La Hongrie se barricade et refuse de ratifier une déclaration euro-africaine sur la migration

La Hongrie se barricade et refuse de ratifier une déclaration euro-africaine sur la migration

La "déclaration politique de Marrakech", assortie d'un plan d'action, plaide pour une "approche fondée sur les droits de l'Homme", sur la "protection des migrants en situation vulnérable" et sur le développement d'une communication permettant de lutter contre "la xénophobie, le racisme et les discriminations".

Le texte comprend aussi un volet consacré à la lutte contre l'immigration clandestine et l'aide au retour des migrants, points cruciaux pour les Européens qui affrontent une crise migratoire sans précédent.

"Nous devons ensemble sortir de cet engrenage de la mobilité sauvage et inorganisée pour rétablir la confiance dans une migration positive pour nous tous", a souligné le commissaire européen à la Migration Dimitri Avramopoulos.

"Seule une coopération effective (....) peut décourager l'utilisation des routes clandestines et dangereuses", a-t-il dit.

La Hongrie, où le Premier ministre souverainiste Viktor Orban vient d'être réélu, s'est illustrée depuis 2015 par son discours hostile à l'accueil de migrants extra-européens, position qui l'a exposée à plusieurs reprises aux critiques de ses partenaires européens.

La position hongroise "ne diminuera en rien la détermination des autres membres européens" de trouver des réponses communes, a déclaré mercredi Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères.

"La migration est trop riche pour être ramenée à l'immigration irrégulière", a insisté le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita en appelant les pays européens à aller "au-delà du contrôle des frontières et de la lutte contre le trafic de migrants".

La Hongrie réévente « Le mur de Berlin »

Agissant à contre-courant du large consensus qui se dessinait à propos de l’approbation de la déclaration finale, la Hongrie a refusé mercredi de ratifier une déclaration euro-africaine reconnaissant "les avantages des migrations en termes de développement" adoptée lors d'une conférence ministérielle au Maroc réunissant une soixantaine de pays d'Europe et d'Afrique.

La déclaration "dépeint la migration comme un phénomène nécessairement positif et favorable qui contribue au développement global, nous pensons que c'est une approche déséquilibrée et nous la désapprouvons", a déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijarto.

"Notre position est que nous devons nous concentrer sur les moyens de stopper l'immigration illégale et non l'encourager", a-t-il dit lors de cette conférence à Marrakech.

"Nous ne pouvons pas nier que la migration a un aspect sécuritaire


crucial: il est inacceptable que ce soit laissé de côté dans ce document", a-t-il dit en évoquant notamment les attentats qui ont ensanglanté l'Europe ces dernières années.

Le Maroc, qui pilote le dossier migration au sein de l'Union africaine, doit accueillir en décembre une conférence internationale des Nations unies sur la migration qui devrait déboucher sur l'adoption d'un Pacte mondial en cours de discussion.

L’idée du Mur de Berlin est aujourd’hui assimilée à la politique migratoire de certains pays dont la Hongrie, divise idéologiquement le consensus sur une politique migratoire commune proposé par le Maroc. Dans sa réponse à la déclaration proposée, la Hongrie veut appliquer une politique fasciste à l’instar du mur de la honte qu’avait théorisé le maire de Berlin Ouest Willy Brandt en référence à la restriction de la liberté de mouvement. Au demeurant, le refus de prendre à bras le corps la problématique ne fait qu’accentuer le désordre avec la naissance de groupuscule néofasciste comme en France et en Allemagne ce qui pourrait provoquer des précédents très grave dont l’Europe pourrait éviter. Toutefois le faux-fuyant à un débat pour trancher et traiter la question relève d’un courage politique et se doter les moyens de des ambitions au lieu de se parer à un hypocrite soucis sécuritaire.  

"Le gouvernement a décidé de mettre en place des préparatifs pour la construction d'une clôture à la frontière entre la Hongrie et la Roumanie, s'étendant du point de jonction entre les frontières serbe, hongroise et roumaine sur une distance raisonnable", a déclaré ce mardi 15 septembre 2016 Peter Szijjarto, le ministre des Affaires étrangères hongrois.                                                                                          

Cette mesure "est nécessaire étant donné que les passeurs pourraient changer leur route en raison de la clôture existante à la frontière serbo-hongroise", a expliqué le ministre. "Une partie de la pression migratoire pourrait se diriger vers la Roumanie", a-t-il dit

 

Aziz Boucetta