Mhamed Boucetta s’implique dans la crise de l’Istiqlal, réunit les « refuzniks », et cautionne la demande de départ de Chabat

Mhamed Boucetta s’implique dans la crise de l’Istiqlal, réunit les « refuzniks », et cautionne la demande de départ de Chabat

L’ancien secrétaire général de l’Istiqlal (1974-1998), ancien ministre des Affaires étrangères (1976-1982), et actuel membre de la présidence du parti, Mhamed Boucetta, a reçu les « refuzniks » istiqlaliens chez lui, ce lundi 2 janvier, afin de conduire les tractations et la conciliation au sein de sa formation. Mais la conciliation, on l’a compris, ne saurait passer que par l’éviction de Hamid Chabat, qui a déjà mis lui-même un pied en dehors du secrétariat général.

Ils étaient donc tous là, ou presque, de Mhamed Khalifa à Karim Ghellab, de Taoufiq Hjira à Abdelkrim Ghellab (loin de parenté éloigné avec le premier), en passant par Yasmina Baddou et Mohamed Saâd Alami. Tous des anciens ou actuels dirigeants du parti, tous anciens ministres, tous particulièrement remontés contre Chabat, et qui ont décidé de répondre à l’invitation qui leur a été faite par Boucetta pour examiner en profondeur la situation du parti, et tenter d’y remédier. La réunion a duré plusieurs heures… En effet, un Istiqlalien, seul, parle beaucoup, même quand il n’a rien à dire, alors a fortiori quand ils sont plusieurs et qu’ils ont un sujet aussi brûlant à débattre que la personne et la personnalité de Chabat…

A l’origine de la crise, les propos de Hamid Chabat sur la Mauritanie, mais aussi sur les pourparlers d’Aix-les-Bains en France, qui avaient conduit à l’indépendance du Maroc, et sur le palais, et sur les conseillers du roi… Tout cela a exposé le secrétaire général – l’encore secrétaire général devrions-nous dire – Hamid Chabat, le mettant au-devant de la scène et l’excluant, lui et son parti, de facto du prochain gouvernement.

Expliquant les raisons de cette rencontre entre signataires du manifeste contre Hamid Chabat, qui constate l’ « incapacité et l’incompétence » dudit Chabat à continuer de conduire le parti, Mhamed Khalifa a affirmé que « les participants à la rencontre ont analysé la situation du parti durant les quatre dernières années… et ce qu’il faut comprendre par cette réunion est qu’il faut unir le parti et unifier sa parole, pour le placer au-dessus de toute autre considération ». Parmi les autres considérations, on peut trouver, par exemple, la participation ou non


au gouvernement et la personne de Chabat.

« Il a donc été décidé que les gens ici présents contactent les Istiqlaliens partout au Maroc pour leur expliquer le sens et l’objectif de leur manifeste, qui a eu un grand impact, et en premier sur l’état d’esprit de M. Hamid Chabat, qui a présenté une démission aussi partielle qu’opaque. Le manifeste demandait le retrait de ce dernier de la tête de l’Istiqlal  », a ajouté Khalifa… En effet, le secrétaire général du parti s’est désisté de pratiquement toutes ses fonctions, en l’occurrence la gestion directe du parti et la conduite des négociations avec Abdelilah Benkirane. Mais il reste là…

Concernant la décision de déférer Karim Ghellab, Yasmina Baddou et Taoufiq Hjira devant une commission de discipline, Khalifa estime qu’elle n’aurait pas dû être prise du fait des excuses du parti pour les propos de Chabat sur la Mauritanie. Pour Mhamed Khalifa, les trois dirigeants istiqlaliens n’ont fait que reprendre à leur compte ce que le parti a décidé. Propos d’avocat et de plaideur…

En clair, en gros et en vrac, Chabat doit partir, et le plus tôt possible. Puisqu’il a partiellement démissionné de ses fonctions, il serait inspiré de le faire totalement, et même avant le Congrès ordinaire électif qui doit se réunir dans les trois mois qui viennent.

Le problème, que ne soulèvent pas les participants à la réunion chez Boucetta, est l’identité du successeur de Chabat. Karim Ghellab ? Il en a l’envergure et l’expérience, mais peut-être pas la popularité… Hjira ? Il en a aussi les compétences, mais il lui manque ce zeste de courage politique, lui qui s’est enfermé dans un grand mutisme tout au long de ces quatre ans. Yasmina Baddou ? Elle n’en a ni la carrure ni la posture. Adil Douiri ? Trop occupé par ses affaires.  Le problème reste entier. Il faudra sans doute passer à la jeune garde, peu connue du grand public, pour siéger au futur Comité exécutif, comme Adnane Benchekroun, Abdelkader Boukhriss (à droite, sur la photo), ou encore Fouad Douiri, ancien ministre  de l'Energie et des Mines dans le gouvernement Benkirane I... ou, pourquoi pas, Nizar Baraka.

Aziz Boucetta