mardi à Rabat, la deuxième causerie religieuse du mois de Ramadan.
Cette causerie a été animée par Rohan Ambay, professeur à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar et président de la "Fondation Mohammed VI des oulémas africains", antenne du Sénégal, sous le thème : Les constantes religieuses partagées, un facteur d'unité entre le Maroc et les pays africains, à la lumière du hadith du Prophète Sidna Mohammed, paix et salut de Dieu soient sur Lui : "Les gens de l'ouest (Ahl Al gharb) détiendront la vérité jusqu'à la venue de l'heure".
Le conférencier a mis en exergue, à l’entame de sa causerie, l’importance que revêt la thématique abordée tant pour le royaume du Maroc que pour plusieurs pays africains, liés au Maroc par des liens ancestrales qui datent depuis des siècles et qui se basent sur la religion commune, autant de liens qui constituaient, jadis, le socle de ces rapports, et qui continuent de jouir aujourd’hui de la même vitalité et ardeur. Sous cette rubrique, Pr. Ambay a mis un accent particulier sur la profondeur de ces relations, caractérisées par des liens populaires qui ne sauraient être entamés par des mutations conjoncturelles ou par des choix personnels dictés par des calculs politiques, notant que la religion en tant que telle est un dénominateur commun inébranlable car étant basé sur la vérité, le bien et la vertu conformément au verset du Saint Coran "Allah affermit les Croyants par une parole ferme, dans la vie présente et dans l’au-delà".
Le conférencier s'est attardé à expliquer la signification des constantes, précisant qu’il s’agit, en fait, de choix religieux en matière de foi, de croyance et de comportement spirituel auxquels les Marocains ont souscrit avec les habitants de plusieurs contrées africaines, en particulier dans l’ouest du continent. Il s’agit, en effet, d’un choix libre parmi les jurisprudences des premiers Imams ayant procédé à la déduction des règles religieuses, ajoutant que ces constantes religieuses communes se déclinent en quatre segments : Imarat al Mouminine, le rite Malékite, la doctrine achaârite et le soufisme. A propos de la première constante, l’orateur a relevé que, si chaque peuple africain dispose de sa patrie politique, avec un régime empreint de légitimité et de légalité contemporaines par le truchement de choix et d’élections, les Musulmans qui résident dans chacun de ces pays sont conscients de la symbolique d’Imarat al Mouminine dans l’histoire de l’Islam et sa genèse ancestrale et effective dans celle du royaume du Maroc. L’Institution d’Imarat al Mouminine, a-t-il ajouté, constitue désormais un dénominateur commun symbolique qui ne concerne pas uniquement la vie politique des pays, mais bénéficie d’une importance spirituelle que les Africains ne cessent d’exprimer continuellement, d’autant plus que certains chefs religieux africains ont toujours été soucieux de raffermir les liens avec les rois du Maroc en leur rendant visite.
Le rite Malékite, a-t-il fait remarquer, se distingue par le juste-milieu, la modération, le progrès, le renouvellement, la flexibilité et le pragmatisme, ajoutant que les pays africains sont appelés à appréhender que l’essence même d’une croyance quelconque réside dans la protection des personnes et les prémunir contre la zizanie et la discorde, en particulier dans l'enceinte des Mosquées. Quant à la troisième constante, le conférencier a estimé que le choix de la doctrine Achaârite réside dans le fait que ses adeptes conçoivent que toute personne qui prononce la Chahada est un croyant et partant, il ne peut, en aucun cas, être traité de renégat. Dans ce contexte, il a relevé que ce sont les détracteurs de la doctrine achaârite qui accusent à tort les personnes d’apostasie et les tuent, précisant que les Musulmans sont leurs premières victimes, outre les préjudices qu’ils causent à l’image de la religion musulmane.
Il a fait observer que parler du dogme acharite c'est, en effet, évoquer une école authentique qui a contribué amplement à la prémunition de la croyance islamique conformément aux préceptes sunnites et tel que prêché et préconisé par l’Islam.Pr. Ambay a souligné que l’acharisme a toujours été la doctrine officielle des grands Imams, tels Mâlik ibn Anas, Abou Hanîfa An-Nou'mân, Ash-Shâfi'î et Ahmad Ibn Hanbal. Selon lui, les Marocains ont opté pour l’acharisme comme étant un courant complet qui a cette force de fonder, de persuader et de débattre et qui, plus est, a cette capacité de préserver la quintessence de la croyance. Les Marocains ont également jeté leur dévolu sur l’acharisme eu égard à sa vocation de pondération et de juste-milieu, laquelle vocation, a-t-il dit, dépasse l’interprétation littérale des textes sans pour autant les dépourvoir de leur sens moyennant une lecture et une analyse décalée.
Concernant la quatrième constante, le soufisme en l’occurrence, Pr. Ambay a relevé qu’il a toujours constitué un pan de l’histoire du Maroc et une composante identitaire de la personnalité marocaine au fil des temps. Le soufisme fait toujours office d’un fondement de la vie sociétale au Maroc et un affluent parmi d’autres de la conduite des Marocains, a-t-il ajouté, notant qu’il représente, à ce titre, une des constantes de la Oumma et un référentiel en harmonie avec ses sources sacrées : le Coran et la Sunna. Le conférencier a, dans ce sens, affirmé que le respect des sources religieuses (le Coran et la Sunna) constitue la substance même des courants soufis.
Il s’est, par ailleurs, arrêté sur le rôle qu'a joué le soufisme marocain dans la diffusion de l’Islam, indiquant que l’histoire de l’Afrique subsaharienne en dit long sur cette question, particulièrement le rôle de confréries soufies comme les Tijaniyines, Fadiliyines et Maâniniyines à l’ouest de l’Afrique subsaharienne et celui de l’école ahmadie idrisside et ses branches au Soudan oriental, au service de l’Islam et des Musulmans.Pr. Ambay a, à ce propos, fait état d’une tendance qui régnait pour le soufisme de l’orientation (Irchad), de l’action et du comportement, soulignant que les plus célèbres confréries soufies se le sont approprié, notamment les Tariqas Qadiriya, Chadiliya et Tidjaniya. D’après lui, le modèle religieux marocain, sous ses trois constantes (doctrine, fiqh et soufisme), est prémuni par l’institution d'Imarat al-Mouminine qui garantit la protection et l’immunité de ce modèle modéré qui a conféré au Maroc une stature lui permettant d’accueillir des étudiants subsahariens, en plus des demandes formulées par des pays européens sollicitant des formations au sein de l’Institut Mohammed VI de formation des imams et des morchidines et morchidates qui, selon Pr. Ambay, inculque aux préposés religieux les principes d’une démarche pondérée et de juste milieu, à même de garantir paix et sécurité.
À l'issue de cette causerie, le Roi Mohammed VI a été salué l’ensemble de participants venus des quatre coins du monde en Afrique, en Asie et en Europe
La rédaction