Benkirane restera encore à la tête du  PJD (vidéo)

Benkirane restera encore à la tête du PJD (vidéo)

… Mais bien malin serait celui qui pourrait dire pour combien de temps. Deux écoles s’opposent, l’une affirmant que le chef du gouvernement et du PJD restera encore en fonction pour un 3ème mandat, décidé à titre exceptionnel par le congrès, et l’autre excluant cette hypothèse. Et les dirigeants du PJD conservent bien le secret de leurs délibérations car, en fait et en réalité, personne n’en sait rien, et tout le monde, ou presque, appelle de ses vœux le maintien en fonction de Benkirane, qui ne semble pas dédaigner la chose.

Le président du Conseil national du PJD Saadeddine Elotmani  avait expliqué à nos confrères de Medias24 qu’un congrès se tiendra à la fin mai pour proroger d’un an toutes les instances du parti, afin de lui permettre de se présenter en ordre serré aux élections du 7 octobre. Mais Elotmani semble écarter la possibilité d’un 3ème mandat de Benkirane à la tête du PJD, les statuts ne prévoyant qu’un mandat, renouvelable une fois.

Les gens du PJD ne savent apparemment pas compter jusqu’à 5… En effet, Benkirane et ses amis, qui savaient bien que des élections générales se tiendraient dans le pays en 2016, avaient quand même organisé leur congrès en juillet 2012, lui fixant par la même occasion une durée de vie jusqu’en juillet 2016. A partir de ce mois donc, les instances du PJD deviendront illégales aux termes des règlements du parti, sauf à proroger institutionnellement les mandats des différentes instances, conseil national et secrétariat général principalement.

Plusieurs voies s’offrent donc au parti :

1/ Aller  au congrès en juillet 2016, sans préparation, avec la perspective de conduire une campagne électorale avec un chef du gouvernement qui n’est plus chef du parti… Ce scénario est écarté ;

2/ Prévoir le prolongement d’un mandat de Benkirane pour un an, jusqu’à la tenue du prochain congrès ordinaire en décembre 2016, qui verra l’élection d’un nouveau chef du PJD, que Benkirane soit encore à la tête du gouvernement en cas de victoire électorale, ou pas ;

3/ Prévoir aussi le prolongement du mandat de Benkirane, mais amender les statuts pour lui permettre un 3ème mandat exceptionnel, ce dont les cadres du parti et de ses instances parallèles (syndicat et MUR essentiellement) ne veulent pas entendre parler.

Benkirane s’y verrait bien…

Mais comme Benkirane avait laissé planer le doute sur son avenir politique lors d’une émission sur Medi1tv fin octobre 2015, ne fermant pas la porte à un 3ème mandat, tous les scénarios restent possibles et envisageables. Le chef du gouvernement avait en effet suggéré une autre possibilité( vidéo ci-dessous, de 3'45 à 7'35)… En effet, au PJD et dans les instances parallèles, personne ne se porte candidat. Ce sont les congrès du PJD, du MUR, de l’UNTM (syndicat) qui adoubent dans un premier tour électif les candidats,


qui acceptent ou non alors leur nomination, avant le second tour qui désigne l’élu.

Or, Benkirane avait dit clairement que « aux termes de nos règlements, il n’y a pas de 3ème mandat, mais si les cadres du PJD veulent changer les statuts, cela les concerne…  Comme disait Si Baha, je ne me présente à rien, mais si on me présente, j’accepte ». La messe semble être dite, si l’on ose dire…

L’homme providentiel

Les dirigeants et les cadres du PJD savent bien que leur force électorale est toute relative, car tributaire d’un seul homme, Abdelilah Benkirane qui, il est vrai, avec sa force oratoire et sa simplicité affichée, reste incontournable pour une victoire de son parti. En dehors de lui, il n’existe pas de chef charismatique capable à soulever les foules et à les attirer massivement vers un vote PJD.

Saadeddine Elotmani est psychiatre, un intellectuel certes bon orateur mais tribun moyen. Mustapha Ramid s’y verrait bien également à son tour, mais son positionnement idéologique et son manque d’écoute, selon un membre du SG du PJD, sont de nature à entraver ses ambitions réelles de devenir chef à la place du chef. Aziz Rabbah est également pressenti pour prendre la pole position, mais le même membre du SG nous révèle qu’il n’en a pas la carrure.

Il ne reste donc plus que Benkirane, mais le maintenir en place comporte plusieurs risques :

1/ Il faut changer les statuts et verser dans l’exception, ce qui relèguera le PJD au rang d’un quelconque parti de la place dont le chef est immuable ;

2/ Cela montrera l'indigence du PJD en cadres capables de prendre la relève et de conduire le parti vers d’autres victoires ;

3/ Maintenir Benkirane le placera en situation d’homme providentiel, tordant le cou aux postures démocratiques dont se prévaut le parti contre ses adversaires ;

4/ En cas de victoire électorale  du PJD, le roi Mohammed VI n’est pas tenu de désigner le chef du parti à la tête du gouvernement, et si tel est le cas, le parti se retrouvera avec à sa tête un personnage désavoué par le palais et en situation précaire dans sa formation car il aura voulu, mais n’a pas été désigné dans ce qu’il voulait.

La réponse, ou plutôt un début de réponse, interviendra lors du congrès extraordinaire qui se tiendra fin mai. Le chef de la commission centrale des élections au sein du PJD, Abdelhaq Arabi, a affirmé pourtant que la question d'un 3ème mandat ne se pose pas, et ne se posera pas. Fort bien, mais qu'en sera-t-il si, lors du vote de nomination des candidats, lors du congrès et quelle que soit sa date, une écrasante majorité des voix des congressistes se porte sur Benkirane ? Personne ne dispose de la réponse à ce cas statutairement non conforme et inédit.